Brandeville, le 17
août 2008
Monsieur Ludovic Lejeune,
Ce me fut un grand honneur de
vous avoir rencontré, en
étudiant vos deux peintures murales, réalisées ici
à Brandeville en 1911. Elles sont donc presque centenaires.
Malheureusement elles n’ont pu endurer, elles non plus, l’usure du
temps.
Heureusement, en bas à droite, on distingue encore
nettement votre signature et la date.
Je me félicite de pouvoir vous rapporter aujourd’hui, à
vous et à tous les Brandevillois aussi, les résultats de
mes recherches. C’est en même temps le compte-rendu des efforts,
nécessaires à restaurer vos peintures que
j’apprécie énormément.
Chaque restauration implique nombre de choix à faire.
Heureusement, plusieurs Brandevillois et nombre d’amis hollandais m’ont
aidé à réaliser la restauration de vos peintures,
ici présentes.
Mon compte-rendu comprend trois parties :
Description des deux tableaux;
Résumé des choix à faire pendant la
restauration ;
Quelques conclusions et appréciations de vos deux peintures
murales.
1. Les deux tableaux
a) Le premier tableau représente un paysage serein :
un jeune homme avec un portfolio impressionnant est assis sous une
tonnelle de verdure, en face d’une jeune fille, habillée d’une
robe magnifique. Lui, il a un regard pensif, la main sous le menton. La
fille, absorbée dans ses réflexions, se penche sur une
broderie qu’elle a dans ses mains élégantes.
Qu’est-ce qu’on peut faire autrement avec les mains quand Amor est
là, si proche?
Le voilà, derrière cette arbre, avec ses flèches
de l’Amour !
Un tableau captivant et gracieux en même temps ! Regardez
l’air magnifique du soir d’été,
le panorama grandiose et l’obscurité du bois
mystérieux !
M. Lejeune : ici vous avez créé un équilibre
parfait de sérénité et de tension artistique !
b) Voilà en face, une tout autre scène : la guerre,
ou plutôt: un champ de bataille.
Il s’agit nettement d’une guerre entre la France et ….. ? Et qui?
C’est un peu difficile à voir
tout de suite ; mais voilà : à gauche c’est la
cavalerie prussienne qui arrive, coiffée de hautes toques
! S’agit-il de la guerre de 1870 ?
À la première ligne de feu : quelques soldats
français, tombés pour la patrie.
En bas de la colline : un soldat français qui,
menacé par les tirs d’artillerie hostile, reprend le tricolore
d’un porte-drapeau qui vient de tomber.
Sur la crête de la colline : d’autres soldats qui viennent
de tomber, portant leur sacoche sur le dos et empoignant toujours leur
fusil.
Le feu, la fumée qui monte des maisons en flammes, les
explosions, les obus qui éclatent :
tous ces détails soulignent les atrocités de la guerre.
Mais ils dirigent nos yeux aussi en haut. Au milieu, on pourrait
distinguer encore à peine une cartouche avec des guirlandes.
Tout porte à croire que cette cartouche veut rendre votre
hommage, monsieur Lejeune,
aux héros de la patrie.
2. Résumé des choix à faire pendant la
restauration
Malheureusement vos peintures ne sont pas restées tout à
fait intactes. Surtout la scène de guerre avait
été gravement endommagée pendant la période
de presqu’un siècle.
Grâce à tant de Brandevillois et grâce à
beaucoup d’amis hollandais, j’ai su restaurer les parties qui
avaient été mutilées d’une façon parfois
méconnaissable.
En 1998 environ on a restauré quelques grands trous et on a
retouché les couleurs, tant bien que mal.
En 2006 des recherches sérieuses ont commencé en
étudiant les positions des combattants pendant la bataille, en
se basant sur les photos, prises avant la première restauration,
et sur la version originale abîmée ou bien cachée.
a) Quelles parties de la bataille ont été
restaurées ou complétées?
(J’espère bien que vous, M. Lejeune, en soyez
content.)
Voici les restaurations :
- quelques détails de l’armée prussienne ;
- les tirs d’artillerie et la maison incendiée ;
- la position du soldat qui reprend le tricolore ; sa tenue
et ses chaussures ;
- les soldats tombés sur la colline, avec leur sacoche sur
le dos ;
- les fumées énormes et les couleurs qui nous
conduisent à la « Gloire »
disparue ;
- plus haut, votre peinture est si abîmée que chaque
restauration serait une altération ;
Deux remarques :
- Dans les Archives (militaires, nationales ou des Beaux-Arts) on
pourrait trouver peut-être plus d’informations en ce qui concerne
ces cartouches d’hommage.
- Serait-il encore possible de trouver une réponse
plausible à la question:
ce détail de la cartouche, est-il
abîmé expressément ? Si oui : quand et
pourquoi ?
b) Voici quelques remarques en ce qui concerne la restauration de votre
autre peinture,
plus idyllique :
- il fallait restaurer le balustrade en bois ainsi que
l’échappée à côté du jeune
homme ;
- c’était urgent aussi de restaurer les mains, les
bottes et le portfolio du jeune homme ;
- Même Cupidon commençait à s’user,
ainsi que la stèle sur laquelle il se dresse ;
- À votre instar, M. Lejeune, moi aussi, j’ai
prêté beaucoup d’attention à la jeune fille ;
son visage, ses mains, le panier et le chapeau m’ont
coûté maintes heures ;
- Les transitions douces de votre palette pour rendre
l’air du soir d’été, ont été
retouchées,
ainsi que les coloris chauds des feuilles d’arbre,
exposées au soleil couchant.
3. Conclusions et appréciations
M. Lejeune, j’espère bien que vous puissiez approuver mes
interprétations restauratrices.
En tant que peintre et votre collègue je tiens à vous
complimenter de votre maîtrise.
Tandis qu’en France, au tournant du vingtième siècle, une
révolution s’annonçait dans le domaine des Beaux-Arts,
déclenchée par Cézanne, Seurat, van Gogh et
Gauguin, vous, vous avez eu une formation selon la grande tradition
française de l‘Académie classique.
C’était votre point de départ artistique, à la
recherche de la Beauté.
a) Votre peinture du jeune couple en est une démonstration
incontestable, aujourd’hui encore. Comment atteindre la
Beauté idéale, artistique?
Écoutons ce que le peintre Ingres nous en dit:
- Il faut une composition frontale et reposante des figures.
Votre composition de plans est évidente. Au
premier plan : le couple et le grand arbre.
Au centre, sur le gazon : la statue de Cupidon.
Et à l’arrière-plan : l’air, composé en
couches horizontales. Le tout est bordé de
deux groupes d’arbres.
- Il faut que les proportions de l’ensemble soient
‘idéales’. Ça veut dire:
basées de préférence sur le principe
du ‘nombre d’or’: 1 : 2 : 3 : 5 : 8 : 13 :
21, etc.
Ce principe , M. Lejeune, vous l’avez mis en pratique,
horizontalement aussi bien que verticalement.
- Aux Pays-Bas la peinture française est célèbre
pour ses lignes nettes en formes, en anatomie et en perspective.
Ces lignes, on les revoit clairement dans votre peinture des deux
personnages, le jeune homme et la jeune fille.
- L’expression minutieuse de la matière, le modelé
et le raccourci sont les caractéristiques saillantes de la
tradition classique.
Votre œuvre, M. Lejeune, témoigne de l’idéal
classique : clarté, équilibre et
sérénité.
b) Revenons à la scène de guerre. Quelle
différence d’ambiance !
La composition remue en deux grandes
directions opposées: vers le bas où se trouve
le porte-drapeau avec le tricolore ; vers le haut qui nous montre la
‘gloire’.
Ça rappelle vraiment le peintre Delacroix.
Le contraste ‘clair – obscur’ et les forts contrastes de coloris
guident nos yeux à travers
votre peinture murale.
Cependant, les formes de cette scène-ci sont plus vagues.
Conséquence : c’est au spectateur de deviner !
Et l’espace est moins délimité. Voilà pourquoi le
spectateur va se demander : qu’est-ce qui se passerait derrière
cette colline ? Et qu’est-ce qui nous attend encore ?
Vos forts raccourcis contribuent à faire ressortir
l’aspect dramatique de cette scène.
Plus que l’autre , cette peinture-ci exprime l’émotion.
M. Lejeune, peintre-décorateur, votre talent m’étonne
vraiment ! Vous avez fait ces deux peintures murales à
l’âge de 24 ans ! Et j’ai entendu dire que votre
frère était sculpteur.
Autrement dit : vous êtes issus, tous les deux, d’un foyer
imprégné de Beaux-Arts !
De tout mon cœur je félicite aujourd’hui la commune de
Brandeville ;
à juste titre elle peut se vanter de vous avoir comme ancien
habitant et artiste.
Que votre œuvre puisse nous ravir longtemps encore !
Je termine cette lettre posthume, adressée à vous, M.
Ludovic Lejeune, et mon exposé, adressé à vous
tous, ici présents, en remerciant ceux qui m’ont invité
à restaurer votre œuvre. Votre œuvre, M. Lejeune; et votre œuvre
maintenant, mes chers Brandevillois.
Ce me fut un grand honneur et un véritable plaisir !
Avec mes sentiments respectueux,
Ad Haans
(traduction en
français : Ton Rooijmans)
Udenhout (Pays-Bas),
le 18 juin 2008
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Udenhout, 18-06-2008
Geachte Heer Ludovic Lejeune,
Het was mij een eer Uw
muurschilderingen in Brandeville te mogen
bestuderen.
U heeft ze gemaakt in 1911. Helaas hebben ze de bijna honderd jaren
niet ongeschonden doorstaan. Uw handtekening en het jaartal zijn
gelukkig rechtsonder te onderscheiden.
Ik wil U en de inwoners van Brandeville verslag doen van mijn
onderzoekingen en beoordelingen. Met de hulp van verschillende mensen
uit Brandeville en die van vrienden
heb ik keuzes gemaakt voor een restauratie.
Mijn verslag bevat drie hoofddelen:
Een beschrijving van de twee voorstellingen
Een samenvatting van de keuzes voor herstel
Enkele conclusies en waarderingen van de werken
1. De voorstellingen.
In een sereen landschap, onder een boom in een prieeltje, zit een
jongeman met een indrukwekkende portfolio tegenover een jongedame in
een prachtige lichte jurk. Hij kijkt nadenkend, zijn hand onder zijn
kin. Zij is in gedachten verzonken boven een borduurwerk in haar
elegante handen. Wat kun je anders met je handen doen wanneer Amor zo
dichtbij is met zijn liefdespijlen, daar achter die boom?
Het is spannend en lieflijk tegelijk: de prachtige zomeravondlucht, het
weidse uitzicht en de geheimzinnigheid van het donkere bos. Een balans
van rust en spanning.
Aan de andere kant is het oorlog. Wij zien een slagveld. Het is
duidelijk een oorlog tussen Frankrijk en ….het was moeilijk te
ontdekken maar daar, links, komt de cavalerie van de Pruisen met hun
hoge mutsen. Is het de oorlog van 1870?
Aan het front zijn verschillende soldaten gevallen voor Frankrijk.
Onder aan de heuvel, tussen de inslagen van artillerievuur neemt een
soldaat de Franse vlag over de gesneuvelde vaandeldrager. Op de
heuvelrand liggen de doden, hun ransel op de rug en het geweer in de
hand geklemd. Het vuur, de rook van brandende huizen, een ontploffing
of inslag van kanonvuur laat het onheil van de oorlog zien.
Rookwolken leiden ons naar boven in het schilderij. Daar was zeker een
hommage afgebeeld voor de helden van het vaderland. Het lijkt erop dat
guirlandes en een cartouche middenin hun eer bewijzen.
2. Samenvatting van de keuzes voor herstel.
Jammer genoeg, Mijnheer Lejeune, zijn Uw schilderingen in de bijna
honderd jaar beschadigd. Het tafereel met de oorlog was er
ernstig aan toe.
Met de hulp van vele mensen uit Brandeville en Nederland hebben
wij beslissingen genomen over het herstellen van soms
onherkenbare onderdelen.
Allereerst is er in1998 (?) een noodrestauratie verricht waarbij grote
gaten gevuld werden en kleuren zo goed mogelijk werden aangevuld.
In 2006 zijn er studies gemaakt van mogelijke en waarschijnlijke
houdingen van de figuren bij de veldslag op basis van foto’s die
vóór de eerste restauratie waren gemaakt en de
schilderingen zelf.
De volgende delen van de veldslag werden aangevuld en – hopelijk naar
Uw tevredenheid – gerestaureerd:
het al genoemde Pruisische leger
de ontploffing van artillerie en de brand bij een huis
de houding van de soldaat die de Franse vlag overneemt, ook zijn
kleding en schoeisel.
De gesneuvelde soldaten met de ransels op hun rug liggend tegen de
heuvel.
De liggende figuren rechtsboven bij het brandende huis.
De enorme rookwolken en de kleuren die leiden naar de verdwenen ‘Gloire’
Daarboven is de schildering zo beschadigd dat herstellen eerder een
nieuwe voorstelling zou inhouden. Het zou interessant zijn om in
archieven te zoeken naar voorbeelden van cartouches die waarschijnlijk
gebruikt werden bij dergelijke hommages. Ook de vraag naar de oorzaak
van de duidelijk opzettelijke beschadiging is wellicht nog te
beantwoorden.
Wat de restauratie van het idyllische tafereel betreft zijn de volgende
punten te noemen:
het houten hek links moest hersteld worden samen met de doorkijk naar
de verte naast de jongeman.
De handen, de broek, de laarzen en de portfolio van de jongeman zelf.
Cupido had wel wat geleden en ook de tombe waarop hij staat.
Het meisje kreeg veel aandacht van mij (en ook van U, mijnheer
Lejeune). Haar gezicht, haar handen, ook het mandje en de hoed met de
lange linten vergden veel tijd.
De zachte overgangen van kleuren in de avondlucht werden bijgewerkt
evenals de warme tinten in de bladeren veroorzaakt door de avondzon.
3. Conclusies en waarderingen
Mijnheer Lejeune, ik hoop dat U de interpretaties kunt goedkeuren.
Als schilder wil ik U graag nog enkele complimenten maken wat betreft
Uw vakmanschap.
Sta mij toe het toe te lichten.
Terwijl in Frankrijk rond de eeuwwisseling naar 1900 een revolutie in
de beeldende kunst werd voorbereid door Cézanne, Seurat, van
Gogh en Gauguin, volgde U een opleiding in de grote franse traditie van
de klassieke Academie. U ging van daar uit op zoek naar het
schoonheidsideaal.
Bij de schildering van het jonge stel is dat duidelijk te zien. Volgens
Pousin en Ingres kon men dat bereiken door:
een rustige frontale opstelling van de figuren, parallel aan het vlak
van de muur. De opbouw in lagen is duidelijk: vooraan het paar en de
grote boom, dan het middenplan met het beeld van Cupido op het grasveld
en daarachter de in horizontale lagen opgebouwde lucht, alles
afgesloten door twee boompartijen.
Ook de verhoudingen binnen dit geheel dienden ‘ídeaal’ te zijn,
het liefst gebaseerd op de ‘gulden snede’ (section d’or) , verhoudingen
zoals 1:2:3:5:8:13:21 etc. Zowel in de horizontale als verticale opbouw
hebt U daar rekening mee gehouden.
De Franse schilderkunst is in Nederland onder meer beroemd om de
heldere lijn in vormen, anatomie en perspectief. Duidelijk is dat te
zien bij de twee figuren.
Aandacht voor stofuitdrukking, modelering en verkortingen zijn typisch
voor de klassieke traditie.
In dit werk hebt U het klassieke ideaal van helderheid, rust en
evenwichtveel aandacht gegeven.
Hoe anders is de sfeer bij de veldslag.
De compositie beweegt in grote stromen: omlaag naar de vaandeldrager
met de Franse vlag en omhoog naar de ‘gloire’.
Kleur en sterke contrasten in licht en donker leiden onze ogen door het
tafereel.
Hier worden de vormen meer vervaagd. Wij krijgen als toeschouwers meer
te raden. De ruimte is minder duidelijk afgebakend. Wat gebeurt er
achter de heuvel? Wat staat ons nog te wachten?
Sterke en bijzondere verkortingen verhogen het drama.
In deze schildering is meer de emotie uitgedrukt in kleur en
lichtbewegingen zoals eerder Delacroix dat deed.
Mijnheer Lejeune, ik verbaas mij over U.
U hebt deze werken gemaakt op 24 jarige leeftijd!
Wat hebt U een talent gehad voor Uw vak als peintre décorateur!
Ik hoorde dat Uw broer beeldhouwer was. Wat moet er thuis een goed
klimaat voor de beeldende kunst zijn geweest!
Ik complimenteer de gemeenschap van Brandeville met U en met uw werk.
Ik hoop dat men er nog lang van zal genieten.
Jan en Marianne en Wim en Nanny dank ik voor de uitnodiging het werk te
restaureren. Het was mij een eer en genoegen.
Met de meeste hoogachting,
Ad Haans
Udenhout (Nederland)
18 juni 2008
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