Monographie sur la commune de Brandeville

Il était demandé aux instituteurs de réaliser une monographie sur la commune où ils enseignaient, celle de Brandeville est postérieure à 1905 et antérieure à la Première Guerre mondiale.

  1. I-Nom et Etymologie
    1. 1° Nom de la commune
    2. 2°Étymologie probable ou certaine :
    3. 3° Sections hameaux ou écarts qui en dépendent :
  2. II- Géographie
    1. 1°Position de la commune
    2. 2° Limites et aspect du territoire
    3. 3° Orographie
    4. 4° Hydrographie
    5. 5° Géologie
    6. 6° Climat
    7. 7° faune et flore de la localité. Bois et Forêts
    8. 8° Population
    9. 9° Agriculture
    10. 10° Industrie
    11. 11° Commerce
    12. 12° administration communale
    13. 13° Monuments, ruines, objets rares ou antiquités
    14. 14° Conditions hygiéniques de la localité.
  3. III HISTOIRE
    1. 1° Origine de la Commune
    2. 2° Le livre d'or de la commune
    3. 3°Instruction
    4. 4° Les usages de la vie privée et publique.
    5. 5° légendes
    6. Appendice

Commune de Brandeville

I-Nom et Etymologie

1° Nom de la commune

en français : Brandeville
en patois : Brandeville
avant 1789 : Brandeville
pendant la Révolution : Brandeville

2°Étymologie probable ou certaine :

Brandenburgum qui vient lui même de Brand (brûler) et de burgum (broussailles)

3° Sections hameaux ou écarts qui en dépendent :

1° Hameau : La petite ville où l'on a trouvé autrefois des substructions, des lits de cendres et de charbons, un boulet de pierre, une hache de silex, ce qui fait supposer que ce hameau a été l'emplacement primitif du village, formé alors d'un certain nombre de maisons bâties sur un terrain stigmatisé par le feu.
2°Écarts : Le Grand Moulin autrefois moulin banal ; l'Huilerie de la fontaine Laane; le moulin de l'épinette et celui des Aunelles.
3° anciennement la ferme de Salpy, cense de l'abbaye d'Orval et qui n'existe plus depuis la Révolution, dépendait de la commune de Brandeville.

II- Géographie

1°Position de la commune

La commune de Brandeville se trouve à 2°36 de longitude Est et à 49°23 de latitude Nord. La hauteur moyenne au dessus du niveau de la mer est comprise entre 202 et 386m. Le village est situé à 12 km de Damvillers, chef lieu du canton, à 20 km de Montmédy, chef-lieu d'arrondissement ; à 87 km de Bar-le-Duc, chef-lieu de département, à cent cinq kilomètres de Nancy et à 238 km de Paris.

2° Limites et aspect du territoire

Le territoire de Brandeville est borné au nord par ceux de Murvaux, de Louppy-sur-Loison et de Remoiville, à l'est par celui de Bréhéville, au sud par ce dernier encore et celui de Fontaine et à  l'ouest par celui de Murvaux déjà cité.
Ce territoire offre un aspect assez varié au midi ainsi qu'au levant et au couchant, les hauteurs sont couronnées de bois. Le versant des collines est couvert de haut en bas, de petites garennes, de vignes et de vergers. Au nord du village, bâti presque au fond du vallon et entouré d'arbres fruitiers qui le dérobent aux regards lointains, se trouve une plaine assez vaste qui va en s'élargissant jusqu'à la limite extrême du territoire.

3° Orographie

La partie méridionale du territoire forme un plateau dont l'altitude est de 386m. Le plateau fait partie de la chaîne des Ardennes orientales dont deux contreforts à pente rapide s'avancent l'un à l'est et l'autre à l'ouest du village. Le raccordement de ses contreforts avec le plateau appelé vulgairement la Montagne donne à l'ensemble la forme d'un fer à cheval dont la partie centrale constitue le vallon au fond duquel est contenu le village. La partie septentrionale forme la plaine dont il a été parlé d'autre part.

4° Hydrographie

Le seul cours d'eau qui arrose le territoire est le ruisseau de la fontaine Laane (Mot qui vient de l'Hebreu Laaet qui veut dire lasser, fatiguer le sol) formée de la réunion de plusieurs sources qui prennent naissance sur le versant septentrional des Ardennes orientales prés du bois appelé Holvesse et la principale porte le nom de fontaine Laane (et non fontaine l'âne comme on l'écrit communément dans la localité). Le régime des eaux est constant et le cours assez important pour suffire à alimenter deux moulins et une huilerie. Le ruisseau coule dans la direction du Sud au Nord, il traverse le hameau de la petite ville, arrose une partie de la prairie et après un parcours de cinq kilomètres, il se réunit au ruisseau de Bréhéville pour former le Braconrupt qui va se jeter dans le Loison en aval de Jametz.
Dans la partie du territoire, dite les aisances communales, on remarque un certain nombre de noues ou mares dont quelques-unes pourraient avoir servi autrefois d'abreuvoir, sans doute au temps où cette partie était réservée à la pâture.
Les fontaines du village, qui sont nombreuses et ne se tarissent jamais, sont alimentées par plusieurs sources qui prennent naissance en différents points du flanc des collines.
Il existe dans la rue d'Argonne un puits communal et la plupart des habitants possèdent dans leurs maisons des puits particuliers.

5° Géologie

Le sol appartient : 1° à l'étage jurassique moyen, formation coralienne de l'époque secondaire - oxford-clay inférieur - oxford-clay moyen, pierres à chaux hydraulique; 2° à l'étage jurassique supérieur formation portlandienne de la même époque calcaires à astardes.  Le sous-groupe oolithique forme une couche très mince entre les deux étages corallien et portlandien (d'après Mr Jeantin).
Les fossiles les plus courants sont les ammonites. Le sol arable est de constitution diverse, sur le plateau de la montagne le calcaire domine et c'est là qu'on rencontre en grande quantité des pierres à chaux. Les versants des collines sont en grande partie silicocalcaires, la partie septentrionale du territoire est argileuse et le sol de la prairie est tourbeux. La végétation est florissante dans les terrains argileux qui reposent sur le portland, elle l'est moins dans les terres de la montagne.

6° Climat

Par sa situation Branndeville jouit d'un climat relativement froid et cela résulte de ce que la commune n'a rien pour l'abriter des vents du Nord. Les pluies y sont fréquentes à cause des hauteurs boisées qui l'entourent. Les orages le sont moins grâce à la chaîne des Ardennes orientales dont ils suivent généralement la direction. De plus, ils ne sont pas très dangereux, et cependant à différentes époques, il y en a eu de violents. En 1830 une personne a été tuée par la foudre au lieu dit le Patureau. Deux années auparavant, le clocher de l'église avait été complètement détruit par le fluide électrique, et en 1849 un noyer gigantesque qui passait pour le plus gros des pays environnants a été incendié par le même fluide.
Plusieurs fois la grêle a fait des grands ravages, principalement dans la partie du territoire qui touche à celui de Bréhéville, ce qui est du sans doute à l'influence exercée sur la direction des orages par le contrefort élevé qui s'avance entre Brandeville et Bréhéville. Disons aussi que c'est sur le territoire de Brandeville (la Montagne) que s'est formé le cyclone qui en 1887 a causé tant de dégâts dans les bois de Bréhéville et de Lissey et a presque détruit la ferme de la Bergerie. Enfin, on trouve sur le plus ancien des registres de l'état civil la mention suivante :
«l'an 1683, le 12éme jour de may, environ les deux heur après-minuit, il arriva un grand tramblement de terre dont il y eu plusieurs persones épouvanté et dura environ deux heur, dieu nous conserve des maulx dont nous sommes ménassé» (Jean Francque)

7° faune et flore de la localité. Bois et Forêts

La végétation spontanée produit des plantes variées. On rencontre principalement la violette, la marguerite, le coquelicot, le chiendent, le pas-d'âne, la reine des bois, l'arrête-bœuf, la chélidoine dont le suc laiteux passe pour guérir les verrues, le jonc, le genévrier, etc. On ne sait pas tirer parti des vertus médicinales de la plupart de ces plantes.
Le sanglier abonde dans les bois et cause beaucoup de dommage sur le territoire, pourtant depuis deux ans, il est devenu moins commun. Le loup y est rare ; néanmoins, une louve pleine a été tuée le 6 mai dernier. Le chevreuil, le lièvre, la perdrix, la caille se rencontrent en assez grand nombre et on trouve aussi quelques blaireaux, quelques martres, etc.
Les différentes essences que possèdent les bois sont en première ligne : le chêne et le hêtre, viennent ensuite le charme, le tilleul, le frêne, le tremble, l'aune, etc. Dans les bois de particuliers, le bouleau et le saule dominent.
Les bois communaux sont divisés en coupes réglées et exploitées chaque 25 ans pour les coupes affouagères et chaque 36 ans pour celles du quart en réserve.

8° Population


Population
Maisons
feux
En 1789
915
261
273
En 1850
1127
286
312
En 1860
963
272
294
En 1870
825
256
267
En 1875
795
252
264
En 1881
750
242
260
En 1886
719
230
297
En 1901
628
220
240
En 1905
616
200
220

Le tableau précédent constate la décroissance continuelle du nombre des habitants depuis 1850. Cette diminution est due sans doute au choléra de 1854 qui a fait de nombreuses victimes, mais aussi par l'émigration qui enlève de la commune ordinairement de mars à octobre : 1° les cordonniers ambulants qui vont exercer leur industrie dans le Nord de la France; 2° les ouvriers agricoles qui vont travailler à la culture maraîchère dans les environs de Paris. Chaque année par suite des mauvaises récoltes de la vigne, plusieurs familles abandonnent définitivement Brandeville pour prendre domicile là où le père avait habitude d'aller gagner sa vie pendant la belle saison. Cependant, le mouvement est moins accentué depuis quelques années : c'est probablement le résultat du malaise général qui pèse aujourd'hui sur l'industrie. Aussi si la vigne, qui est la ressource principale de la plupart des habitants, ne rémunère pas ceux qui la cultivent, il semble que l'agriculture ait fait quelques progrès, car on voit peu de terres en friches en comparaison de ce qui existait il y a dix ans.
Les habitations sont construites en pierre, couverte en tuiles, à un seul étage pour les anciennes, elles sont très étroites, mais très longues. Cette disposition est due à ce qu'autrefois les aisances n'étant pas cultivées ni la montagne ; les habitants, s'adonnant pour ainsi dire à la seule culture de la vigne et récoltant peu de grains et de fourrage, n'avaient guère besoin d'écuries ni de granges. À la suite du corps de logis se trouvait donc une petite remise, puis la cuverie, et ce qui existe encore généralement aujourd'hui.
Depuis les quelques habitants qui se livrent à la culture des terres, ont dû, pour se procurer l'emplacement nécessaire, agrandir leur maison en achetant les voisines, le cas échéant, ou bien, comme on le voit pour beaucoup d'entre eux, acheter des maisons en différents points du village, pour les convertir en remises.

9° Agriculture

La superficie totale du territoire est de 1214 hectares six ares quatre-vingt-quinze centiares. 445 hectares sont affectés à la culture des céréales et autres farineux alimentaires. 18 hectares aux cultures potagères et maraîchères, cinq hectares 75 aux plantes industrielles, 125 hectares aux prairies naturelles, 30 hectares aux prairies artificielles, 84 hectares à la viticulture. Les bois regroupent une étendue de 400 hectares et il y a à peine 30 hectares de friches.
Le territoire étant très morcelé, la science agricole ne fait aucun progrès et les anciennes méthodes sont toujours en vigueur. comme instrument agricole on ne voit que la charrue, la herse et le rouleau. Les batteuses cependant deviennent de plus en plus nombreuses. La population est essentiellement ouvrière. Les manœuvres et les petits propriétaires cultivent encore à la bêche la plupart de leur parcelles de terre. On peut évaluer à 150 hectares l'étendue ainsi cultivée.
L'assolement est triennal et la jachère morte encore trop en usage. Le rendement des céréales est excellent et de bonne qualité, celui des pommes de terre est abondant, mais laisse à désirer sous le rapport de la qualité, enfin celui de la prairie est moyen et d'assez mauvaise qualité. Quant à celui de la vigne, il est de quantité et de qualité très varié suivant les années.
Les animaux domestiques relevés dans la localité sont le cheval, la vache, le porc, la chèvre, le lapin et la volaille. Leur alimentation consiste principalement en fourrage, avoine et pomme de terre.
Le gibier est assez abondant et on se livre peu à l'exercice de la pêche.
Année
Céréales
et autres
farineux
Hectolitre
Cultures
potagères et
maraîchères
Cultures
industrielles
Quintaux
Prairies
naturelles
Quintaux
Prairies
artificielles
Quintaux
Vins
Hectolitres
1800


les
statistiques
ne
mentionnent
pas
le
rendement





1850
2357




1860
5204




1870
4930




1880
4945
21
2758
238
190
1887
6477
34
2520
1110
672

10° Industrie

L'industrie est peu importante, on voit seulement deux moulins, une huilerie et deux boulangeries. Il existe sur tout le territoire plusieurs carrières donnant une pierre à bâtir de bonne qualité. Enfin, on compte une douzaine de cordonniers travaillant à façon pour les fabricants de chaussures d'Ecurey et de Damvillers.

11° Commerce

Le commerce est peu actif et se borne aux matières essentielles à la vie. Les grains n'en sont pas l'objet attendu que la récolte ne suffit pas à la consommation.
Parmi les bestiaux le porc seul est élevé pour la vente ; les autres ne le sont que pour le travail ou pour leurs produits.
Le vin est d'un prix très variable depuis la fabrication des vins de commerce le prix tend cependant à augmenter (39 à 49F l'hectolitre suivant la qualité).
Enfin, on compte dans la localité huit épiceries, deux marchands de rouenneries et un marchand de chaussures.
Comme voies de communication, il n'y a que des chemins vicinaux qui sont bien entretenus.

12° administration communale

La commune est administrée par un conseil municipal composé de 12 membres et qui élit dans son sein un maire et un adjoint.

13° Monuments, ruines, objets rares ou antiquités

L'église bâtie en 1769 fut bénite en 1770. On y remarque un tableau représentant Saint Martin exorcisant un possédé. Le tableau réputé par les connaisseurs comme un chef-d'œuvre de l'art lui fut donné par l'abbaye d'Orval le jour de sa consécration. La légende de Saint Hubert se voit aussi représentée sculptée en relief dans la façade d'une maison du village.
La mairie date de 1837, c'est un édifice d'une architecture assez élégante.
Enfin chez les habitants où le culte des,ancêtres est toujours vivace, on aurait pu trouver il y a vingt ans encore beaucoup d'objets anciens : meubles, vases, etc., mais les antiquaires qui se présentent régulièrement, plusieurs fois l'année, pour racheter ces objets en ont déjà enlevé une grande partie.

14° Conditions hygiéniques de la localité.

Les conditions hygiéniques sont assez bonnes. On ne connaît aucune maladie endémique. Les maladies épidémiques sont rares. Néanmons le choléra de 1854 a sévi violemment. Il est à regretter que les habitants qui ont maintenant un grand soin de leur habitation paternelle n'en aient pas autant pour les abords des maisons puisqu'on y constate, comme dans la plupart des campagnes d'ailleurs, des dépôts de fumier sous les fenêtres mêmes des habitations.

III HISTOIRE

1° Origine de la Commune

Les temps préhistoriques, l'antiquité, les Romains, le moyen-âge, les Temps modernes et l'époque contemporaine. Occupation allemande, réquisitions, contributions de guerre.
D'après Mr Jeantin, sous la désignation générale en usage aux temps mérovingiens, Brandeville est compris dans un territoire mentionné dans le diplôme impérial de 1086 par les mots : et cutem quæ dicitur bonum villare. La charte le localise dans la forêt de Wabre. C'est une curtis tout entière qu'elle place entre le château construit sur les bois de l'ancienne mes Lyon devant Dun et le prœdium (bien de campagne) de Peuvillers s'étendant vers Jamais.
(Extrait de l'ouvrage de Mr Jeantin)
Alors, Brandeville n'était pas en emplacement actuel, ce n'était pas encore une agrégation de villani, c'était un bien de campagne (bonum villare), c'était une curtis créée par le brûlis des bois et par le dessèchement des bois du courant maritime de Jamais à Mouzay.
Quelques launi fatiguant le sol autour d'une petite fontaine, tels furent les premiers habitants. Un des premiers possesseurs connu est Boniband, un des hommes de fief du comte Boson d'Ardenne mentionné avec ses voisins, dans la charte de Quincy, de l'an 770. Pendant quelques temps, le village fut connu sous le nom de son possesseur et appelé sous la dynastie austro-espagnole : Bonum curtis Bonibrandi.
Le vaste bonum villare de la curtis des launi du comte Boson dépendait originellement du pays de Trèves et jaçais à la limite de la Rheinns.
Brandeville ne fut adjoint, il est probable, au ressort spirituel des prélats Rémois qu'au temps au Saint Lieutwin de Trèves administrait les deux diocèses.
L'occupation violente de son successeur
(Extrait de l'ouvrage de Mr Jeantin)
perpétue cette possession qui passa de l'état provisoire à l'état définitif sous l'empereur Othon le grand et sons les premiers comtes de Chiny.
Au quinzième siècle, Brandevillle se trouva rattaché à la maison de Brandenbourg, près de Dickrich par une haute alliance. Après viennent les comtes de Salm. Sur la fin du seizième siècle Brandeville passa à Jean III d'Allamont gouverneur de Montmedy au service de l'Espagne et devint l'apanage de son fils aîné Théodore 1er grand prévôt de Marche et Bastogne, et justicier des nobles du duché de Luxembourg.
En 1652 la seigneurie de Brandeville fut érigée en comté par le roi d'Espagne en faveur de Théodore II petit fils de Jean III et fils de Jean IV d'Allamont Mallandry et d'Agnés de Mérode.
Jusque-là le territoire de Brandeville appartenait à l'Espagne, mais en 1659, par le traité de Pyrénées il fut rattaché à la France. Il se trouvait alors entre les mains de Théodore II précité. Les armes du blason de Brandeville représentaient à cette époque un ange portant un cœur enflammé, au-dessus d'un brasier avec ces mots : Le feu descend du ciel et remonte à sa source : cette allusion à l'origine de Brandeville n'a pas besoin d'interprétation. Après les d'Allamont, le comté passa à la famille de Mérodi puis à celle des Joyeuse-Grand-pré qui s'éteignit en 1727.De 1727 à 1789, l'ancien manoir resta désert et le domaine fut confié à des admoniateurs qui l'exploitèrent jusqu'à la Révolution. Le tout a été vendu par les descendants du comte de Clermont-Tonnerre, époux en 1804 de dame Françoise Henriette Marie Louise de Wasinkae Imécourt comtesse de Brandeville, et l'ancien château a fait  place à une salle d'école et à des habitations de particuliers. C'est de leurs anciens seigneurs que les habitants de Brandeville tiennent partie notable de leurs bois et terrains communaux. Brandeville a subi comme les localités voisines l'occupation allemande de septembre 1870 à mars 1871. La commune a été rançonnée par l'ennemi implacable proportionnellement à sa population qui était alors de 869 habitants.
Le pillage a été exercé sur une assez vaste échelle. Les contributions de guerre se sont élevées à 12000F, les réquisitions à 30000F. La caisse municipale, assez riche alors, a pris le tout à sa charge.

2° Le livre d'or de la commune

Personnages célèbres, bienfaiteurs, actes de dévouement ou autres dignes d'être relatés.
Comme personnages illustres on peut citer :
1° Grand-Pré Louis comte de Joyeuse, époux de Marie victoire de Mérode comtesse de Brandeville, mort en 1680
2° Grand-pré Jules comte de Joyeuse, fils du précédent. il était gouverneur de Stenay et il mourut le premier mars 1714 au château de Brandeville. Avec lui s'éteignit l'illustre race de Joyeuse, il est incliné avec sa mère dans la chapelle seigneuriale des d'Allamont, en l'église de la ville haute de Montmedy.

3°Instruction

L'instruction est peu avancée et les illettrés sont encore nombreux. La langue employée communément est le patois. Dans ce patois on retrouve les tournures de l'ancienne langue française avec beaucoup de vieux mots français : (aragne, moult, saoûlt…) quelques mots tirés du vieux latin (toile d'araignée : arantellée de arana tela etc.). On rencontre aussi quelques mots germaniques (une petite ouverture se dit un bouré ou baourette, de l'Allemand bauer.).
La commune possède une église, une école de garçons, une école de filles et une école maternelle.

4° Les usages de la vie privée et publique.

coutumes religieuses et autres, reste de superstitions et préjugés encore vivaces.
L'ameublement est des plus simple et consiste principalement en chaises, tables et armoires. La seule particularité à signaler réside dans la construction des tables de cuisine. À cause de l'exiguïté des appartements, ces tables sont adaptées aux murs au moyen de charnières, elles peuvent s'appliquer contre les murs lorsque leur emploi ne se fait pas sentir, laissant ainsi libre tout l'espace de la pièce. Le costume n'offre rien de singulier et les repas consistent le plus souvent en soupe faite de viande de porc et en légumes.
La naissance d'un enfant ou plutôt les cérémonies de son baptême ainsi qu'un mariage sont toujours l'occasion de réjouissances, d'un caractère d'ailleurs intime et peu bruyant. Un enterrement est aussi suivi d'un repas (obit) où sont réunis les parents du défunt. c'est un reste d'une coutume très ancienne que la tradition a pieusement conservée. Avant le repas a généralement lieu une distribution de pain (adnée) aux pauvres de l'endroit qui ne manquent jamais de se réunir devant la maison mortuaire.
Il serait difficile de désigner des jeux qui pourraient caractériser les murs des habitants. Il est vrai qu'on joue très peu actuellement, et les seuls jeux en usage sont le billard, les cartes et les quilles.
Il y a quelques années la danse était la principale récréation des jeunes gens, mais elle tombe dans l'abandonnement, et le bal n'a plus lieu qu'aux grandes fêtes, aux mariages et à la mi-carême où la jeunesse se livre au divertissement connu sous le nom de (saudées).
Le scepticisme a depuis quelque temps déjà diminué la ferveur religieuse, néanmoins la dévotion est encore assez forte chez les femmes qui se rendent assez communément en différents lieux de pèlerinage tels que Saint Dagobert, Fontaine, Juvigny, St Valfroy, Benoite-Vaux.
La superstition est encore bien enracinée chez la plupart des habitants. Sans parler de ceux qui persistent à croire à l'existence des sorciers, beaucoup se font soigner, en cas d'indisposition, par des individus qui se servent de pratiques cabalistiques. Et combien est grand le nombre de ceux qui croient à la vertu néfaste du vendredi, du nombre 13, de la vue d'une araignée, du cri d'une chouette, de la rencontre d'une femme dés le matin, etc., etc.

5° légendes

Il a été dit que les gens du pays au lieu d'écrire fontaine Laane, écrivent communément fontaine l'âne. Une légende prétend en effet que ce nom provient d'une grosse pierre qui se trouvait à la source même et qui a servi à la fondation de l'huilerie. Sur cette pierre, on croyait voir gravé le pied d'un âne, et la foi simple et naïve des habitants prétendait que cet âne était le même que celui qui porta la Vierge Marie dans sa fuite en Égypte. Arrivée à cet endroit et souffrant de la soif, la mère du Sauveur appliqua ses cinq doigts dans un creux de la pierre et il en jaillit immédiatement cinq gros bouillons d'eau claire. La pierre miraculeusement empreinte fut longtemps couverte de croix.

Appendice

Sur le registre de l'état civil se trouve relaté le fait qui suit :
«L'an 1677, le dernier jour de juillet, il arriva à Jamet et à Louppy une puissante armée d'allemant contenant quattre vingt ou cent mil bouche, lesquels venant d'Allemaigne ont passé par le pays Mesin et ont saccagé, bruslé,  pillé nos pauvres villages circonvoisin comme Billy, Saint Laurent, Merles, Dombras et Flabeuville et ont pillé le couvent des père capucin de Marville, et le premier jour d'aoust ils en ont descampé et se sont allé campé à Mouzon où ils ont séjourné plusieurs jours et se sont retourné par dedans la pays de Luxembourg, laquelle armée était commandée par le Duc Charles de Lorraine. Et le mareschal De Cresquy les suivait et a passé par la franche sault et ont monté par Escurey, passant par l'arbre sec au dessus de Bréhéville et de Brandeville ou ils ont cherché les bois et ont tout pillé les char et charette bœuf et vache et ont fait des étranges pilleries aux pauvres gens.»