Lettre du curé  Alexandre Ayet  peut-être adressé à M. Jentin de Montmédy

Première page
1° Fontaine était une annexe de Brandeville comme on le voit 1° par la qualité que se donne en 1694 M. Laurent Bernier qui figure sur les registre curé de Brandeville et de Fontaine.
2 Il existe d'ailleurs une croix entre le territoire de Brandeville et de Murvaux appelée la croix Morant, parcequ'un prêtre de ce nom, avant l'époque citée plus haut, y est mort revenant un Dimanche de chanter la première messe à Fontaine;
3° le chemin que suivaient les prêtres de Brandeville pour aller desservir Fontaine porte encore actuellement le nom de la voie du Prêtre dans les plans et cadastres.
4° J'ai d'ailleurs sous les yeux un écrit de 1645 qui marque le revenu en denrées et livres tournois que le curé de Brandeville tirait comme curé de Fontaine.
5° Une partie de Bréhéville, celle qui est en deça du ruisseau était aussi autrefois dans la juridiction  du curé de Brandeville. Par un échange fait entre l'Évèque de Verdun et celui de Rheims (que vous citez) ce n'est pas Salpuits dont il est question plus bas qui fait l'objet de l'échange, Salpuits n'a jamais appartenu à Bréhéville.
Delà les habitants aujourd'hui de Bréhéville jouissent au milieu du quart en réserve de Brandeville de deux coupes de bois, c'est à cette condition temporelle que l'échange a eu lieu, du consentement du seigneur du lieu et de celui de Dun. L'Évêque de Rheims a eu dit-on la Chalade près Clermont  en compensation de ce qu'il était à l'Évèque de Verdun, et le chapitre de la cathédrale de Verdun qui avait droit par Bréhéville payait encore au curé de Brandeville une dîme venant de cet échange, en 1648, selon le même écrit cité plus haut., De plus il y avait une petite ferme appartenant à la cure de Bréhéville.
Vers l'an 1600 Brandeville approchait une population de 800 âmes au moins. Mais elle fut réduite de plus de la moitié par suite des calamités de la guerre et des ravages de la peste qui suivit  l'irruption du désastre vulgairement et simplement traduite et transmise par les ancètres sous le nom de ¿creuvates?  Les alentours du cimetière étaient pendant les jours sinistres un point de réunion des habitants et là, après avoir récité le chapelet et vielle autres prières, les fidèles se séparaient en s'embrassant et se faisant mille adieux et le lendemain a population était décimée par le fléau. En l'an 1668 nous savons dans un vieux carton où il est question d'un dénombrement donné au Roi Très Chrétien le 1er décembre de cette année par Anne d'Alamont, comtesse de Mérode, épouse de Messire Alexandre Théodore de Mérode, que la population commençait à se relever de ces pertes.
Vous avez été très mal renseigné quant à leur posétions sur la Côte St Germain et du coffre dont vous parlez, et que vous marquez comme l'endroit ou était autrefois la petite ville, ancien noyau du village de Brandeville.
Art. la petite ville et la Fontaine
La fontaine l'Ane prend sa source près du bois appelé Holvesse et non près de Milly car nous en sommes éloigné de deux lieues. Dans l'enfoncement  du cercle que forment les deux  mamelons et ou est bâti Brandeville du côté du levant. C'est pas ce courant d'eau qui peut établir les usines dont il est question; la fontaine ne coule jamais très fort, elle n'augmente et ne diminue , elle est au bas de la côte de Salpuit et coule du Midi au Nord dans l'intervalle de  [---]  comme vous le dîtes et se réunit au ruisseau de Bréhéville, ce qu'on appelle alors Braconrupt, et se jette dans la Loison près de Jametz.
Le nom de cette fontaine lui vient d'une borne que vous appelez Milliaire et qui était placé en effet au renflement de terrain; sur cette borne ce trouvait gravée comme un pied d'ane; les habitants l'ont tout couvert de croix, je ne sais par quelle dévotion. Un habitant c'est emparé de cette énorme pierre .../...
première page du manuscrit
Deuxième page
et l'a employée dans la construction de la première huilerie qui se trouve près de la source de cette fontaine , on la voit encore dans cette construction.
La petite ville qui porte encore aujourd'hui le même nom se trouvait et se trouve encore sur le cours du ruisseau de la fontaine l'Ane, à mille mêtres de la source à peu près entre le grand moulin ou moulin seigneurial et Lépinette le dernier moulin, c'est par de cet emplacement que l'on a trouvé une hache en silex et il est couvert de débris de tuilles;  on y a trouvé même un boulet. Voilà l'emplacement de l'ancien village qui n'est séparé du château et de l'église que par quelques jardins. Il y a encore aujoud'hui une quarantaine de maisons qui y sont construites.
Quant à cette pierre creusée que l'on appelle le coffre, il n'a aucune réplique de la construction, cette pierre qui se trouve dans le bois de Murvaux, après la grande forêt chaussé ou à peu près que vous appelez austropierre et qui existait en effet on n'en connait pas l'origine. La contrée porte le nom de la contrée du Coffre. On la conaissait donc avant 1842. Seulement à cette époque les ouvriers la ramenèrent et c'est seulement alors que l'on s'apperçut du creusement, elle avait sans doute été retournée avant. On m'a dit qu'elle avait deux mêtres de long et un mêtre de large, je m'en assurerai, en allant la voir.
Art. Salpuits
Cet enclos très vaste tire son nom d'un puits qui y existait et qui n'a été comblé, comme vous le dites qu'au commencement du siècle; et du mot SAL vieux qualificatif qu'on a donné à St Siméon  stylitte, à cause de la vie vraiment extraordinaire et presque insensée (Baillet) qui veut dire extraordinaire, insensé extravagant. (dict. de Trévoux) parce que ce puits était placé à peu près sur le point le plus élevé du pays était par la même d'une profondeur extraordinaire et qu'on a regardé sans doute comme insensés ceux qui ont fait l'entreprise de le creuser.
D'après la connaissance encore des anciens, la chaine qui servait à tirer l'eau  aurait eu plus de cent mêtres, je pense que cette longueur venait de ce quelle était double, ce qui ferait pour le puits 50 ou 60 mêtres de profondeur. J'ai parlé à un vieillard qui a dit qu'étant jeune il y allait jeter des pierres et qu'elles étaient extrêmement longtemps avant de parvenir dans le fond, après avoir fait  7 ou huit cliquetis différents. Des fouilles très laborieuses qui ont eu lieu autrefois par un amateur ont fait conjecture  que jadis il y avait existé un monastère très important. Des pierres de taille énormes des fragments de pierre artistiquement travaillés, appartenant au style gothique mais le plus ancien, des lits d'ardoise et de charbon et tout espèce de débris de matériaux que l'on y  a rencontré portent l'emprunte du feu, ce qui donne à croire que ce lieu a été le théâtre d'une grande catastrophe.
La première tradition est que ce monastère aurait appartenu à l'ordre des templiers. Après l'abolition de cet ordre sous Philippe le Bel, il aurait passé à l'Abbaye d'Orvaux ou d'Orval, qui y aurait établi une succursale. Quelques anciens nous ont dit que leurs ancètres avaient la tradition qu'autrefois le couvent était considérable; il est vrai , on le voit par le nivellement du terrain, il semblerait même qu'il y ait eu des fortfications.
Mais ce monastère tyrannisé et monstrueusement ravagé par les seigneurs qui habitent Brandeville, Lissey, Damvillers et Jametz, qui se faisaient entre eux une guerre acharnée, les moines quittèrent ce monastère pour se réfugier à Orval leur métropole. Le couvent fut brûlé, comme nous l'avons dit le Gouverneur de Luxembourg essaya de leur faire rendre justice. Mais les moines ne construisirent plus qu'une maison de ferme dont le dernier fermier du nom de Laurin et dont les dépendances existent encore.../...
deuxième page du manuscrit
Dernière page
à Brandeville, paresseux , dit-on, et ne payant plus aucun cens, le monastère d'Orval fit démolir les bâtiments vers 1770 et fit planter en bois toute la dépendance de cette ferme; comme la communauté de Brandeville avait octroyé tout les plants de bois, Orval a fait dont à l'église paroissiale du beau tableau représentant St Martin exorcisant un énergumène, ce tableau richement encadré et de grande dimension, commande l'admiration des plus fins connaisseurs.
À l'époque des désastres révolutionnaires, la propriété de Salpuits, fut, comme tous les biens des ordres religieux, vendue. On arracha une partie du bois planté, on voulut y rebatir un simulacre de ferme qui n'existe même plus dès aujourd'hui. On cultive une partie du terrain; on a cherché à reboiser une autre, mais le sol refuse la végétation, le reste est en friche. On voit encore sous un chêne l'orifice du fameux puits qui semble s'affaisser à mesure que les matériaux tant en bois qu'en pierre qui ont servi à le combler s'affaissent eux-mêmes, on voit aussi l'excavation des caves du bâtiment où l'eau pluviale forme une espèce de marre qui est peu souvent à sec.
Château
Le reste du château des seigneurs de Brandeville ne présente rien de remarquable, deux plaques à feu, dont l'une porte le milésime de 1690 présente un Ange tenant un coeur enflammé au dessus d'un brasier avec  cette inscription ; le feu dessen du ciel et remonte à sa source, il y a deux doubles crois de chaque côté.
L'autre à peu près de la même époque représente les trois vertus théologiales sous l'emblème d'une personne voilée appuyée sur une autre et tenant dans la main un cœur enflamé avec cette inscription ; Ardet [---]  spe [---]  fides. Ce qui atteste des sentiments tout religieux de Madame de Mérode. Il n'y a dans le château ni inscription ni armoirie. Ce château ainsi que le terrain y attenant a été vendu il y a quelques années par les dessendants de Mr de Clermont Tonnere à qui il était échu à cause de Françoise Henriette Marie Louise  de Wasinhac d'Imécourt comtesse de Brandeville, mariée le 23 janvier 1804 à Amédée Marie Marquis de Clermont Tonnere, compte de Torcy, Colonel d'état major de la garde royale. Une partie des bâtiments à été acquise par la commune, qui y a établi la maison d'école des Garçons, l'autre partie appartient  à un particulier. Les pressoirs qui étaient à côté du château au nombre de trois et qui appartenaient au seigneur étaient très anciens et à énormes bascules ; on était obligé d'y faire son vin, ils ont été détruits en 1840 ; trois maisons sont bâties sur l'emplacement. Il y avait encore un four communal, dont la maison existe encore au milieu du village, les caves servaient de prison et tous les instruments de supplice y étaient réunis, les seigneurs ayant les droit de haute, moyenne et basse justice; mais les instruments n'ont dit-on jamais servi tant était douce l'administration des seigneurs qui avaient accordé et obtenu toutes espèces de franchises en faveur des habitants, et avaient donnés des bois à la communauté avec quelques reserve cependant,  qui a été racheté plutard par la commune.
Voilà tout les renseignement que je peux vous donner et qui sont à peu près certains, si vous en désirez d'autres, je ferais d'autres recherches, P.A. Ayet curé de Brand
Vous me permettrez de vous dire que je trouve votre histoire un peu sèche ce qui lui ôterait de la valeur.
dernière page du manuscrit


Remarque : la signature ressemble  à A Ayet, texte serait donc antérieur à 1879.