Jacob Jordaens   Autoportrait

Jacob Jordaens est né à Anvers le 19 mai 1593, mort le 18 octobre 1678. Son père est marchand de serges (draps et toiles), Jacob est l'ainé d'une famille de dix enfants, il est catholique et fait son apprentissage chez Adam van Noort (luthérien) dont il va épouser la fille ainée : Catharina qui lui donnera trois enfants :  Elisabeth (1617), Jacques (1625) et Anne Catherine (1629).  Le roi boit peint vers 1640 le fera connaitre, il deviendra le premier peintre d'Anvers après la mort de Rubens (1640) avec qui il collaborera plusieurs fois. Sept ans avant sa mort,  il se convertit au calvinisme.




Jacob Jordaens : Autoportrait (c.1650)


LE SIÈCLE DE RUBENS - DEUXIÈME EDITION
MUSÉES ROYAUX DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE BRUXELLES
15 octobre - 12 décembre 1965
Jacques Jordaens

Jacques Jordaens est né a Anvers en 1593 et y est mort en 1678. La date précise de sa naissance n'est pas fixée elle est donnée comme le 19 mai 1593, sur le portrait de l'artiste gravé par P. de Jade et publié par J. Meyssens en 1649 (Rooses). Au registre des baptêmes de l'église Notre-Dame d'Anvers, de 1592-1606, son nom figure à la date du 20 mai 1593 (Génard). A l'âge de quatorze ans, en 1607, il est inscrit dans les registres de la corporation des artistes comme apprenti chez Adam van Noort (Rombouts-Lerius). Il est accepté en qualité de maitre en 1615; et, dans le registre d'inscription, son nom est suivi-de la spécification waterscilder, c'est-à-dire : peintre à la détrempe, peintre de cartons de tapisserie (Rombouts-Lerius). A cette époque, il fréquentait l'atelier libre fondé par van Dyck, où avec quelques compagnons, il s'exerçait à des méthodes différentes en peignant des bustes d'hommes dont plusieurs subsistent (van Puyvelde). 11 épouse en 1616 Catherine van Noort, la fille de son maitre (Génard), et à partir de 1618, celui-ci cohabite avec lui (Bushmann). Il eut trois enfants qui figurent souvent dans ses tableaux, dont leur âge aide à dater approximativement les dits tableaux. Elisabeth, baptisée le 26juin 1617, Jacques, le 2 juillet 1623 et Anne-Catherine, le 23 octobre 1629 (Génard). A l'âge de vingt-huit ans, il fut déjà choisi comme doyen de la corporation des artistes, mais il déclina cet honneur, qu'il dut finalement accepter (Rombouts-Lenius): Après avoir reçu l'héritage de ses parents en 1633 et s'être suffisamment enrichi, il fit, k 11 octobre 1639, l'acquisition d'une maison appelée Halle-de-Lierre et aussi Halle de Turnhout, dans la rue Haute, la fit démolir, et construisit une belle demeure, dont la façade arrière et celle de l'arrière-corps subsistent toujours. Pour orner les murs des diverses pièces de cette demeure, il peignit une série des douze Apôtres, une Suzanne et les vieillards, et pour décorer les plafonds, Les signes du Zodiaque et divers sujets mythologiques (van den Branden). Cet artiste mena une vie régulière et active. En 1635, il travailla, comme quantité d'autres artistes, à la décoration des arcs de triomphe et des théâtres, devant décorer les rues et places publiques de la ville à l'occasion de la Joyeuse Entrée du gouverneur-général, l'archiduc Ferdinand. Il fit à cette occasion des tableaux décoratifs d'après les esquisses de Rubens. En collaboration avec Corneille de Vos il exécuta les tableaux devant orner l'arc de triomphe de la rue des Tanneurs; avec Jan Cossiers, il fit des travaux supplémentaires au théâtre érigé près de l'église Saint-Georges, et à celui du Marché au Lait (Génard). Après la réception du prince, Jordaens dut restaurer quelques tableaux de ces décorations passagères qui furent offerts a l'archiduc. Plus tard, Rubens confia aussi à Jordaens l'exécution, d'après ses esquives, de tableaux destinés à la Torre de la Parada, qui firent achevés en 1637-1638 (van Puyvelde). A partir de la mort de Rubens en 1640, Jordaens fut à l'affût de commandes de décoration de grande envergure, il est en rapports avec Balthasar Gerbier pour la décoration du palais de Greenwich (van Puyvelde). Le 21 avril 1648, l'artiste conclut un contrat en vue de l'exécution de trente-cinq tableaux décoratifs pour la reine Christine de Suède (Oud-Holland). En 1651-1652, il produit un tableau immense, Le triomphe de Frédéric-Henri, et quelques autres tableaux pour la décoration de la salle de réception de la maison au Bois, de La Haye. A l'encontre de ce que fit Ruben:, Jordaens s'adjoignit à cette époque plusieurs jeunes peintres, dont nous retrouvons les noms, mais dont aucun n'eut une carrière laissant une trace. Il alla même, dans le contrat pour les tableaux à exécuter en un an pour Christine de Suède, jusqu'à accepter de laisser peindre des tableaux par d'autres, de les retoucher et de les signer. Vers la fin de sa vie, l'artiste devint un adepte fervent du protestantisme. Mais jusqu'en 1655, on continua a lui passer des commandes pour les églises catholiques. L'artiste travailla jusqu'à l'extrême fin de sa vie. Les tableaux, qu'il offrit le 14 août 1665 a la corporation des artistes et qui sont conservés au musée d'Anvers, sont très faibles. Par contre, le tableau, daté de 1663, Le Christ parmi les docteurs, de Mayence, est une oeuvre de valeur. Le 5 juin 1677, Constantin Huygens, secrétaire de la princesse Amélie de Solms, écrit dans son journal (Gessler) qu'il a rendu visite à Jordaens et l'a trouvé dans un fauteuil dans lequel on le transportait et que son esprit n'était plus très clair. L'artiste s'éteignit le 18 octobre 1678 (Génard.).

Bibl. : M. Rooses, Jordaens, 1906, p.2. - P. Génard, in : Messager des Sciences historiques, XX, 1852, p. 210. - Rombouts-Lerius, I, p. 443. - Idem, I, p. 521. - L. van Puyvelde, van Dyck, 2 éd., Bruxelles-Paris 1959, p. 22. - P. Génard, o.c., p. 212.-P. Buschmann, Jordaens, Anvers 1905, pp. 35-36. - P. Génard, o.c., pp. 58, 60. - P. Génard, in: Antwerpsch Archievenblad, VI, pp. 410-411. - Rombouts-Lerius, o.c., if, p. 348. - F. J. Van den Branden, II, p. 350. - P. Génard, o.c., p. 410. - L. van Puyvelde Les Esquisses de Rubens, 2 éd., 851e 1948, pp. 40-43. - L. mm Puyvelde, Jordaens, o.c., p. 10. - OudHolland, XXIV, 1906, p. 179. -J.Gessler,in: Rev.belge d'arch. et d'hist. de l'art, III,1933, p.106.P.Génard,o.cp.221.

Lv.P.



Œuvres
Têtes d'Apôtres, (1610), (Douais)
La Famille du peintre, (1620-1621), (Musée du Prado)
Portrait d'un homme, (1624) (The National Gallery of Art, Washington)
Allégorie de la Fécondité, (vers 1625), (Musées Royaux des Beaux-Arts, Bruxelles)
Les quatre Evangélistes, (vers 1625-30), (Louvre)
L'Enfance de Jupiter (ou Le petit Jupiter nourri par la chèvre Amalthée, (vers 1630), (Louvre)
Saint Martin exorcisant un possédé, (1630), (Musées Royaux des Beaux-Arts, Bruxelles)
 Un piqueur et ses chiens, (1635), Beaux-Arts de Lille
L'Enlèvement d'Europe, (1643), (Beaux-Arts de Lille)
Le repos de Dianes, (1645-55), (Louvre)
Triomphe de Frédéric-Henri d'Orange-Nassau, (1651-1652), salle Maison d'Orange-Nassau, (La Haye)
Le Christ et les Pharisiens, (vers 1660), (Beaux-Arts de Lille)

Grand Chevaux, (Cartons), (Musée de Vienne)
Éducation de Louis XIII, (Cartons)
Louis XIII et le cheval au piquet,
Louis XIII apprend à monter à cheval,
Louis XIII à cheval combattant, (Cartons & tapisserie), (château de Chastellux)
Louis XIII à cheval sautant un obstacle, (Cartons & tapisserie), (château de Chastellux)
Louis XIII à cheval effectuant un saut sur place, (Cartons & tapisserie), (château de Chastellux)
Louis XIII et le cheval au piquet, (Cartons & tapisserie), (château de Chastellux)
Louis XIII sur son cheval marron, (Cartons & tapisserie), (château de Chastellux)
Le Triomphe de la religion, (église paroissiale d'Argentré-du-Plessis)
Le Jugement dernier, (église paroissiale Notre-Dame de Bougival)
Saint Martin exorcisant un possédé, (église de Brandeville)
L'Assomption, (église Saint-Hippolyte, Poligny), copie?
Méléagre et Atalante, (Musée du Prado)
Piéta, (Musée du Prado)
Offrande à Cérès, (Musée du Prado)
Autoportrait avec parents, frères et soeurs (Musée de l'Hermitage, St. Petersburg)
Tête de vieillie femme, (Musée des Beaux-Arts, Nancy)

La détresse de l'enfant prodige, (Beaux-Arts de Lille)
Suzanne et les vieillards, (Beaux-Arts de Lille)
Tribut de Saint-Pierre, (Copenhague)
Le Satyre et le Paysan, (Budapest, Bruxelles, Munich, Göteborg, Cassel Museum...)
Pan et syrinx, (Musées Royaux des Beaux-Arts, Bruxelles)

Saint Martin guérissant un possédé

Ce tableau est le type même d'une grande oeuvre décorative, qui était destinée au maître autel baroque de l'église abbatiale des Bénédictins de Tournai, où G. P. Mensaert et J. B. Descamps l'ont vue au XVIII siècle. Nous avons expliqué ailleurs que le thème de la composition fut probablement fourni l'artiste par les moines. Ils se sont sans doute basés sur le manuscrit de Guibert de Gembloux conservé à la Bibliothèque Royale, de Bruxelles (MS. 5387-5396), qui raconte la vie de saint Martin par Guibert de Gembloux, suivi du récit de quatre miracles de ce saint. Aux feuillets 95 v°-96 r°, il y est écrit que le saint évêque de Tours guérit miraculeusement, dans le diocèse de Cambrai, un jeune possédé Pour donner plus de poids ce récit légendaire, on précise que ce jeune homme était un des serviteurs du proconsul Tetradius, et une gravure de Pierre de Jode, d'après ce tableau, reprend la légende: energumenum Tetradii Proconsularis servum. Nous avons fait observer ailleurs, qu'en vue de remplir la grande surface, qu'imposait la construction monumentale baroque autour de l'autel, l'artiste partagea sa composition en deux registres horizontaux, reliés par le tapis d'Orient. A celui-ci est donné une importance exagérée. Ceci est racheté par le groupement heureux de la partie inférieure sur les marches du péristyle du palais du proconsul: la stature calme et imposante du thaumaturge fait contrepoids au groupe désordonné de ceux qui retiennent l'épileptique. L'effet décoratif de ce grand tableau est rehaussé par des coloris ardents: rouge éclatant du tapis, jaune mordoré de la chape de l'évêque, chairs rougeâtres des personnages, tons rouges et jaunes des vêtements des protagonistes retenant le malade, toutes ces couleurs produisent une symphonie majestueuse. Il subsiste deux modèles, que l'artiste soumit probablement aux moines qui lui commandèrent ce tableau. L'un est au Cabinet des Estampes d'Anvers (aquarelle, 450 x 315 mm) et provient de la collection Habich de Cassel, l'autre, dont la composition se rapproche plus du tableau, appartient au Musée Britannique de Londres (aquarelle, 528 x 330 mm). Dans l'exécution définitive, l'artiste a introduit plus d'ampleur. Un dessin qui représente seulement le malade appartient aux héritiers de M. van Gelder à Bruxelles (craie noire, 325 X 275 mm).

Toile, 432 X 269 cm. Signé et daté, en bas gauche,
sur la seconde marche: I. IORDAENS FECIT A° 1630
Hist: fut enlevé par les Français, de l'abbaye de Tournai en 1796; envoi du gouvernement français, 1811.
Exp. : Bruxelles 1928, n° 36.
Bibl.: G.P. Mensaert, Le Peintre amateur et curieux,II, Bruxelles 1763, p. 77. - J. B. Descamps, Voyage pittoresque de la Flandre et du Brabant, paris 1769, p. 26. - Pour le miracle de saint Martin: voir: H. Delehaye, in : Annalecta Bollandiana, LV, 1937, fasc. 1-2, pp. 29-48. - L. van Puyvelde, Jordaens, Bruxelles-Paris 1953, p. 3.  -

Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique,inv. ,t° 118.
L. v. P.


Comparer les tableaux de Brandeville et celui de Bruxelles