I-Nom et Etymologie
1° Nom de la commune
en
français : Brandeville
en patois : Brandeville
avant 1789 : Brandeville
pendant la Révolution : Brandeville
2°Étymologie
probable ou certaine :
Brandenburgum
qui vient lui même de Brand (brûler) et de burgum
(broussailles)
3° Sections hameaux ou
écarts qui en dépendent :
1°
Hameau : La petite ville où l'on a trouvé autrefois
des substructions, des lits de cendres et de charbons, un boulet de
pierre, une hache de silex, ce qui fait supposer que ce hameau a
été l'emplacement primitif du village, formé alors
d'un certain nombre de maisons bâties sur un terrain
stigmatisé par le feu.
2°Écarts : Le Grand Moulin autrefois moulin
banal ; l'Huilerie de la fontaine Laane; le moulin de
l'épinette et celui des Aunelles.
3° anciennement la ferme de Salpy, cense de l'abbaye d'Orval et qui
n'existe plus depuis la Révolution, dépendait de la
commune de Brandeville.
II- Géographie
1°Position de la commune
La
commune de Brandeville se trouve à 2°36 de longitude Est et
à 49°23 de latitude Nord. La hauteur moyenne au dessus du
niveau de la mer est comprise entre 202 et 386m. Le village est
situé à 12 km de Damvillers, chef lieu du canton,
à 20 km de Montmédy, chef-lieu d'arrondissement ;
à 87 km de Bar-le-Duc, chef-lieu de département, à
cent cinq kilomètres de Nancy et à 238 km de Paris.
2° Limites et aspect du
territoire
Le
territoire de Brandeville est borné au nord par ceux de Murvaux,
de Louppy-sur-Loison et de Remoiville, à l'est par celui de
Bréhéville, au sud par ce dernier encore et celui de
Fontaine et à l'ouest par celui de Murvaux
déjà cité.
Ce territoire offre un aspect assez varié au midi ainsi qu'au
levant et au couchant, les hauteurs sont couronnées de bois. Le
versant des collines est couvert de haut en bas, de petites garennes,
de vignes et de vergers. Au nord du village, bâti presque au fond
du vallon et entouré d'arbres fruitiers qui le dérobent
aux regards lointains, se trouve une plaine assez vaste qui va en
s'élargissant jusqu'à la limite extrême du
territoire.
3° Orographie
La
partie méridionale du territoire forme un plateau dont
l'altitude est de 386m. Le plateau fait partie de la chaîne des
Ardennes orientales dont deux contreforts à pente rapide
s'avancent l'un à l'est et l'autre à l'ouest du village.
Le raccordement de ses contreforts avec le plateau appelé
vulgairement la Montagne donne à l'ensemble la forme d'un fer
à cheval dont la partie centrale constitue le vallon au fond
duquel est contenu le village. La partie septentrionale forme la plaine
dont il a été parlé d'autre part.
4° Hydrographie
Le
seul cours d'eau qui arrose le territoire est le ruisseau de la
fontaine Laane (Mot qui vient de l'Hebreu Laaet qui veut dire lasser,
fatiguer le sol) formée de la réunion de plusieurs
sources qui prennent naissance sur le versant septentrional des
Ardennes orientales prés du bois appelé Holvesse et la
principale porte le nom de fontaine Laane (et non fontaine l'âne
comme on l'écrit communément dans la localité). Le
régime des eaux est constant et le cours assez important pour
suffire à alimenter deux moulins et une huilerie. Le ruisseau
coule dans la direction du Sud au Nord, il traverse le hameau de la
petite ville, arrose une partie de la prairie et après un
parcours de cinq kilomètres, il se réunit au ruisseau de
Bréhéville pour former le Braconrupt qui va se jeter dans
le Loison en aval de Jametz.
Dans la partie du territoire, dite les aisances communales, on remarque
un certain nombre de noues ou mares dont quelques-unes pourraient avoir
servi autrefois d'abreuvoir, sans doute au temps où cette partie
était réservée à la pâture.
Les fontaines du village, qui sont nombreuses et ne se tarissent
jamais, sont alimentées par plusieurs sources qui prennent
naissance en différents points du flanc des collines.
Il existe dans la rue d'Argonne un puits communal et la plupart des
habitants possèdent dans leurs maisons des puits particuliers.
5° Géologie
Le
sol appartient : 1° à l'étage jurassique moyen,
formation coralienne de l'époque secondaire - oxford-clay
inférieur - oxford-clay moyen, pierres à chaux
hydraulique; 2° à l'étage jurassique supérieur
formation portlandienne de la même époque calcaires
à astardes. Le sous-groupe oolithique forme une couche
très mince entre les deux étages corallien et
portlandien (d'après Mr Jeantin).
Les fossiles les plus courants sont les ammonites. Le sol arable est de
constitution diverse, sur le plateau de la montagne le calcaire domine
et c'est là qu'on rencontre en grande quantité des
pierres à chaux. Les versants des collines sont en grande partie
silicocalcaires, la partie septentrionale du territoire est argileuse
et le sol de la prairie est tourbeux. La végétation est
florissante dans les terrains argileux qui reposent sur le portland,
elle l'est moins dans les terres de la montagne.
6° Climat
Par
sa situation Branndeville jouit d'un climat relativement froid et cela
résulte de ce que la commune n'a rien pour l'abriter des vents
du Nord. Les pluies y sont fréquentes à cause des
hauteurs boisées qui l'entourent. Les orages le sont moins
grâce à la chaîne des Ardennes orientales dont ils
suivent généralement la direction. De plus, ils ne sont
pas très dangereux, et cependant à différentes
époques, il y en a eu de violents. En 1830 une personne a
été tuée par la foudre au lieu dit le Patureau.
Deux années auparavant, le clocher de l'église avait
été complètement détruit par le fluide
électrique, et en 1849 un noyer gigantesque qui passait pour le
plus gros des pays environnants a été incendié par
le même fluide.
Plusieurs fois la grêle a fait des grands ravages,
principalement dans la partie du territoire qui touche à celui
de Bréhéville, ce qui est du sans doute à
l'influence exercée sur la direction des orages par le
contrefort élevé qui s'avance entre Brandeville et
Bréhéville. Disons aussi que c'est sur le territoire de
Brandeville (la Montagne) que s'est formé le cyclone qui en 1887
a causé tant de dégâts dans les bois de
Bréhéville et de Lissey et a presque détruit la
ferme de la Bergerie. Enfin, on trouve sur le plus ancien des registres
de l'état civil la mention suivante :
«l'an 1683, le 12éme jour de may, environ les deux heur
après-minuit, il arriva un grand tramblement de terre dont il y
eu plusieurs persones épouvanté et dura environ deux
heur, dieu nous conserve des maulx dont nous sommes
ménassé» (Jean Francque)
7° faune et flore de la
localité. Bois et Forêts
La
végétation spontanée produit des plantes
variées. On rencontre principalement la violette, la marguerite,
le coquelicot, le chiendent, le pas-d'âne, la reine des bois,
l'arrête-bœuf, la chélidoine dont le suc laiteux passe
pour guérir les verrues, le jonc, le genévrier, etc. On
ne sait pas tirer parti des vertus médicinales de la plupart de
ces plantes.
Le sanglier abonde dans les bois et cause beaucoup de dommage sur le
territoire, pourtant depuis deux ans, il est devenu moins commun. Le
loup y est rare ; néanmoins, une louve pleine a
été tuée le 6 mai dernier. Le chevreuil, le
lièvre, la perdrix, la caille se rencontrent en assez grand
nombre et on trouve aussi quelques blaireaux, quelques martres, etc.
Les différentes essences que possèdent les bois sont en
première ligne : le chêne et le hêtre, viennent
ensuite le charme, le tilleul, le frêne, le tremble, l'aune, etc.
Dans les bois de particuliers, le bouleau et le saule dominent.
Les bois communaux sont divisés en coupes réglées
et exploitées chaque 25 ans pour les coupes affouagères
et chaque 36 ans pour celles du quart en réserve.
8° Population
|
Population
|
Maisons
|
feux
|
En 1789
|
915
|
261
|
273
|
En 1850
|
1127
|
286
|
312
|
En 1860
|
963
|
272
|
294
|
En 1870
|
825
|
256
|
267
|
En 1875
|
795
|
252
|
264
|
En 1881
|
750
|
242
|
260
|
En 1886
|
719
|
230
|
297
|
En 1901
|
628
|
220
|
240
|
En 1905
|
616
|
200
|
220
|
Le
tableau précédent constate la décroissance
continuelle du nombre des habitants depuis 1850. Cette diminution est
due sans doute au choléra de 1854 qui a fait de nombreuses
victimes, mais aussi par l'émigration qui enlève de la
commune ordinairement de mars à octobre : 1° les
cordonniers ambulants qui vont exercer leur industrie dans le Nord de
la France; 2° les ouvriers agricoles qui vont travailler à
la culture maraîchère dans les environs de Paris. Chaque
année par suite des mauvaises récoltes de la vigne,
plusieurs familles abandonnent définitivement Brandeville pour
prendre domicile là où le père avait habitude
d'aller gagner sa vie pendant la belle saison. Cependant, le mouvement
est moins accentué depuis quelques années : c'est
probablement le résultat du malaise général qui
pèse aujourd'hui sur l'industrie. Aussi si la vigne, qui est la
ressource principale de la plupart des habitants, ne
rémunère pas ceux qui la cultivent, il semble que
l'agriculture ait fait quelques progrès, car on voit peu de
terres en friches en comparaison de ce qui existait il y a dix ans.
Les habitations sont construites en pierre, couverte en tuiles,
à un seul étage pour les anciennes, elles sont
très étroites, mais très longues. Cette
disposition est due à ce qu'autrefois les aisances
n'étant pas cultivées ni la montagne ; les
habitants, s'adonnant pour ainsi dire à la seule culture de la
vigne et récoltant peu de grains et de fourrage, n'avaient
guère besoin d'écuries ni de granges. À la suite
du corps de logis se trouvait donc une petite remise, puis la cuverie,
et ce qui existe encore généralement aujourd'hui.
Depuis les quelques habitants qui se livrent à la culture des
terres, ont dû, pour se procurer l'emplacement nécessaire,
agrandir leur maison en achetant les voisines, le cas
échéant, ou bien, comme on le voit pour beaucoup d'entre
eux, acheter des maisons en différents points du village, pour
les convertir en remises.
9° Agriculture
La
superficie totale du territoire est de 1214 hectares six ares
quatre-vingt-quinze centiares. 445 hectares sont affectés
à la culture des céréales et autres farineux
alimentaires. 18 hectares aux cultures potagères et
maraîchères, cinq hectares 75 aux plantes industrielles,
125 hectares aux prairies naturelles, 30 hectares aux prairies
artificielles, 84 hectares à la viticulture. Les bois regroupent
une étendue de 400 hectares et il y a à peine 30 hectares
de friches.
Le territoire étant très morcelé, la science
agricole ne fait aucun progrès et les anciennes méthodes
sont toujours en vigueur. comme instrument agricole on ne voit que la
charrue, la herse et le rouleau. Les batteuses cependant deviennent de
plus en plus nombreuses. La population est essentiellement
ouvrière. Les manœuvres et les petits propriétaires
cultivent encore à la bêche la plupart de leur parcelles
de terre. On peut évaluer à 150 hectares l'étendue
ainsi cultivée.
L'assolement est triennal et la jachère morte encore trop en
usage. Le rendement des céréales est excellent et de
bonne qualité, celui des pommes de terre est abondant, mais
laisse à désirer sous le rapport de la qualité,
enfin celui de la prairie est moyen et d'assez mauvaise qualité.
Quant à celui de la vigne, il est de quantité et de
qualité très varié suivant les années.
Les animaux domestiques relevés dans la localité sont le
cheval, la vache, le porc, la chèvre, le lapin et la volaille.
Leur alimentation consiste principalement en fourrage, avoine et pomme
de terre.
Le gibier est assez abondant et on se livre peu à l'exercice de
la pêche.
Année
|
Céréales
et autres
farineux
Hectolitre |
Cultures
potagères et
maraîchères
|
Cultures
industrielles
Quintaux |
Prairies
naturelles
Quintaux |
Prairies
artificielles
Quintaux |
Vins
Hectolitres
|
1800
|
|
les
statistiques
ne
mentionnent
pas
le
rendement
|
|
|
|
|
1850
|
2357
|
|
|
|
|
1860
|
5204
|
|
|
|
|
1870
|
4930
|
|
|
|
|
1880
|
4945
|
21
|
2758
|
238
|
190
|
1887
|
6477
|
34
|
2520
|
1110
|
672
|
10° Industrie
L'industrie
est peu importante, on voit seulement deux moulins, une huilerie et
deux boulangeries. Il existe sur tout le territoire plusieurs
carrières donnant une pierre à bâtir de bonne
qualité. Enfin, on compte une douzaine de cordonniers
travaillant à façon pour les fabricants de chaussures
d'Ecurey et de Damvillers.
11° Commerce
Le
commerce est peu actif et se borne aux matières essentielles
à la vie. Les grains n'en sont pas l'objet attendu que la
récolte ne suffit pas à la consommation.
Parmi les bestiaux le porc seul est élevé pour la
vente ; les autres ne le sont que pour le travail ou pour leurs
produits.
Le vin est d'un prix très variable depuis la fabrication des
vins de commerce le prix tend cependant à augmenter (39 à
49F l'hectolitre suivant la qualité).
Enfin, on compte dans la localité huit épiceries, deux
marchands de rouenneries et un marchand de chaussures.
Comme voies de communication, il n'y a que des chemins vicinaux qui
sont bien entretenus.
12° administration
communale
La
commune est administrée par un conseil municipal composé
de 12 membres et qui élit dans son sein un maire et un adjoint.
13° Monuments, ruines,
objets rares ou antiquités
L'église
bâtie en 1769 fut bénite en 1770. On y remarque un tableau
représentant Saint Martin exorcisant un possédé.
Le tableau réputé par les connaisseurs comme un
chef-d'œuvre de l'art lui fut donné par l'abbaye d'Orval le jour
de sa consécration. La légende de Saint Hubert se voit
aussi représentée sculptée en relief dans la
façade d'une maison du village.
La mairie date de 1837, c'est un édifice d'une architecture
assez élégante.
Enfin chez les habitants où le culte des,ancêtres est
toujours vivace, on aurait pu trouver il y a vingt ans encore beaucoup
d'objets anciens : meubles, vases, etc., mais les antiquaires qui
se présentent régulièrement, plusieurs fois
l'année, pour racheter ces objets en ont déjà
enlevé une grande partie.
14° Conditions
hygiéniques de la localité.
Les
conditions hygiéniques sont assez bonnes. On ne connaît
aucune maladie endémique. Les maladies épidémiques
sont rares. Néanmons le choléra de 1854 a sévi
violemment. Il est à regretter que les habitants qui ont
maintenant un grand soin de leur habitation paternelle n'en aient pas
autant pour les abords des maisons puisqu'on y constate, comme dans la
plupart des campagnes d'ailleurs, des dépôts de fumier
sous les fenêtres mêmes des habitations.
III HISTOIRE
1° Origine de la Commune
Les
temps préhistoriques, l'antiquité, les Romains, le
moyen-âge, les Temps modernes et l'époque contemporaine.
Occupation allemande, réquisitions, contributions de guerre.
D'après Mr Jeantin, sous la désignation
générale en usage aux temps mérovingiens,
Brandeville est compris dans un territoire mentionné dans le
diplôme impérial de 1086 par les mots : et cutem
quæ dicitur bonum villare. La charte le localise dans la
forêt de Wabre. C'est une curtis tout entière qu'elle
place entre le château construit sur les bois de l'ancienne mes
Lyon devant Dun et le prœdium (bien de campagne) de Peuvillers
s'étendant vers Jamais.
(Extrait de l'ouvrage de Mr Jeantin)
Alors, Brandeville n'était pas en emplacement actuel, ce
n'était pas encore une agrégation de villani,
c'était un bien de campagne (bonum villare), c'était une
curtis créée par le brûlis des bois et par le
dessèchement des bois du courant maritime de Jamais à
Mouzay.
Quelques launi fatiguant le sol autour d'une petite fontaine, tels
furent les premiers habitants. Un des premiers possesseurs connu est
Boniband, un des hommes de fief du comte Boson d'Ardenne
mentionné avec ses voisins, dans la charte de Quincy, de l'an
770. Pendant quelques temps, le village fut connu sous le nom de son
possesseur et appelé sous la dynastie austro-espagnole : Bonum
curtis Bonibrandi.
Le vaste bonum villare de la curtis des launi du comte Boson
dépendait originellement du pays de Trèves et
jaçais à la limite de la Rheinns.
Brandeville ne fut adjoint, il est probable, au ressort spirituel des
prélats Rémois qu'au temps au Saint Lieutwin de
Trèves administrait les deux diocèses.
L'occupation violente de son successeur
(Extrait de l'ouvrage de Mr Jeantin)
perpétue cette possession qui passa de l'état provisoire
à l'état définitif sous l'empereur Othon le grand
et sons les premiers comtes de Chiny.
Au quinzième siècle, Brandevillle se trouva
rattaché à la maison de Brandenbourg, près de
Dickrich par une haute alliance. Après viennent les comtes de
Salm. Sur la fin du seizième siècle Brandeville passa
à Jean III d'Allamont gouverneur de Montmedy au service de
l'Espagne et devint l'apanage de son fils aîné
Théodore 1er grand prévôt de Marche et Bastogne, et
justicier des nobles du duché de Luxembourg.
En 1652 la seigneurie de Brandeville fut érigée en
comté par le roi d'Espagne en faveur de Théodore II petit
fils de Jean III et fils de Jean IV d'Allamont Mallandry et
d'Agnés de Mérode.
Jusque-là le territoire de Brandeville appartenait à
l'Espagne, mais en 1659, par le traité de Pyrénées
il fut rattaché à la France. Il se trouvait alors entre
les mains de Théodore II précité. Les armes du
blason de Brandeville représentaient à cette
époque un ange portant un cœur enflammé, au-dessus d'un
brasier avec ces mots : Le feu descend du ciel et remonte à
sa source : cette allusion à l'origine de Brandeville n'a
pas besoin d'interprétation. Après les d'Allamont, le
comté passa à la famille de Mérodi puis à
celle des Joyeuse-Grand-pré qui s'éteignit en 1727.De
1727 à 1789, l'ancien manoir resta désert et le domaine
fut confié à des admoniateurs qui l'exploitèrent
jusqu'à la Révolution. Le tout a été vendu
par les
descendants du comte de Clermont-Tonnerre, époux en 1804 de dame
Françoise Henriette Marie Louise de Wasinkae Imécourt
comtesse de Brandeville, et l'ancien château a fait place
à une salle d'école et à des habitations de
particuliers. C'est de leurs anciens seigneurs que les habitants de
Brandeville tiennent partie notable de leurs bois et terrains
communaux. Brandeville a subi comme les localités voisines
l'occupation allemande de septembre 1870 à mars 1871. La commune
a été rançonnée par l'ennemi implacable
proportionnellement à sa population qui était alors de
869 habitants.
Le pillage a été exercé sur une assez vaste
échelle. Les contributions de guerre se sont
élevées
à 12000F, les réquisitions à 30000F. La caisse
municipale, assez riche alors, a pris le tout à sa charge.
2° Le livre d'or de la
commune
Personnages
célèbres, bienfaiteurs, actes de dévouement ou
autres dignes d'être relatés.
Comme personnages illustres on peut citer :
1° Grand-Pré Louis comte de Joyeuse, époux de Marie
victoire de Mérode comtesse de Brandeville, mort en 1680
2° Grand-pré Jules comte de Joyeuse, fils du
précédent. il était gouverneur de Stenay et il
mourut le premier mars 1714 au château de Brandeville. Avec lui
s'éteignit l'illustre race de Joyeuse, il est incliné
avec sa mère dans la chapelle seigneuriale des d'Allamont, en
l'église de la ville haute de Montmedy.
3°Instruction
L'instruction
est peu avancée et les illettrés sont encore nombreux. La
langue employée communément est le patois. Dans ce patois
on retrouve les tournures de l'ancienne langue française avec
beaucoup de vieux mots français : (aragne, moult, saoûlt…)
quelques mots tirés du vieux latin (toile d'araignée :
arantellée de arana tela etc.). On rencontre aussi quelques mots
germaniques (une petite ouverture se dit un bouré ou baourette,
de l'Allemand bauer.).
La commune possède une église, une école de
garçons, une école de filles et une école
maternelle.
4° Les usages de la vie
privée et publique.
coutumes
religieuses et autres, reste de superstitions et préjugés
encore vivaces.
L'ameublement est des plus simple et consiste principalement en
chaises, tables et armoires. La seule particularité à
signaler réside dans la construction des tables de cuisine.
À cause de l'exiguïté des appartements, ces tables
sont adaptées aux murs au moyen de charnières, elles
peuvent s'appliquer contre les murs lorsque leur emploi ne se fait pas
sentir, laissant ainsi libre tout l'espace de la pièce. Le
costume n'offre rien de singulier et les repas consistent le plus
souvent en soupe faite de viande de porc et en légumes.
La naissance d'un enfant ou plutôt les cérémonies
de son baptême ainsi qu'un mariage sont toujours l'occasion de
réjouissances, d'un caractère d'ailleurs intime et peu
bruyant. Un enterrement est aussi suivi d'un repas (obit) où
sont réunis les parents du défunt. c'est un reste d'une
coutume très ancienne que la tradition a pieusement
conservée. Avant le repas a généralement lieu une
distribution de pain (adnée) aux pauvres de l'endroit qui ne
manquent jamais de se réunir devant la maison mortuaire.
Il serait difficile de désigner des jeux qui pourraient
caractériser les murs des habitants. Il est vrai qu'on joue
très peu actuellement, et les seuls jeux en usage sont le
billard, les cartes et les quilles.
Il y a quelques années la danse était la principale
récréation des jeunes gens, mais elle tombe dans
l'abandonnement, et le bal n'a plus lieu qu'aux grandes fêtes,
aux mariages et à la mi-carême où la jeunesse se
livre au
divertissement connu sous le nom de (saudées).
Le scepticisme a depuis quelque temps déjà diminué
la ferveur religieuse, néanmoins la dévotion est encore
assez forte chez les femmes qui se rendent assez communément en
différents lieux de pèlerinage tels que Saint Dagobert,
Fontaine, Juvigny, St Valfroy, Benoite-Vaux.
La superstition est encore bien enracinée chez la plupart des
habitants. Sans parler de ceux qui persistent à croire à
l'existence des sorciers, beaucoup se font soigner, en cas
d'indisposition, par des individus qui se servent de pratiques
cabalistiques. Et combien est grand le nombre de ceux qui croient
à la vertu néfaste du vendredi, du nombre 13, de la vue
d'une araignée, du cri d'une chouette, de la rencontre d'une
femme dés le matin, etc., etc.
5° légendes
Il
a été dit que les gens du pays au lieu d'écrire
fontaine Laane, écrivent communément fontaine
l'âne. Une légende prétend en effet que ce nom
provient d'une grosse pierre qui se trouvait à la source
même et qui a servi à la fondation de l'huilerie. Sur
cette pierre, on croyait voir gravé le pied d'un âne, et
la foi simple et naïve des habitants prétendait que cet
âne était le même que celui qui porta la Vierge
Marie dans sa fuite en Égypte. Arrivée à cet
endroit et souffrant de la soif, la mère du Sauveur appliqua ses
cinq doigts dans un creux de la pierre et il en jaillit
immédiatement cinq gros bouillons d'eau claire. La pierre
miraculeusement empreinte fut longtemps couverte de croix.
Appendice
Sur
le registre de l'état civil se trouve relaté le fait qui
suit :
«L'an 1677, le dernier jour de juillet, il arriva à Jamet
et à Louppy une puissante armée d'allemant contenant
quattre vingt ou cent mil bouche, lesquels venant d'Allemaigne ont
passé par le pays Mesin et ont saccagé,
bruslé, pillé nos pauvres villages circonvoisin
comme Billy, Saint Laurent, Merles, Dombras et Flabeuville et ont
pillé le couvent des père capucin de Marville, et le
premier jour d'aoust ils en ont descampé et se sont allé
campé à Mouzon où ils ont séjourné
plusieurs jours et se sont retourné par dedans la pays de
Luxembourg, laquelle armée était commandée par le
Duc Charles de Lorraine. Et le mareschal De Cresquy les suivait et a
passé par la franche sault et ont monté par Escurey,
passant par l'arbre sec au dessus de Bréhéville et de
Brandeville ou ils ont cherché les bois et ont tout pillé
les char et charette bœuf et vache et ont fait des étranges
pilleries aux pauvres gens.»