Le général de Gaulle lance
son appel au micro de
la BBC, à Londres
(Charles de Gaulle sur le perron
de l'Hôtel de ville, le 25 août 1944 - Coll. Fondation
Charles de Gaulle)
Pourquoi voulez-vous que nous dissimulions l'émotion qui nous
étreint tous, hommes et femmes, qui sommes ici, chez nous, dans
Paris debout pour se libérer et qui a su le faire de ses mains.
Non ! nous ne dissimulerons pas cette émotion profonde et
sacrée. Il y a là des minutes qui dépassent
chacune de nos pauvres vies.
Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris
martyrisé ! mais Paris libéré !
libéré par lui-même, libéré par son
peuple avec le concours des armées de la France, avec l'appui et
le concours de la France tout entière, de la France qui se bat,
de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle.
Eh bien ! puisque l'ennemi qui tenait Paris a capitulé
dans nos mains, la France rentre à Paris, chez elle. Elle y
rentre sanglante, mais bien résolue. Elle y rentre,
éclairée par l'immense leçon, mais plus certaine
que jamais, de ses devoirs et de ses droits.
Je dis d'abord de ses devoirs, et je les résumerai tous en
disant que, pour le moment, il s'agit de devoirs de guerre. L'ennemi
chancelle mais il n'est pas encore battu. Il reste sur notre sol. Il ne
suffira même pas que nous l'ayons, avec le concours de nos chers
et admirables alliés, chassé de chez nous pour que nous
nous tenions pour satisfaits après ce qui s'est passé.
Nous voulons entrer sur son territoire comme il se doit, en vainqueurs.
C'est pour cela que l'avant-garde française est entrée
à Paris à coups de canon. C'est pour cela que la grande
armée française d'Italie a débarqué dans le
Midi ! et remonte rapidement la vallée du Rhône. C'est
pour cela que nos braves et chères forces de l'intérieur
vont s'armer d'armes modernes. C'est pour cette revanche, cette
vengeance et cette justice, que nous continuerons de nous battre
jusqu'au dernier jour, jusqu'au jour de la victoire totale et
complète. Ce devoir de guerre, tous les hommes qui sont ici et
tous ceux qui nous entendent en France savent qu'il exige
l'unité nationale. Nous autres, qui aurons vécu les plus
grandes heures de notre Histoire, nous n'avons pas à vouloir
autre chose que de nous montrer, jusqu'à la fin, dignes de la
France.
Vive la France !
écouter un extrait de ce discours (connexion à internet
nécessaire)
http://www.charles-de-gaulle.org/liberation_de_paris/images/sons/1944_08_25_paris_libere.mp3