La bataille de Brandeville
28 Août 1914

br065.jpg    Cimetière militaire
Le cimetière militaire
Bataille de Brandeville
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Fête commémorative

Le vitrail dans l'église
Le vitrail

Sommaire:
  1. Le Lieu
  2. Les récits de la bataille
    1. Version officielle
    2. Rapport du brigadier Dogny
    3. Récit du Capitaine Julliac
    4. Témoignage du général Von Moser
    5. Dans la presse française
      1. Journal des Sinistrés
      2. Progrès lorrain du 7 septembre 1924
      3. Réponse du capitaine Julliac dans le Progrès Lorrain du 31 août 1924
    6. Dans la presse Allemande
    7. Autres documents
      1. Dessin d'un officier allemand
      2. Témoignage anonyme
      1. Témoignage de M. Lambert
      1. Témoignage de Paul-Otto ELE, soldat allemand
      2. Lettre ou propagande ?
  3. Les victimes
    1. Français
    2. Allemands
    3. Les survivants
  4. Les cérémonies commémoratives
  5. Notes


Autres documents:



Le Lieu


Champ de
bataille
Schéma de la bataille
Plan extrait de "Die Württemberger in Weltkriege" de Otto von Moser (9)
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Champ de bataille
Allemands : flèche noire
Français : flèches blanches
La route de
Murvaux
route Murveaux


Les récits de la bataille



Version officielle

Réponse du ministre à M. Charpentier sénateur des Ardennes qui demande l'ouverture d'une enquête sur la bataille de Brandeville  (lettre du 18 février 1924).
«MONSIEUR LE SÉNATEUR,
    «Vous avez bien voulu me demander de faire une enquête sur les conditions dans lesquelles la forteresse de Montmédy avait succombé en août 1914.
    «J'ai l'honneur de vous adresser ci-joint une notice sur le rôle joué par la place et la garnison de Montmédy, au début de la guerre.
    «Veuillez agréer, Monsieur le Sénateur, l'assurance de ma haute considération. »
    Le Ministre de la Guerre,
Pour le ministre et par son ordre
Le Chef adjoint du Cabinet civil,
Signé (Illisible).

   « Le rôle de la place de Montmédy était simplement de servir de point d'appui aux troupes qui pouvaient avoir à opérer dans la région. Elle devait, en outre, assurer la protection de la voie ferrée et du tunnel que le gouverneur, en cas de reddition, devait détruire après en avoir référé au commandant en chef.  En 1914, ce rôle fut vaillamment rempli par la garnison.
Le 22 août, le 2e corps portait son quartier général à Montmédy. La garnison de la place n'eut pas à intervenir ce jour-là dans la bataille qui se livrait eu avant d'elle, mais le lendemain, l'offensive ayant échoué, nos colonnes en retraite traversèrent la ville qui recueillit de nombreux blessés.
    La place se trouvait alors dans la zone de la IIIe armée, et le 4e corps, son élément de gauche, se mit en liaison avec le lieutenant-colonel Faurès gouverneur. Les positions de défense furent occupées par la garnison, et, seule, une section de 120e eut à tirer quelques coups de canon sur les rassemblements ennemis.
    La retraite stratégique des 111e et IVe, armées allait laisser Montmédy abandonnée à ses propres forces.
    Le 25 août, apprenant que le 20e corps avait détruit les ponts sur la Chiers, de Chauvency-le-Château et Chauvency Saint-Hubert, le gouverneur demandait des instructions. Au cours de la nuit arrivait l'ordre du général en chef de faire jouer les dispositifs de mine préparés.
    Le 27, le tunnel et les ponts sur la Chiers sautaient ; compte rendu en était adressé et, sur l'avis unanime du conseil de défense, le gouverneur, estimant le rôle de Montmédy terminé, demandait des instructions sur la conduite à tenir.
    Le général Joffre lui prescrivit alors d'évacuer la place après en avoir détruit les approvisionnements et le matériel, et de tenter de rejoindre les armées françaises.
    Ainsi fût fait : à 20 heures, les destructions étaient accomplies ; la colonne, forte de 2.300 hommes environ, quittait la forteresse et, sans bagages ni matériel, se dirigeait vers Verdun. Les blessés non transportables avaient été laissés dans les hôpitaux, sous la garde de trois médecins.
    Le 28, la petite : troupe atteignait sans incident notable le lieudit Fontaine Saint-Dagobert », au centre de la forêt de la Woëvre. Elle, s'installait en bivouac et, après s'être reposée, repartait vers le sud pour tenter le passage de la Meuse à Consenvoye. Arrivée en contact avec l'ennemi, elle se mettait à couvert pour passer la nuit à proximité de la route de Murvaux à Brandeville.
    Le lendemain, elle débouchait du bois en bousculant un poste allemand ; mais le 165e d'infanterie, qui formait la tête, se heurtait à des forces importantes et devait reculer. Les autres éléments engageaient alors une série de combats dans la forêt et sur la route. De nombreuses troupes ennemies entrant peu à peu en action, toutes les fractions dissociées étaient encerclées et faites prisonnières.
    Les pertes en officiers et en hommes étaient importantes : témoignage vivant de l'héroïque résistance du détachement.»

Rapport du brigadier Dogny

Rapport fourni à la place de Verdun le 16 septembre 1915 par le Brigadier de douane Dogny et le douanier Vernel

Aussitôt l'appel à l'activité, la brigade de Chauvency (Meuse), était désignée pour se rendre à la forteresse de Montmédy pour concourir à sa défense. Une compagnie de forteresse d'un effectif de 102 douaniers sous les ordres du capitaine Perrot, du lieutenant Klein et du lieutenant Laurent, se trouvait donc dans la place jusqu'au 27 août 1914. Depuis la mobilisation et jusqu'à cette dernière date, notre rôle consista à effectuer des patrouilles de jour et de nuit commandées par le gouverneur de la place, dans la partie nord de la place où des postes fixes de douaniers étaient installés pour arrêter les patrouilles ennemies, qui, à partir du 9 août, commencèrent à fouler le sol national, l'armée française se trouvant à 10 km de la frontière.
Le 27 août, à 5 heures du soir, nous touchions des vivres de réserve, pour trois jours. En même temps nous recevions l'ordre de nous préparer à partir en mission à 8 heures du soir. Nous emportions 200 cartouches, nos armes, une musette et un bidon, laissant à la citadelle nos sacs garnis, nos bicyclettes et des effets personnels, afin de nous alléger le plus possible, suivant les ordres donnés.
À 8 heures du soir du dit jour, toute la garnison de la forteresse, se composant de tous les éléments d'une place forte, fantassins, génie, artilleurs, section d'intendance et infirmiers, forestiers (18), la compagnie de douaniers et la prévôté (un brigadier et trois gendarmes), était réunie sur la place d'Armes et se mettait en route aussitôt en colonne par quatre, sous les ordres du lieutenant-colonel Faurès, commandant la Place, pour exécuter une marche de nuit en passant par la ville, la petite ligne de chemin de fer de Verdun, la plaine et les bois.
Le 28, à 7 heures du matin, nous campions dans la Forêt de Woëvre, jusqu'à 3 heures du soir. Un avion vint planer au-dessus de nous dans la matinée. Repris notre marche en forêt où, à 7 heures du soir, un camp fut établi. Pendant notre marche un avion ennemi nous survola à nouveau un bon moment.
Le 29, à 3 h 30 du matin, notre capitaine réunit les sous-officiers de sa compagnie et nous fit part de la manœuvre qui allait être exécutée. Nous devions nous rendre à Verdun et pour cela nous devions culbuter de petits postes allemands se trouvant à proximité, pour permettre notre marche en avant dans la direction de cette place forte. Le supérieur nous dit qu'il comptait bien sur nous pour empêcher et prévenir toute défaillance parmi nos hommes. Pendant la nuit nous avions entendu les sentinelles ennemies qui arrêtaient les voitures et autos passant sur la route de Murvaux, à proximité de notre camp.
Le 29, à 4 heures du matin, la colonne se mit en marche et, quelques instants après, le bataillon actif du 165e, baïonnette au canon, après quelques coups de feu, se trouvait sur la ligne des sentinelles allemandes.
Une fusillade nourrie éclate aussitôt. La compagnie de douaniers se porte en avant sous bois et arrive à hauteur d'une route, elle prend position à 100 m en arrière, dans un chemin creux. Nous répondons aussitôt au feu de l'ennemi que l'on voit à la bordure du bois.
Peu de temps après, nous traversons la route, baïonnette au canon, avec le sergent-major Brulle qui est tué bravement en tête de sa section qu'il entraînait par son exemple. Les troupes sont sous bois et dispersées, la fusillade continue de plus belle, on avance toujours au milieu des tués et des blessés. Nous sommes au pied d'une côte que nous allons gravir, lorsque mon capitaine me donne l'ordre de rassembler les hommes restant en arrière et qui pourraient tirer sur nous. J'exécute immédiatement cet ordre et nous sommes environ  50 hommes de toutes armes sur la route qui, suivant un artilleur, est celle qui conduit à Murvaux.
Le lieutenant prend le commandement de ce groupe qui se met en marche dans la direction de Murvaux. À ce moment avec le douanier Vernal, de ma brigade, deux blessés sous bois qui se plaignent nous réclament à boire. Nous nous approchons d'eux et on leur donna un peu d'eau qui nous reste, nous les consolons de notre mieux. Nous nous rendons ensuite près de notre camarade Brulle, tombé, mortellement frappé au milieu de la route. Nous nous emparons de son corps pour le transporter sous bois et lui enlever les papiers qu'il pouvait détenir en sa qualité de sergent-major, mais je n'ai que le temps de lui enlever sa montre (objet que j'ai remis à sa famille à la fin des hostilités), car une patrouille de cavaliers allemands se dirige sur nous. Nous nous replions immédiatement dans le bois et abattons trois cavaliers, les autres disparaissent aussitôt sur la route de Brandeville en criant et sans riposter.
La colonne que nous avions dû abandonner et qui a continué sa route est bientôt attaquée sur sa droite par l'infanterie ennemie qui débouche dans la plaine. Les hommes se déploient et répondent au feu de l'ennemi. De notre côté, revenus à la bordure de la forêt, sur une hauteur à proximité de vieilles carrières, nous tirons une centaine de cartouches sur l'ennemi. Tout à coup, à un coude formé par la route, au coin d'un bois, les mitrailleuses allemandes se font entendre et déciment la petite troupe. Nous apercevons quelques soldats qui gagnent la forêt pour échapper à une mort certaine. Les blessés restent sur place et le reste est fait prisonnier.
Devant l'affluence des troupes ennemies qui se dirigent sur nous, nous nous enfonçons dans les bois pour nous dissimuler dans un épais fourré. Fatigués, mourant de soif, nous prenons un peu de repos tout en observant les alentours de notre position qui se trouvait être sur une éminence. Il est 7 h 30 du matin, l'infanterie ennemie couvre la plaine, le feu a cessé un peu partout, les soldats allemands sous les ordres de leurs chefs pénètrent dans la forêt. Des commandements, des coups de sifflet retentissent, des coups de feu épars sont tirés. Des soldats ennemis passent à côté de nous sans nous apercevoir et nous constatons que les boîtes de conserve abandonnées par nos soldats dans leur retraite sont percées invariablement de trois coups de baïonnette par les soldats allemands, et cela pour qu'on ne puisse les utiliser ultérieurement. Peu de temps après, nous voyons sur la route des soldats français encadrés par les soldats ennemis. Ce sont des prisonniers. Ignorant tout du combat et n'entendant plus rien, à part quelque coup de feu par-ci par-là, nous pensons alors qu'une grande partie de nos camarades sont prisonniers et que la garnison de Montmédy n'existe plus, tout en ignorant complètement son sort.
À 8 heures du matin, l'artillerie allemande défile sur la route qui va à Murvaux, suivie d'un convoi immense qui ne s'arrête que le 30, à 4 heures du soir. Un camp est installé dans la prairie en face de nous. Pendant les journées du 29, 30, 31 août, le canon ne cesse de se faire entendre du côté de la Meuse. C'était le forcement du passage de la Meuse. Entourés de petits postes disposant de sentinelles nombreuses autour de la forêt où avait lieu le combat, nous sommes dans l'obligation d'y séjourner jusqu'au 2 septembre, souffrant surtout de la soif, la chaleur se faisant sentir.
Ne connaissant pas le pays, n'ayant pas de carte, puisque l'ennemi ne nous avait pas découverts, nous avons décidé de gagner Verdun, qui de prime abord nous avait été désigné comme point de retraite. Possédant toujours nos armes, des cartouches, ayant quelques biscuits, une boîte de conserve de 2 kg, nullement désespérés, avec la ferme volonté d'arriver au but en franchissant les lignes ennemies, nous défendant si nous étions attaqués, mais nous défilant si l'ennemi ne soupçonnait pas notre présence, tel devait être notre but. Avec de la patience, du courage et aidés par nos ruses de douaniers, nous devions l'atteindre non sans éprouver bien des difficultés et bien des souffrances comme on va le voir. Nous avions fait le sacrifice de notre vie. Le jeudi 3 fut pour nous un nouveau bond dans la forêt. Le vendredi 4 nous continuions notre marche sous bois. Dans l'après-midi, nous avons déjoué et dépassé les petits postes allemands et les sentinelles qui se trouvaient en bordure du bois. Une plaine s'étendait devant nous que nous nous proposions de franchir la nuit suivante. Mais nous avons dû séjourner les 5 et 6 septembre dans la forêt, le clair de lune nous ayant empêchés de mettre notre projet à exécution. Ce n'est que dans la soirée du 7 que nous traversons le passage dangereux, à proximité des sentinelles ennemies qui ne soupçonnent pas notre présence et nous nous nous mettons à ramper à travers champs sur un parcours de trois kilomètres. C'est dans cette marche difficile que nous avons dû abandonner pour notre sécurité, nos épées-baïonnettes qui furent enfouies sous terre.
La journée du 8 fut passée dans un bois à proximité d'un régiment d'artillerie lourde allemand qui tira une partie de la journée. Dans la soirée du dit jour nous avons franchi en rampant, environ deux kilomètres de plaine qui s'étend entre les bois occupés par les troupes ennemies. Ces bois devaient être le commencement de la forêt dite de Consenvoye dans laquelle nous avons pénétré. Entourés d'ennemis, nous avons passé la nuit dans l'anxiété.
La journée du 9 fut employée à reconnaître la forêt et les postes ennemis. Vers midi, nous trouvant dans un jeune taillis et apaisant notre soif ardente et notre faim en mangeant des mûres, nous fûmes surpris par une patrouille de quelques cavaliers qui firent entendre des cris en se dirigeant sur nous, mais le massif de ronces et de taillis était une gêne pour leurs chevaux, ils avançaient avec une grande difficulté. Sans perdre notre sang froid, abrité chacun derrière un arbre nous avons tiré à volonté sur le groupe dont plusieurs tombèrent. Les autres dirent demi-tour et disparurent en criant. Nous avons constaté que quatre cavaliers tombés, dont trois, parurent morts ; l'autre se plaignait. Nous avons immédiatement gagné les grands bois où nous sommes restés jusqu'au lendemain matin. Dans l'après-midi de notre escarmouche, nous avons entendu une vive fusillade dans la forêt, mais assez loin de nous.
Dans la matinée du 10, nous avons cherché à nous orienter en forêt. La partie sud-est de cette dernière était gardée sur toute la lisière et c'était là notre direction pour gagner Verdun. Grâce au soleil, à la lune, à la mousse des arbres, nous pouvons garder la bonne direction. Nous évitons toujours les villages, les fermes occupées par l'ennemi, ainsi que les personnes qui auraient pu nous renseigner.
Le 10, la pluie tombe, le mauvais temps continue. Nous reprenons notre marche en forêt. Nous traversons des chemins gardés. Trempés jusqu'aux os par notre marche sous bois, nous étions décidés à sortir de la forêt. Cette nuit-là, nous nous sommes égarés à 5 heures du soir. Nous avons dû passer la nuit debout, piétinant sur place pour ne pas nous engourdir et ne pas nous refroidir. Les nuits sont déjà longues au mois de septembre.
Le vendredi 11, le mauvais temps continue. Nous reprenons notre marche en forêt. Nous traversons des chemins gardés par des petits postes et des sentinelles. Ces dernières, pour s'abriter, ont fait des petites guérites en branchage, ce qui nous permet de passer à proximité d'elles sans nous faire remarquer. Nous-mêmes, nous avions recouvert nos effets de branchages et de feuilles au point de paraître de vrais buissons vivants. Enfin, à 5 heures et demie du soir, nous atteignons la bordure de la forêt que nous explorons sans rien remarquer d'anormal. A 7 heures du soir, par un temps épouvantable, grand vent et forte pluie, éléments qui favorisent notre évasion, nous nous engageons dans la plaine, inconnue de nous. A 11 heures et demie, la lueur d'un projecteur d'un fort de Verdun nous indique la bonne direction. Nous sommes à proximité de la Meuse et nous devons être devant Verdun, mais nous ignorons la distance qui nous sépare de cette ville. Nos peines ne sont pas encore terminées et le danger n'a pas encore disparu. Nous suivons une route qui nous conduit près d'un parc d'artillerie ennemie. Des cavaliers arrivent près du dit parc, nous nous rejetons vivement vers la plaine et, peu de temps après, nous tombons sur l'infanterie allemande, dont les hommes sont couchés sur le sol, roulés dans leurs manteaux. Certains ont mis le feu à des bottes d'avoine, sans doute pour se réchauffer. Nous ne voyons aucune sentinelle. Nous confondant avec le sol, en rampant, nous sommes parvenus à déjouer toute surveillance et nous ne voyons plus de soldats ennemis. Nous continuons d'avancer par la plaine avec de grandes précautions, les tas de récoltes dont les champs sont couverts, pouvant receler de nouveaux ennemis. Nous arrivons sur la route nationale de Verdun et nous pouvons lire sur une borne kilométrique « Verdun 19 km, Consenvoye 0,5 km ».
À peine avions-nous fait 200 mètres que nous voyons un camp entre la route précitée et la Meuse. Pensant que c'était les Français nous avançons et aucune sentinelle ne nous arrête. Je me dirige vers le camp et m'approche d'une tente. Mon camarade Vermel était resté sur le bord de la route. J'entends parler une langue étrangère que je ne comprends pas, mais qui me révèle que ce sont encore des ennemis. Je me retire avec précaution et, 100 mètres plus loin, nous côtoyons un convoi de caissons d'artillerie, de canons dissimulés par des branchages, des fourgons et six chariots de foin et de paille. Les conducteurs de ces derniers dormaient sur les voitures et aucune sentinelle ne signale notre présence. Nous sommes dans l'anxiété et nous nous sentons perdus au milieu de toutes ces troupes. Nous décidons de prendre un peu de repos. Tout reste calme et silencieux. Alors, reprenant courage, nous nous mettons en route pour éviter le village de Consenvoye tout proche. En ce moment la lune brille et nous apercevons deux ombres qui se promènent sur la route conduisant au pont du village. Nous rebroussons chemin et traversons alors le village. À proximité de la route nationale, nous passons devant des granges ouvertes où sont couchés des soldats allemands qui dorment en toute quiétude. Heureusement pour nous, notre présence n'est pas signalée.
Nous quittons le village pour reprendre la plaine, marchant avec peine dans les récoltes, quand une odeur nauséabonde nous saisit. Ce sont les cadavres de chevaux restés sur le sol et en putréfaction. Des voitures brisées, des fourgons de toutes sortes d'équipages jonchent le sol. Une bataille doit avoir eu lieu dans ces parages.
Enfin, nous apercevons les toits d'un village, car la lune brille toujours. Nous le traversons et, à la sortie, un poteau nous indique que c'est Braban-sur-Meuse. Nous reprenons la route de Verdun. Il est 4 heures et nous ignorons si l'ennemi est encore devant nous. Peu de temps après, des coups de feu éclatent sur notre droite, puis une fusillade plus nourrie. Nous continuons d'avancer avec précaution sur la route, le calme se rétablit. Le jour va poindre. Nous cherchons un bois pour nous réfugier ne cas d'alerte. Arrivés en haut d'une crête, nous apercevons des pantalons rouges. Nous sommes sauvés ! Des larmes inondent nos visages.
La sentinelle du petit poste nous reconnaît et nous gagnons le petit poste où le caporal donnait du café à tous ses hommes. Il fut bien surpris de notre arrivée. Après avoir pris un peu de repos et bu le café, nous avons été conduits au lieutenant commandant les avant-postes français à Samogneux, le 12 septembre, à six heures du matin. Nous rendons compte à cet officier de notre odyssée et des emplacements occupés par l'ennemi que nous lui indiquons sur la carte.
Après une petite collation, nous nous rendons à Vacherauville. Présentés au capitaine Fleury, commandant provisoirement le 362ème régiment d'infanterie, de nouveau nous lui rendons compte de notre passage dans les lignes ennemies, et des positions occupées par les Allemands, principalement de l'artillerie lourde qui avait tiré quelques jours auparavant sur le fort de Vacherauville. Cet officier fit le schéma des renseignements donnés, que j'ai remis à la place de Verdun.
Nous prenons du repos jusqu'à deux heures du soir, car il y avait soixante-douze heures que nous étions en marche par un temps épouvantable et sans autre nourriture que quelques légumes trouvés dans les champs. Un fourgon de ravitaillement nous conduisit à Bras où se trouvait le lieutenant-colonel Driant, commandant des 56ème et 58ème bataillons de chasseurs à pied. Ce supérieur nous fit demander et nous lui avons rendu compte de ce qui précède. Il parut très intéressé de notre récit et, en nous quittant, il nous serra la main, nous dit que nous avions agi en vrais et bons soldats et nous félicita chaudement de notre courage et de notre volonté pour traverser les lignes ennemies en tenue et en armes.
Rendus ensuite à Verdun où nous arrivons le douze septembre à sept heures et demie du soir à la caserne Jeanne d'Arc, nous redîmes compte au bureau de la place où nous avons fourni le présent rapport le 16 septembre 1914.
Nous fûmes affectés ensuite tous deux à la première compagnie du 6ème bataillon de douaniers à la caserne Radet, le 13 septembre.


Récit du Capitaine Julliac

Récit du  Capitaine de Réserve Julliac de la garnison de Montmédy1

  Le 31 juillet 1914, alors que dans la région de Longuyon, à 25 kilomètres de là, les populations étaient consternées par le départ des troupes de couverture, que réservistes et territoriaux recevaient, à quatre heures du soir, l'ordre de rejoindre leur poste de mobilisation, Montmédy, au contraire, ville de garnison qui se trouvait en dehors de cette zone de couverture, vivait dans le calme et la tranquillité.
    Il me souvient qu'ayant reçu mon ordre d'appel à cinq heures du soir, je quittais Longuyon vers neuf heures après avoir été arrêté par un poste de douaniers qui, l'arme au pied, surveillait le pont de la Chiers à Charency-Vezin. J'arrivais en auto trois quarts d'heure plus tard à Montmédy. La ville basse était plongée dans le repos, pas une âme en ville. Je pris aussitôt la grimpette qui conduit à la ville haute, où je croyais trouver les troupes déjà alertées, les mitrailleuses sur les remparts. Je me présentai au corps de garde. Seule, la sentinelle sous les armes était éveillée. J'appelai le sergent de garde, je lui fournis quelques explications dont il sembla ahuri, il me fit accompagner par un soldat et nous redescendîmes à la ville basse, chez le commandant du bataillon du 165e d'infanterie qui, en temps de guerre, prenait rang de gouverneur de la forteresse.
    Je dus sonner à trois reprises différentes à son domicile privé. Peu après, une lumière traversa les jalousies des persiennes et le commandant, qui dormait déjà à cette heure, vint m'ouvrir lui-même. Je lui exposai le but tardif de ma visite et lui communiquai l'ordre de rejoindre que j'avais reçu. Il chercha pendant quelques instants à rassembler ses esprits, se frottant les yeux à plusieurs reprises, paraissant ne pas se douter des événements tragiques dont c'était le prélude. Il relut deux fois la feuille que je lui présentai, puis, après lui avoir demandé ses instructions en ce qui me concernait, il me répondit : «Eh ! bien, allez vous coucher ! »
    Ce que je fis. Mais je regrettais mon départ précipité qui ne m'avait pas permis de mettre suffisamment en ordre mes affaires personnelles.
    Le lendemain, le commandant s'était rendu à l'évidence, car, pendant toute la nuit, réservistes et territoriaux, dont la plupart habitaient les villages environnants, étaient arrivés à Montmédy, entonnant la Marseilllaise et le Chant du Départ.

    Dès le 1er août, la petite citadelle devint une véritable fourmilière. Chacun, dans sa sphère, se mit au travail.
    Dans chaque unité, c'était la formation des cadres, l'habillement et l'équipement des réservistes. De son côté, l'état-major veillait activement à la mise en oeuvre du plan de mobilisation ; travail considérable que l'état de défense d'une place fortifiée, alors qu'en temps de paix on songe si peu à la guerre.

Les jours suivants, la garnison était prête au combat, mais dans la mesure de ses moyens. Pouvait-on, en effet, espérer la résistance de longue durée en cas d'investissement par l'ennemi ? C'eût été possible du temps de Vauban. De nos jours, c'était une chimère.
    La vieille forteresse comprenait deux étages de casemates. Le premier, creusé dans le roc, pouvait donner un abri suffisant. Mais, délaissé en temps de paix, en partie comblé et rempli d'eau, il était presque inhabitable. Le second, en maçonnerie, était, comme les divers bâtiments qui devaient servir de refuge pendant le bombardement, recouvert de terre d'une épaisseur de cinquante centimètres à un mètre. C'était un jeu, pour l'artillerie moderne, de détruire en quelques heures une semblable défense.
    Sur les remparts, à ciel découvert, des canons presque démodés : 4 pièces de 120, 6 pièces de 90, quelques pièces de 75, beaucoup de mortiers et de crapouillots de l'ancien temps, des obus qui faisaient songer aux combats de places fortes sous Louis XIV, quelques canons-revolvers, 6 mitrailleuses. Le tout immobilisé, sans aucune possibilité de transport en d'autres points de la place. Tel était le matériel qui devait servir à la défense de Montmédy.
    Deux souterrains : l'un, aboutissant vers le sud, conduisait aux dépôts du service de l'intendance, l'autre reliait la forteresse au tunnel de la voie ferrée, ligne de Longuyon à Charleville.
    Conformément au carnet de mobilisation, le gouverneur prit, le 2 août, un arrêté d'expulsion des habitants de la ville haute. En effet, à l'intérieur de la forteresse se trouvait un certain nombre de maisons particulières abritant environ 110 habitants. Les laisser dans la place, c'eût été les exposer à une mort certaine. C'était en outre un encombrement pour la marche régulière des services. Enfin, il pouvait s'infiltrer parmi ces civils une organisation d'espionnage qu'on n'avait ni le temps ni la possibilité de surveiller. Il était préférable d'être entièrement maître chez soi.
    Dès avant le 6 août, un peloton de la 14e compagnie du 165e d'infanterie, sous les ordres du capitaine du génie Girard, avec, comme adjoint, le lieutenant de réserve de Saintignon, était détaché au tunnel de Vachémont, situé à quelques centaines de mètres à l'ouest de Longuyon. Cette oeuvre d'art, d'une importance capitale puisqu'elle commandait la ligne de Charleville, devait être défendue jusqu'à la dernière extrémité et ne pouvait être détruite que sur l'ordre du Grand Quartier Général.
    Cette mission fut remplie conformément au plan de mobilisation. Le peloton de défense se trouva, quelques jours plus tard, face à un régiment de uhlans qui s'était établi au nord de Longuyon, dans le petit bois de Viviers, Il n'y eut pas de combat, mais simple échange de coups de feu. Toutefois, la cavalerie ennemie formant l'avant-garde de troupes considérables, ordre fut donné, le 9 août, par le général en chef des armées françaises, de faire sauter le tunnel. L'exécution eut lieu aussitôt.
    Un train sous pression, qui se trouvait à proximité, ramena le détachement à Montmédy.
    Cette destruction fut sensible pour l'ennemi, car, plusieurs semaines après, lorsque la région entière fut envahie, dc nombreuses équipes allemandes travaillaient encore à la réfection sommaire de ce tunnel pour permettre le fonctionnement de la ligne Longuyon-Charleville qui se trouvait, de ce fait, obstruée.
Les jours suivants se passèrent dans la fièvre du travail.

    Le gouverneur, déjà âgé et fatigué, avait passé la direction générale de la place et de ses services au capitaine adjudant-major Augagneur, du 165e d'infanterie. Celui-ci, qui dut fournir dans le cumul de ses deux fonctions un effort considérable, succomba à la tâche. Quelques jours après, à la suite d'un pénible accident qui ébranla sa santé, il était évacué sur l'intérieur avec le gouverneur.
    Au 45e territorial, le capitaine Cadot, qui commandait la 10e compagnie, était également évacué et remplacé par le lieutenant de réserve Grégoire, de l'infanterie coloniale, ancien officier de l'armée active. Ce dernier, géomètre du cadastre au Cambodge, était débarqué en France quinze jours auparavant avec sa famille, pour un congé de plusieurs semaines. Pris par la mobilisation, et n'ayant pas d'affectation spéciale en France, il était venu se mettre à la disposition du commandant de la place de Montmédy.
    Enfin, le 6 août, le lieutenant-colonel Faurès, du 91e régiment d'infanterie à Mézières, qui se trouvait, avec son régiment, en couverture à Rupt-sur-Othain, recevait l'ordre de se rendre à Montmédy pour prendre les fonctions de gouverneur de la place. Il y arrivait à 6 heures du soir et prenait aussitôt le commandement qui lui avait été assigné.
    La garnison complétait enfin ses cadres par l'arrivée de divers officiers : d'abord le chef d'escadron breveté Hugues, de l'infanterie coloniale, qui, rentrant du Maroc sans affectation spéciale, était désigné pour commander le bataillon du 165e régiment d'infanterie ; puis le capitaine Nojean, précédemment attaché à la gendarmerie de Macédoine, également de retour en France, était affecté au même bataillon comme adjudant-major.
    Le capitaine Leleu, du bataillon, prenait, de son côté, les fonctions de sous-intendant militaire de la place.
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    Dans la période qui suivit le 6 août, c'est-à-dire pendant une dizaine de jours, une activité constante ne cessa de régner dans la place.
    À l'extérieur, le service de sûreté était constitué par des petits postes de douaniers et chasseurs forestiers, par des patrouilles d'infanterie et de cyclistes qui s'avancèrent au-delà de Breux et jusqu'à la frontière belge.
    Quelques petites escarmouches eurent lieu avec des reconnaissances ennemies, et nos patrouilles ramenèrent à plusieurs reprises les armes de soldats allemands qu'elles avaient réussi à abattre.
    Toutefois, aucun renseignement sérieux ne put être rapporté au gouverneur sur la marche et la direction des armées ennemies.
    À proximité immédiate de la place, la garnison procède avec fièvre aux travaux de défense, mais en réalité Montmédy est presque indéfendable. La citadelle fournit un point de mire que l'artillerie lourde allemande aura tôt fait de détruire à distance, puisque l'artillerie de la place n'a qu'une portée beaucoup plus restreinte. C'est pourquoi le gouverneur prescrit l'exécution immédiate de certains travaux à l'extérieur.
    Les deux compagnies du 45e territorial commencent le défrichement et le déboisement des terrains militaires qui aboutissent à la forteresse, les arbres abattus étant laissés sur place pour retarder l'assaut éventuel des troupes ennemies.
    Un cordon de fil de fer barbelé est tendu autour des remparts.
    Sur le Haut-des-Forêts et sur la croupe de Béfosse, des tranchées sont organisées.
    Les diverses compagnies du 165e d'infanterie ont évacué leurs casernements pour cantonner dans les villages voisins : Fresnois, Thonne-la-Long. Thonnelle, Villécloye.
    Pendant ce temps, la place, conformément au plan général, se tient en liaison avec les divers corps qui effectuent leur marche en avant à proximité de Montmédy, 2e corps d'armée, 3e division d'infanterie, corps d'armée colonial, division de cavalerie du général de l'Espée, etc.
    De leur côté, les diverses unités de la garnison alternent les travaux de défense avec les exercices préparatoires de combat : lancement de grenades de forteresse, utilisation des postes de combat, exercices de compagnie en rase campagne.
    Les deux compagnies du 45e territorial effectuent même une marche qu'elles poussent jusqu'au village belge de Villers-devant-Orval, où elles arrivent le lendemain d'un combat de reconnaissance entre un détachement d'infanterie, un peloton de chasseurs d'Afrique et un escadron de uhlans. Elles rendent les honneurs à un soldat d'infanterie tué en ce combat et qu'elles inhument au cimetière du village. Puis elles rentrent de cette marche un peu osée, sans avoir été inquiétée par l'ennemi et en ramenant quelques trophées, notamment un cheval de uhlan, un sabre d'officier et quelques armes.
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    Le 19 août, le 20e corps d'armée passait à Montmédy, poursuivant la marche en avant qui devait constituer l'offensive de Belgique. Cette marche en avant dura deux jours, puis le calme complet régna dans la ville.
    Dans l'esprit de la garnison, Montmédy avait accompli définitivement son rôle de point d'appui des armées opérant dans leur marche offensive. Elle devenait, par suite une place forte de l'arrière.
    Ce rôle ne devait pas lui incomber pendant une bien longue période.
    En effet, le 22 août, le canon avait tonné toute la journée du côté de Virton. Cependant, aucune indication intéressante n'était parvenue à la place sur les opérations en cours.
    Mais dans la soirée du même jour, l'ordre arrive de préparer d'urgence des salles d'ambulance pour recevoir de nombreux blessés dans tous les locaux disponibles de la ville.
    Tous se tiennent prêts à intervenir, mais n'ont pas à entrer en action. L'ennemi, en effet, semble ne pas vouloir s'arrêter dans sa marche en avant, même pendant quelques jours. Devant le petit écueil que forme la forteresse, il la contourne à distance, hors de portée de nos canons et peu à peu, la garnison ressent l'étreinte de l'encerclement. À droite et à gauche, le son du canon va en s'éloignant. Dans quelques jours, ce sera l'isolement du monde.
    Seules, quelques reconnaissances ennemies cherchent à s'approcher de la ville, du côté est, vers la ferme du Valendon. Une patrouille de trois uhlans s'arrête à environ dix-huit cents mètres de la forteresse, descend de cheval, s'assied sur l'accotement de la route, étudiant sur la carte la situation des lieux.
    Une pièce du fort, braquée dans sa direction, envoie un obus qui tombe au milieu du groupe. Seul, un cheval peut s'échapper. Quelques hommes de corvée, envoyés sur les lieux, rapportent armes et documents trouvés sur les cadavres. Une autre pièce de siège tire également quelques coups sur de forts rassemblements ennemis signalés à la corne du bois d'Othe.
    Ce furent les seules opérations actives de combat de la garnison dans la place forte elle-même.
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 Les journées des 25 et 26 août furent jours d'angoisse et d'attente.
    Peu à peu le cercle ennemi continuait à se resserrer autour de Montmédy. Le bruit du canon, qui s'entendait quelques jours avant vers le nord, tonnait maintenant dans la direction de l'est et du sud.
    Vers l'ouest, la bataille faisait rage. Le soir, du haut des remparts, nous assistions aux combats d'artillerie qui se déroulaient dans la direction de Stenay.
    Notre seul but, pour le moment, était d'assurer la liaison avec la place de Longwy, que nous savions assiégée, mais dont nous n'avions, pour l'instant, aucune nouvelle. Cette liaison, qui précédemment s'opérait par fil télégraphique, fut interrompue par le bombardement de cette place. Il ne nous restait plus que le service de pigeons voyageurs.
    Nous avions eu connaissance de la promotion au rang d'officier de la Légion d'honneur du lieutenant-colonel Darche, gouverneur de Longwy. Ce fut notre dernier pigeon voyageur qui fut chargé de lui porter cette nouvelle, mais plus tard, lorsque les officiers de Longwy et de Montmédy se retrouvèrent en captivité, nous sûmes qu'aucun de nos messages n'était arrivé à destination, sans doute par suite de la destruction du pigeonnier militaire de Longwy.
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    Montmédy devenait séparée de la France non occupée : c'était une île au milieu de la mer.
    Une fièvre constante passait dans toute la garnison qui s'énervait de ne pouvoir utiliser ses forces vives et d'être obligée de subir, comme à Longwy, un siège que l'on sentait très proche et qui ne pouvait durer que quelques jours à peine.
    Ces prévisions étaient d'ailleurs exactes, puisqu'aussitôt la chute de Longwy, l'artillerie allemande avait été embarquée en direction de Montmédy et se trouvait, lors du départ de la garnison, en gare d'Ecouviez, c'est-à-dire à quinze kilomètres environ de la place.
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    La ligne de Longuyon à Charleville traverse plusieurs tunnels : celui de Wachémont, détruit par nos troupes au début des hostilités ; celui de Colmey, à un kilomètre du premier, resté intact ; et enfin, le plus important, celui de Montmédy, qui tient à la gare même et traverse la colline sur laquelle est bâtie la ville haute. C'était une oeuvre d'art essentiellement stratégique, minée à ses deux extrémités et à sa partie centrale, et reliée à la forteresse par un petit souterrain. Un poste de commandement, confié à un officier d'administration du génie, permettait, le moment venu, au moyen d'une batterie reliée aux trois foyers de mines, de faire sauter le tunnel sur l'ordre du gouverneur, ordre subordonné d'ailleurs à l'autorisation du G. Q. G.
    Préalablement à l'éventualité de cette opération, le génie de la place avait procédé à la destruction des ponts sur la Chiers, â l'entrée de Montmédy, à Vigneul, à Chauvency-le-Château et Chauvency-Saint-Hubert.
    Lorsque ces travaux furent exécutés, le gouverneur rendit compte de leur succès au général en chef, et demanda des instructions concernant le tunnel, estimant que le moment était venu de le rendre inutilisable.
    Le G. Q. G., par une première dépêche, ordonna le chargement des dispositifs de mines.
    Un second télégramme donnait l'ordre de faire sauter le tunnel. Cet ordre arriva dans la nuit du 26 au 27 août.
    Dès l'aube, l'ordre était transmis au génie chargé de l'exécution.
    L'officier d'administration Laboulbène, qui devait assurer ce service, étant absent, ce fut le capitaine Girard, commandant le génie de la place, qui dirigea lui-même cette opération.
Quelques instants après, vers quatre heures du matin, une formidable explosion retentissait, mettant le tunnel hors service pour plusieurs années, ce qui obligea par la suite les Allemands à construire une ligne provisoire qui traversait Montniédy-Bas, contournait la colline de Montmédy-Haut par le sud, pour rejoindre la ligne de Charleville au viaduc de la Chiers, près du village de Thonne-les-Prés.
Il eût été nécessaire également de faire sauter ce viaduc, ce qui eût retardé bien plus longtemps encore la reprise des transports de l'ennemi par voie ferrée. Mais cette destruction n'était pas prévue.

    La journée du 27 août fut languissante et mortelle. Chacun sentait l'approche d'une solution bonne ou mauvaise. Les officiers se réunissaient par groupes dans la place. Au-dehors, de nombreux civils s'attardaient près du pont-levis, demandant à entrer et à voir un parent ou un ami mobilisé. La permission ne pouvait être accordée, et quelques-uns s'en retournaient tristement, d'autres s'obstinaient à attendre une occasion qui ne se présentait jamais.
    Dans la matinée, le gouverneur réunit le conseil de défense de la place, et, après un examen attentif de la situation, décida, sur avis conforme, de rendre compte au G.Q.G., au moyen de la ligne télégraphique souterraine qui reliait Montmédy à Verdun, de la situation de la place, de la destruction des oeuvres d'art, et d'indiquer que le rôle de 1a forteresse était accompli conformément au plan de mobilisation.
    Il demandait enfin l'autorisation, pour la garnison, d'évacuer la citadelle et de chercher à gagner les lignes françaises par les moyens qu'il jugerait convenables.
    Vers trois heures de l'après-midi, une dépêche reçue par la même voie lui apportait l'autorisation demandée.
    La nouvelle s'en répandit rapidement dans toutes les unités, ce qui provoqua une effervescence aiguë et de nombreux commentaires. Les uns estimaient l'expédition dangereuse et inutile et constataient l'impossibilité absolue de traverser les lignes allemandes sans connaître la situation de marche des troupes ennemies. Les autres, au contraire, jugeaient qu'il était préférable de se battre en rase campagne plutôt que de supporter un bombardement sans pouvoir se défendre, et d'être ensevelis sous les décombres de la citadelle. Cette dernière opinion était, à juste titre, la plus répandue parmi les troupes de la garnison.
    Dès ce moment une activité croissante régna dans la place. Il s'agissait de détruire tout ce qu'il était possible de matériel et de n'abandonner à l'ennemi que ce que l'on ne pouvait mettre hors d'état de service.
    Dans chaque compagnie, toutes les archives furent brûlées, ainsi que celles de l'état-major de la place, et notamment les plans de mobilisation. Toutes les poudres furent noyées dans les puits et les citernes de la ville haute. Les culasses des canons furent enlevées et jetées à une certaine distance dans la rivière. Les diverses pièces de mécanisme des canons et des mitrailleuses furent mises hors d'usage, les gargousses furent jetées dans les remparts ; les demi-muids de vin furent défoncés à coup de masse. Quelques hommes en profitèrent pour s'enivrer, mais ce fut une exception, et plusieurs d'entre eux, aperçus par des officiers, furent menacés par eux de leur revolver s'ils ne cessaient une action aussi dégradante en un tel moment.
    C'est de là que, plus tard, des récits tendancieux, dans la presse allemande, rapportèrent que la garnison de Montmédy était ivre lorsqu'elle quitta la place.
    De si misérables insinuations ne mériteraient même pas d'être rapportées ici.
    Quant aux vivres, boîtes de conserve, réserves de farine, de tabac, etc., il était malheureusement impossible d'en faire une destruction totale en si peu de temps, étant donné que le service de manutention avait des réserves pour une garnison de 2700 hommes et pour trois mois.
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    L'ordre du gouverneur fixait le départ de la garnison à 8 heures du soir.
Mais il était nécessaire d'obtenir au préalable quelques indications sur la situation de l'ennemi et notamment sur la marche en avant des troupes allemandes. Depuis le recul de l'armée française, Montmédy était restée isolée, sans aucun contact avec l'extérieur. Il fallait donc arriver à trouver le point faible pour forcer les lignes allemandes et essayer de gagner Verdun.
    Du côté ouest, vers Stenay, la veille, la garnison avait assisté au combat d'artillerie qui, peu à peu, s'était éteint, ce qui semblait indiquer que de ce côté l'ennemi s'avançait rapidement.
    Du côté est, on avait aperçu, les jours précédents, d'immenses lueurs semblant confirmer les incendies de diverses localités.
    Il n'y avait donc que le sud qui paraissait favorable à l'expédition.
    Le plan du gouverneur fut alors arrêté. Il fallait essayer de gagner Dun ou Consenvoye, et de traverser la Meuse. Derrière cette rivière, on se trouvait à couvert sous le feu des canons de Verdun et la partie était gagnée.
    Des patrouilles cyclistes furent envoyées en reconnaissance vers cette région. Elles revinrent sur le soir, indiquant qu'elles n'avaient rencontré aucun obstacle.
    Les ordres préparatoires furent alors communiqués aux diverses unités.
    Tous les chevaux de selle ou de trait devaient être abandonnés, ainsi qu'un troupeau d'environ 40 vaches qui se trouvait en réserve dans les fossés des remparts. Aucun matériel, aucun bagage ne devait être emporté, pas même les havresacs, chaque homme devant être allégé dans la mesure du possible en vue d'une marche longue et pénible. Seulement deux musettes par homme, avec cinq jours de vivres et 200 cartouches. Tout accessoire, et notamment le tabac et les allumettes, était strictement interdit.
    Pas de voitures d'ambulances ni de brancards. Un paquet de pansements par homme.
    À sept heures du soir, l'ordre de rassemblement était donné. Minute palpitante qu'un tel instant où l'on abandonnait une place forte à l'ennemi, pour partir vers l'inconnu.
    La colonne devant être imposante, le gouverneur décide de l'alléger. À ce sujet, il stipule que le personnel sanitaire comprenant notamment plusieurs médecins-majors, des pharmaciens militaires et les infirmiers, resterait à l'hôpital de Montmédy pour soigner les grands blessés provenant de la bataille de Belgique, et qui n'avaient pu être évacués par suite de leur état.
    Ce personnel, d'ailleurs, était couvert par la Convention de Genève. On sait comment l'ennemi la respecta. Nous devions retrouver, par la suite, tous les membres du service sanitaire prisonniers en Allemagne.
    Il y avait dans la place environ 200 auxiliaires d'artillerie, tous appartenant à la réserve de l'armée territoriale, pour la plupart âgés et inaptes à un service actif régulier. Il n'était pas possible de songer à les incorporer dans la colonne pour la sortie projetée. Tous étant domiciliés dans les environs de Montmédy, le gouverneur décide de les renvoyer dans leurs foyers, avec mention spéciale sur leur livret militaire et ordre de se mettre à la disposition du commandement français dès que les événements permettraient de le faire.
    Enfin, on laissait à Montmédy-Haut le gardien de prison avec quelques détenus de droit commun et un prisonnier allemand qui devait d'ailleurs être libéré lors de l'entrée des troupes allemandes dans la place.
À huit heures du soir, l'ordre de départ était donné.
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La colonne était ainsi composée :
Avant-garde et patrouilles de flancs-gardes.
Gros : 3 compagnies du 165e d'infanterie.
Batterie du 5e d'artillerie à pied.
9e et 10e compagnies du 45e territorial.
Génie.
Éléments divers : administration, gendarmes, forestiers, douaniers.
Éléments étrangers à la garnison : détachements du 102e d'infanterie et coloniaux.
Arrière-garde : une compagnie du 165e d'infanterie.
Au total : 2.300 hommes.

    L'avant-garde était commandée par le lieutenant Servantie, du 165e d'infanterie.
    En outre, un détachement du génie avait précédé la colonne jusqu'à Ham-lès-Juvigny pour s'assurer que les ponts n'avaient pas été détruits sur la rivière la Loison. Le but, nous l'avons dit, était le passage de la Meuse à Dun ou Consenvoye, la colonne devant y aboutir par Ham-lès-Juvigny et la forêt de la Woëvre.
    La garnison se mit en marche silencieusement, quittant avec quelque regret cette vieille forteresse dont elle avait espéré un rôle beaucoup plus actif. Sur le passage de la troupe, à Montmédy-Bas, les habitants formaient la haie, anxieux de voir leurs défenseurs les abandonner dans de telles circonstances, leur jetant dans la nuit des paroles d'adieu, leur distribuant des poignées de main, les larmes aux yeux. Le tableau était véritablement saisissant.
    La colonne suivit tout d'abord la voie étroite du chemin de fer meusien, ligne de Montmédy à Verdun. La marche fut rendue pénible précisément par l'exiguïté de la voie, le peu d'espacement des traverses et l'empierrement intercalaire. Cette difficulté se continua jusqu'à Ham-lès-Juvigny. En outre, la ligne était construite en déblai, et la crainte apparaissait à chaque instant d'une surprise de l'ennemi qui aurait eu de ce fait une supériorité incontestable, la colonne ne pouvant pas se déployer et, par suite, riposter efficacement à une attaque.
    Il y eut quelques à-coups dans cette marche, et qui se renouvelèrent à intervalle rapproché.
    Ce fut d'abord, lors d'un premier arrêt et à la reprise de la marche, des hommes qui se jetèrent de côté, dans le bois qui longe la rivière. Quelques-uns se noyèrent. D'autres, se croyant attaqués par un ennemi qu'ils ne pouvaient discerner, se mirent à tirer des coups de fusil, fait qui eût pu amener des conséquences déplorables.
    La cause de cette alerte venait du fait que la colonne avait fait lever une horde de sangliers qui chargea devant elle sur la voie ferrée.
    L'émotion passée, la colonne se remit en marche, mais, par suite de sa longueur, de nouveaux flottements se produisirent qui amenèrent de nouveaux arrêts. Puis ce fut une seconde poussée, semblable à la première, mais cette fois sans cause apparente. Désireux de me rendre compte, je me portai en avant de la colonne et, lors d'un nouvel arrêt et de la reprise de la marche, une troisième poussée, aussitôt réprimée, se produisit. Cela provenait uniquement de la lassitude des hommes qui, s'asseyant sur le bord du talus, somnolaient encore au moment de se remettre en marche. Le fourreau de leur baïonnette frappait alors le quart se trouvant dans leur musette ou les rails de la voie, et ce tintement métallique, se prolongeant régulièrement sur toute la profondeur de la colonne, provoquait un son régulier que l'esprit endormi ne pouvait s'expliquer. De là à la panique, il n'y avait qu'un pas. Mais la troisième tentative, avortée, fut la dernière.
    Le gouverneur avait décidé d'éviter la traversée des villages qui pouvaient être occupés par l'ennemi, ce qui aurait occasionné de nouvelles difficultés dans la marche de la petite troupe et compromis la réussite de la manoeuvre.
    C'est pourquoi, laissant devant lui le village de Ham-lès-Juvigny, il fit traverser le petit bois qui tombe à pic sur la rivière la Loison. Cette marche en pleine nuit, à travers un bois en coteau, amena de nouveaux flottements et la colonne, aboutissant sur un chemin de terre qui longe la rivière, se trouva coupée en deux tronçons. Le premier continua sa marche. Le second perdit quelque temps à se reformer et se trouva complètement séparé du gros. En outre, quelques hommes, trompés par le reflet de la lune, prirent la Loison pour une route et se jetèrent dans la rivière où ils se noyèrent.
    Vers le point du jour, le gros parvenait à joindre la lisière de la forêt de la Woëvre et atteignait, à sept heures du matin, le but fixé pour la première partie de l'itinéraire, la fontaine Saint-Dagobert, sans avoir été aperçu par l'ennemi.
    Peu après, la deuxième fraction de la colonne, qui avait perdu le contact au bois de Ham, rejoignait le même point.
    Le gouverneur fit reprendre leur ordre aux diverses unités et installa la troupe en bivouac.
    Des avant-postes de protection furent placés en divers points et des patrouilles furent envoyées dans la direction de Dun-sur-Meuse, à quelques kilomètres de là. Celles-ci revinrent dans la matinée, apportant l'indication que des forces ennemies assez importantes se trouvaient dans les environs.
    Le service de sûreté amena au gouverneur un civil qui s'était présenté à nos avant-postes. C'était, paraît-il, le maire de Dun qui, nous ayant aperçus, venait signaler que la petite ville n'était occupée que par une cinquantaine de uhlans, dont on pouvait avoir facilement raison.
    Mais le colonel Faurès ne voulut pas le recevoir, ignorant son identité et craignant les embûches et l'espionnage, toujours à redouter dans de telles circonstances.
    D'autre part, il eut fallu franchir en rase campagne quelques kilomètres, ce qui pouvait obliger la colonne à soutenir une attaque ennemie en disproportion avec ses moyens de combat. Le gouverneur préféra ne pas se départir du programme qu'il s'était tracé.
    Son but était le suivant : se terrer de jour et marcher la nuit. Mais comment calmer, pendant une longue journée d'attente, l'impatience d'une troupe qui sentait proche la réussite de l'expédition et savait aussi que ces longues heures perdues augmentaient les difficultés et permettaient à l'ennemi d'étendre la marche envahissante de ses armées ?
    Les officiers, dans une conversation amicale qu'ils eurent avec le gouverneur, pendant ce repos forcé, lui firent part de leurs appréhensions et de l'impatience que tous ressentaient de reprendre la marche aussitôt que possible.
    Le gouverneur, se rangeant à cet avis, décida de repartir vers le sud pour tenter d'atteindre la Meuse à Consenvoye, en traversant les bois de Murvaux, aux environs de Brandeville.
Le départ eut lieu vers quatre heures du soir.
C'est alors qu'un avion ennemi vint tournoyer à faible hauteur au-dessus de la colonne qui, sur l'ordre de son chef, se jeta aussitôt sous bois.
    Il fut toujours impossible de savoir si la troupe avait été repérée ou, plus simplement, si le commandement allemand ayant été averti de la sortie de la garnison de Montmédy avait envoyé cet avion en reconnaissance dans la région.
Vers six heures du soir, la colonne débouche sur un chemin de vidange dans la forêt, aboutissant à la route de Brandeville à Murvaux. Elle s'arrête à 500 mètres environ de la lisière du bois et le lieutenant-colonel Faurès envoie de ce côté, et sur plusieurs points, des patrouilles pour reconnaître le terrain. Celles-ci reviennent peu après, renseignant que les routes sont sillonnées de troupes et de convois ennemis en direction de Dun et qu'un poste important se trouve sur la route de Brandeville.
    Le gouverneur, reconnaissant que le manque d'homogénéité de sa troupe, entraînée aux exercices de défense d'une place forte, mais non aux opérations en rase campagne, ne lui permettait pas de tenter par un coup de main la traversée de colonnes ennemies la nuit, décide de s'arrêter à cet endroit, propice d'ailleurs, puisqu'il se trouve dans une coupe forestière en exploitation, et d'attendre le point du jour pour forcer le passage à moins que les patrouilles ne l'avertissent de la disparition des obstacles.
    Il donne l'ordre à la colonne de se former en rassemblement, opération qui, malgré les difficultés du terrain, se fait rapidement et sans bruit.
    Des avant-postes sont placés sur la lisière du bois pour surveiller les mouvements de l'ennemi.
    Toute la nuit, sur la route Brandeville-Murvaux et Brandeville-Louppy, des convois allemands ne cessèrent de passer; il semble que le commandement ennemi ne leur ait donné aucune indication sur la proximité éventuelle de la garnison de Montmédy, car le bruit de leurs conversations qui arrivait jusqu'à nous indiquait suffisamment qu'ils n'avaient à ce sujet aucune méfiance.
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Le 29 août, vers une heure du matin, le lieutenant-colonel Faurès réunit les officiers commandants d'unités pour leur donner ses instructions. « Les renseignements que je possède, dit-il, ne sont guère plus précis que ceux recueillis hier soir à notre arrivée à ce point. Le poste ennemi établi au carrefour des chemins de Brandeville à Murvaux et à Louppy est toujours en place. Les passages de convois ont cessé. Il nous faut traverser la route et chercher à gagner à nouveau le sud vers Consenvoye bien que je ne connaisse pas l'importance des forces qui sont devant nous. Le rendez-vous, après les diverses phases du combat, se fera aux fermes d'Alger et de Constantine. Messieurs, tant pis pour qui tombe. Bonne chance et à ce soir ! »
Dans l'esprit du gouverneur, le combat ne pouvait avoir lieu qu'en ordre serré. En réalité, au cours des opérations, les diverses unités pouvaient se trouver séparées momentanément puisqu'il fallait tout d'abord bousculer le poste ennemi et traverser des forces plus importantes qui, certainement, arriveraient en renfort. Mais le ralliement s'opérerait peu à peu aux divers points indiqués par lui. À quatre heures du matin, ordre de marche en-avant est donné.
Une compagnie d'infanterie part en avant-garde, le reste de la colonne en formation de lignes de sections par quatre : d'abord, les trois autres compagnies du 165e d'infanterie, la batterie d'artillerie à pied, les 9e et 10e compagnies du 45e territorial, enfin les fractions isolées.
Pendant quelque temps, la marche s'effectua normalement. On put croire un instant que la compagnie d'avant-garde avait franchi sans incident la route de Brandeville-Murvaux ; il n'en était rien.
    Une vive fusillade indiqua bientôt au gros de la colonne que le combat était engagé.
    En effet, la compagnie d'avant-garde, sous le commandement des lieutenants Servantie et Hemeury, tombait, à la baïonnette, sur la grand'garde allemande, la nettoyant entièrement et fusillant cinq officiers d'état-major, dont un colonel de chevaux-légers, occupés à étudier, carte en mains, la situation de la région.
    Du côté français, un arrêt s'était produit dans la marche de la colonne. Les deux compagnies de territoriale doublaient les artilleurs et, en cours de route, rencontraient le lieutenant Tronçon qui leur apportait l'ordre du colonel de se déployer sur la gauche.
    Bientôt, la colonne entière occupait la lisière du bois et le combat devint acharné.
    Du côté droit du chemin de vidange de la forêt, le 165e d'infanterie, le 50e d'artillerie, les diverses fractions isolées cherchaient à franchir le passage. Une compagnie d'infanterie partit à la baïonnette. Elle fut fauchée par les mitrailleuses ennemies et ses débris durent rétrograder à la lisière de la forêt.
    Du côté allemand débouchaient, sur la route de Murvaux et de la colline Saint-Germain, d'importants éléments de cavalerie qui engageaient le combat à pied. Toutes ces troupes appartenaient au XIII° corps würtembourgeois, en marche sur la Meuse (2).
    Le 165e d'infanterie chercha encore à progresser ; il put franchir le chemin et se porta en avant, gagnant ainsi un espace de cinq cents mètres. Mais il se heurta bientôt au gros des forces allemandes venues en renfort et fut à nouveau obligé de reculer, subissant des pertes importantes.
    Les deux compagnies du 45e territorial, couvertes sur le côté gauche du bois par une section de la 9e compagnie, se trouvaient de leur côté séparées de l'ennemi par de simples champs de blé. Elles arrosaient la route de leur tir, empêchant ainsi les Allemands d'approcher de ce côté.
    Les pertes étaient sérieuses : le commandant Hugues, le capitaine Nojean étaient frappés à mort ; bientôt c'était le tour des capitaines Girard, Leleu, Bassereau et Lejay. Les lieutenants Servantie et Hemeury, de l'avant-garde étaient tombés au début de l'attaque.
Du côté ennemi, les renforts continuaient à arriver, les mitrailleuses entraient en action; l'artillerie se mettait en batterie derrière la colline Saint-Germain.
Du côté français, rien que des fusils.
    L'ennemi chercha à tourner le bois par le sud. Les deux compagnies du 45e territorial continuèrent de tenter l'arrêt du mouvement.
    Le lieutenant Tronçon tomba frappé d'une balle au ventre, en faisant le coup de feu.
    La liaison entre les diverses unités en ligne était devenue impossible et le colonel Faurès ne pouvait plus avoir, de ce fait, la direction effective du combat. Chaque groupe se trouvait ainsi sous la direction immédiate de son chef.
    Le combat se poursuivit longtemps encore, mais inégal. Des deux côtés il y avait des pertes importantes, mais, du côté français, les divers éléments, traqués de toutes parts, vaincus par la fatigue, les privations et les pertes, étaient de plus en plus isolés les uns des autres et, peu à peu, tombaient aux mains de l'ennemi. Quelques-uns, résolus à se défendre jusqu'à la dernière limite, tentèrent, par un mouvement de repli, à échapper à la captivité. Ils y réussirent. Mais, par la suite, dans l'impossibilité de se ravitailler, ayant vécu plusieurs jours dans le bois, ils furent pris par petits paquets et rejoignirent en Allemagne leurs camarades faits prisonniers sur le champ de bataille.
Le combat avait duré quatre heures environ.
    Le lieutenant-colonel Faurès qui avait été blessé légèrement à la main par une balle, fut également fait prisonnier. Il fut conduit au général allemand Von Fabeck, commandant le XIII° corps wurtembergeois, qui se trouvait avec son état-major à la lisière du bois de Louppy, puis emmené en auto au quartier général du Kronprinz, à Aumetz, où il passa la nuit du 29 au 30 août.
    Le lendemain il fut dirigé sur Ingolstadt, en Bavière, où il fut interné au fort IX d'Oberstimm. Là, il retrouva quelques officiers de la garnison de Montmédy, auxquels vinrent par la suite se joindre les autres officiers indemnes ou légèrement blessés.
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    Telle fut l'épopée d'une vaillante petite garnison sur laquelle on garda longtemps, en France, le silence par manque d'indications précises.
    Une vingtaine d'hommes et le médecin-major du 45e territorial purent seuls franchir les lignes allemandes et arriver à Verdun où le récit de leur marche laissa longtemps, parmi les autorités militaires, un soupçon d'incrédulité.
    Parmi ces hommes qui évitèrent les dures années de captivité, il est nécessaire de faire une division :
Ce sont ceux d'abord qui ont assisté au combat.
Ce sont ceux, ensuite, qui ont, pendant la marche de nuit du 27 au 28 août, été involontairement séparés du gros de la colonne par suite des à-coups qui se sont produits.
    Il y a aussi quelques isolés qui, pendant cette même marche, ont profité de la nuit pour se séparer de leur unité et tenter isolément la traversée des lignes ennemies.
    Cette initiative de leur part ne fut peut-être pas entièrement conforme à la discipline militaire, mais nous devons les excuser, eu égard au but qu'ils se proposaient d'atteindre.
    Quant à ceux qui ont réussi à gagner Verdun après le combat, soit isolément, soit par petits groupes, ils sont peu nombreux. Mais ce sont des héros qui, bravant les fatigues et les privations, ont surmonté toutes les difficultés pour rejoindre les unités combattantes. Devant eux, nous nous inclinons, car leur vaillance ne fut pas appréciée en haut lieu et, tout comme leurs camarades infortunés faits prisonniers, ils ont continué à rester dans l'ombre.
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    Signalons en passant la bonne foi allemande déjà mise à l'épreuve à plusieurs reprises et qui se fit apprécier singulièrement pendant le cours du combat.
    Au plus vif de l'action, nos lignes entendirent les clairons sonner : « Cessez le feu ! »
Cette sonnerie venait du côté ennemi.
    Puis, sur le champ même de la bataille, des groupes de brancardiers allemands, précédés de fanions aux insignes de la Croix-Rouge, se présentèrent pour ramasser les blessés.
    Du côté français, le feu cessa aussitôt. Mais les Allemands, utilisant cette ruse de guerre, en profitèrent pour avancer leurs lignes et reprendre le combat. Ce voyant, les nôtres firent de même.
    C'est ainsi que l'ennemi nous accusa d'avoir tiré sur leurs formations sanitaires.
    Un autre incident faillit avoir des conséquences tragiques.
    Le 30 août, quatre officiers et cinquante hommes environ de notre garnison, faits prisonniers, se trouvaient enfermés dans une salle de l'Hôtel de Ville de Montmédy. Dans la matinée, un chef du service sanitaire allemand vint trouver l'un des officiers prisonniers et lui demanda de lui indiquer, sur la carte, l'endroit exact du combat, pour lui permettre de faire relever les blessés.
    Le 31 août, ce chef sanitaire, accompagné de plusieurs officiers allemands, revenait à l'Hôtel de Ville et, hurlant, vociférant, déclarait qu'il avait trouvé dans la forêt, sur le lieu même des opérations, des soldats allemands ligotés aux arbres avec des cordes, et les yeux crevés à coups de baïonnette.
    Cette accusation était absurde : la garnison de Montmédy avait quitté la place sans aucun matériel et, lors du combat, les Français s'étaient trouvés dans l'impossibilité de faire le moindre prisonnier.
    Les officiers français se défendirent énergiquement de tout esprit de barbarie dans leur mode de combattre.
    Ce n'était, de la part des Allemands, qu'une entrée en matière pour arriver à des représailles extrêmement graves.
    Heureusement qu'à la même heure arrivait un ordre supérieur de diriger les prisonniers, par voie de terre, vers Longuyon, pour les embarquer vers l'Allemagne.


Témoignage du général Von Moser

Le général Von Moser commandait la 53e brigade wurtembergeoise (Stuttgard, en 1923)3
Général wurtembourgois Otto von Mauser
       Subitement, tout près de nous, une fusillade furieuse, mais très courte. Nous faisons halte, états-majors de division et de brigade réunis, prés de la route. Tout à coup sifflent autour de nous des balles isolées. Situation inquiétante, énigmatique. J'envoie au galop des officiers et des estafettes vers l'avant. Ils rapportent bientôt la solution de l'énigme. Le gouverneur de la forteresse de Montmédy, avec sa garnison - plusieurs milliers de fantassins et d'artilleurs - a évacué la forteresse le 27 au soir pour tâcher de rallier Verdun par la voie la plus courte, à travers bois. Il faut qu'il se soit complètement perdu pour se trouver, le 29 au matin, à peine à quinze kilomètres de Montmédy. Il y a une demi-heure, en plein bois, il est tombé sur des éléments du corps de cavalerie qui nous précède et sur une compagnie du génie qui se trouvait là. Alors, une scène déplorable s'est produite. Pendant que la plus grande partie des Français levait haut les mains pour se rendre, d'autres, en même temps, ouvraient un feu rapide et infligeaient de fortes pertes à un de nos régiments de cavalerie, surtout aux officiers qui étaient groupés en tête ; et des pertes encore plus considérables à la compagnie du génie qui avait formé les faisceaux et qui, en une minute, à elle seule, compta quarante morts et un grand nombre de blessés. Là-dessus, un certain nombre des autres Français avaient repris leurs armes. Il faut agir au plus vite. J'envoie immédiatement un bataillon tout droit en avant, un autre à droite de la route, à travers le bois. Le danger est que nos propres troupes, dans cette région boisée, tirent les unes sur les autres. Je commande donc que mes bataillons crient sans arrêt « Hurrah » et « Vorwaerts ! », et que les tambours et clairons jouent sans cesse des sonneries allemandes. C'est, dans le bois, un bruit formidable. Aussitôt après, je fais avancer de nouveau notre colonne. On entend de nouveau une fusillade courte, mais furieuse, puis un silence de mort. Je galope en avant et tombe tout de suite sur le gouverneur de Montmédy, fait prisonnier, un homme à la barbe grise, de soixante ans environ, blessé à la main, avec lequel j'échange quelques mots. On l'emmène en fourgon à l'état-major de l'armée. Puis je vois des centaines de prisonniers français mis en rang pour être transportés à l'arrière. En allant plus loin, je vois un spectacle que je n'oublierai jamais de ma vie : les Allemands, par représailles, ont pris les fantassins français qui avaient infligé traîtreusement de si lourdes pertes à nos troupes, sous un feu rapide, de tous côtés, au moment où ils traversaient la route ; et, maintenant, sur la route et sur les côtés, comme moissonnés par une faux, gisent des cadavres français, dont j'estime le nombre à trois ou quatre cents.
    « Terrible vision que je voudrais imprimer dans la conscience des criminels, auteurs de cette guerre. »
Otto von Moser est l'auteur d'un ouvrage : "Die Württemberger in Weltkriege, Ein Geshichte, Erinnerunge und Bolfebuch" édité chez Belser à Stuttgart en 1927 qui retrace la bataille de Brandeville. Extrait de l'ouvrage de Otto von Moser page 213
Extrait de l'ouvrage de Otto von Moser page 214 Extrait de l'ouvrage de Otto von Moser page 215


Dans la presse française


Journal des Sinistrés

2 septembre 1923
Extrait du journal des sinistrés   Extrait du journal des sinistrés
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Progrès lorrain du 7 septembre 1924

Progrès lorrain du 7 septembre 1924

Progrès lorrain du 7 septembre 1924 Progrès lorrain du 7 septembre 1924 Progrès lorrain du 7 septembre 1924 Progrès lorrain du 7 septembre 1924 Progrès lorrain du 7 septembre 1924 Progrès lorrain du 7 septembre 1924 Progrès lorrain du 7 septembre 1924 Progrès lorrain du 7 septembre 1924

Réponse du capitaine Julliac dans le Progrès Lorrain du 31 août 1924

Réponse du Capitaine Julliac dans le Progrès Lorrain
Réponse du Capitaine Julliac dans le Progrès Lorrain
Réponse du Capitaine Julliac dans le Progrès Lorrain
Réponse du Capitaine Julliac dans le Progrès Lorrain
Réponse du Capitaine Julliac dans le Progrès Lorrain





Dans la presse Allemande

Extrait du journal Allemand :"Die Grosse Zeit" nº 4

Le Coup de Main sur Montmédy

La forteresse de Montmédy est tombée entre les mains allemandes sans combat, après que le commandant, avec toute la garnison, fût fait prisonnier au cours d'une sortie. L'occupation de la place a été décrite comme suit, par un officier du régiment de Silésie.
     Le 29 août, dans la soirée, après une chevauchée de dix heures sous un soleil brûlant, j'étais excessivement fatigué et je voulais me mettre au lit, c'est-à-dire sur quelques brindilles de paille recouvertes d'une toile, lorsqu'un planton m'apporta l'ordre suivant : Monsieur X... se rendra de suite près du capitaine avec un fusil ou une carabine. Il s'agit d'une entreprise nocturne.
 Donc, adieu repos ! Je mets rapidement mes bottes et mes éperons, et me rends chez le commandant où l'auto d'un lieutenant de réserve était déjà prête à partir. En plus de lui et du capitaine commandant, prenaient part au raid nocturne, le capitaine baron de L., moi et le chauffeur, tous armés jusqu'aux dents.
 Il ne s'agissait de rien moins que l'occupation, par surprise, de la forteresse de Montmédy. Une patrouille d'un régiment de Landwehr s'était glissée dans la ville et avait appris des habitants que la garnison (environ 3.000 hommes) était partie. Mais elle n'avait pu savoir s'il s'agissait d'une simple sortie ou d'un départ définitif. Nous devons donc essayer de pousser de nuit dans la ville et dans la forteresse, située sur une hauteur, et de forcer, par surprise, le commandant à se rendre.
À Herbeuval, nos troupes sont alertées en silence et la colonne devant attaquer est rassemblée : un bataillon de Landwehr commandé par le lieutenant-colonel G. et un demi-escadron d'un régiment de cavalerie de Landwehr se joignent à nous. Si l'on n'entend aucun bruit de combat d'ici le jour, une batterie d'artillerie à pied doit se mettre en route dans la direction de Montmédy.
    À Herbeuval, nous faisons sortir du lit un paysan pour nous servir de guide. Nous ne devons pas utiliser la route, mais prendre les à-côtés qui doivent être moins surveillés.
     Entre temps, le brouillard est tombé, le ciel est clair et quelques étoiles répandent une faible lumière. Les rues d'Herbeuval se remplissent sans bruit de soldats qui sont rassemblés par des officiers portant des lanternes.
     À minuit, tout est prêt. Nous montons sur les chevaux de réquisition de l'artillerie (chevaux de peu de valeur comme chevaux de selle), et nous nous mettons à la tête de cette colonne mystérieuse. On n'entend aucun bruit, car il a été interdit de parler. De même, on a défendu de fumer. Le martèlement des fers des chevaux trouble seul le silence.
    À deux heures du matin, le grand viaduc du chemin de fer devant Montmédy est atteint. À cet endroit, nous mettons pied à terre. Les chevaux sont conduits au bridon pour les empêcher de hennir. Les baïonnettes sont mises au canon, car il ne semble pas possible que cette place, qui pourtant ne peut tenir que quelques jours avec les engins modernes, soit rendue par les Français sans un coup de fusil. Une sensation particulière s'empare de chacun de nous. De quel buisson partiront les premiers coups ? Y a-t-il des mitrailleuses à Montmédy ? Mais rien ne bouge. Nous marchons dans un chemin creux. Les talus de chaque côté de la route ont bien cinq mètres de hauteur et les Français pourraient, dans cet endroit, nous exterminer tous avec facilité. Mais ce passage dangereux a été traversé sans que nous ayons reçu un coup de fusil. Nous sommes à présent sur les glacis. Deux compagnies se dirigent sur la ville basse, tandis que nous remontons à cheval et prenons, avec les deux autres compagnies, la large route qui conduit à la citadelle. Le calme de la nuit n'est toujours troublé que par notre marche. Un coude de la route et l'un des cavaliers qui nous précède crie : la forteresse est abandonnée, le drapeau blanc flotte sur les remparts. Et en effet, au vent léger du matin, flotte, attaché à une hampe primitive, le drapeau blanc. Mais ce peut être aussi une ruse de guerre comme les Français en emploient beaucoup. Un officier français, par exemple, n'a cessé de crier en allemand, au cours d'une attaque nocturne effectuée par nos troupes près d'Inor, pour franchir la Meuse : « Ne tirez pas, halte ! Ce sont les nôtres ! » Et lorsque nos hommes eurent cessé le feu, le feu ennemi à son tour crépita à courte distance.
Prudemment, et tout en observant à droite et à gauche, nous franchissons la courtine et arrivons sur la Place de I'Église, absolument vide, où nous pouvons nous convaincre que la citadelle est, en effet, abandonnée. Le gardien de prison et sa femme, ainsi que le concierge du tribunal (car le tribunal et la prison sont logés dans la citadelle) sont seuls présents. Ils nous racontent que, dans la prison, il y a sept prisonniers de guerre allemands. La joie de ces hommes lorsque nous fîmes ouvrir leur cellule et qu'ils virent des uniformes allemands était indescriptible. Ils avaient été bien traités. Un uhlan, seul, avait été malmené par les soldats français qui l'amenaient à Montmédy.
    Après que les postes nécessaires eurent été placés, nous examinâmes les ouvrages de la forteresse à la Vauban. L'armement était en partie d'un type tout à fait vieilli. Des nouveaux canons qui, pour la plupart, portaient la date de 1880, les ennemis, en se retirant, avaient enlevé les culasses. À côté de rangs entiers d'obus nouveaux s'élevaient de vieilles bombes primitives à mèches. Dans les fossés (secs) de la forteresse, il y avait des centaines de gargousses. Six mitrailleuses avec leurs munitions étaient complètement utilisables. Quelques automobiles, très beIles, avaient été rendues inutilisables par l'enlèvement de la magnéto, mais le baron D. eut vite fait d'en remettre une en état.
        Dans la petite ville de Montmédy, qu'on nomme Montmédy-Bas, par opposition à la forteresse, nous trouvâmes encore deux soldats allemands soignés à l'hôpital français. Un troisième, un sous-officier nommé Krause, était mort peu de jours auparavant et, sur l'ordre du gouverneur, avait été enterré avec les honneurs militaires. Le gouverneur avait, avant de quitter la place, fait sauter un tunnel qui avait aussi détruit en partie une canalisation d'eau, de sorte que l'eau manquait dans la ville.
L'absence de ce liquide précieux était évidemment préjudiciable aux habitants. Nous préférâmes, quant à nous, aller boire dans le premier hôtel du lieu, le champagne français à notre victoire.
    « Les habitants nous racontèrent que le gouverneur, comprenant l'impossibilité d'une plus longue résistance, avait décidé, sur leur prière et d'une façon tout à fait inopinée, l'abandon de la forteresse pour éviter à la ville les horreurs d'un bombardement. Les réseaux de fils de fer inachevés sur les glacis et à l'entrée de la forteresse montraient combien rapido avait été l'évacuation de la place. La forteresse fut bientôt garnie de canons allemands. »
  Dans le péristyle de l'Hôtel de Ville de Longuyon et dans toutes les salles, il y avait des blessés français couchés sur des brancards ou des matelas. Un officier supérieur français, la croix de la Légion d'honneur sur la poitrine, se tenait au milieu d'eux. On dit que c'est le commandant de Montmédy, le type de l'officier français distingué, à l'allure martiale, impressionnante, comme nous le connaissons par la littérature. Il raconte comment il voulait quitter la place et gagner Verdun.
À la sortie du bois, ils ont été attaqués d'une façon inattendue par les Allemands qui, eux-mêmes, ne s'attendaient pas à cette rencontre. Le combat s'est rapidement décidé en faveur des Allemands.
    « J'ai à peine pu tirer un coup de fusil et j'ai eu mon affaire », dit un soldat couché sur la paille et blessé au mollet.

Autres documents




Le champ de bataille
de Brandeville

Dessin d'un officier allemand


Archives de
la ville de Montmédy
Bataille de Brandeville

Témoignage anonyme

Témoignage anonyme  recueilli par  P. ERRARD  sur la vie de Montmédy du 1er Aout 1914 au 1er juin 1915
Accès au texte en cours de correction

Témoignage de M. Lambert

Témoignage paru dans la revue du SIVOM du val Dunois «Par dessus les clochers» n°43 13ème année mars 2000
Le combat de Brandeville  (début septembre 1914)

Mon père, Ernest LAMBERT, né le 20-01-1878 à Le Dancourt, écart de Donchery (Ardennes), a fait son service militaire au 91e régiment d'infanterie. A la déclaration de guerre d'août 1914. il a été rappelé et affecté au 45e territorial en garnison à la citadelle de Montmédy.
Il n'aimait pas parler de cet épisode, car à la guerre de 14/18, pour être un bon soldat, il fallait être tué ou blessé. Mais un prisonnier était considéré comme un déserteur !
D'après le peu qu'il m'a raconté ou de ce que j'ai entendu quand il recevait un camarade de Sedan, M. HEUMANN, qui avait fait le même parcours, depuis l'évacuation de la citadelle jusqu'au camp de prisonniers, Stalag de Stuttgart, 38e escouade dépôt, N 2.
Bataille de Brandeville : Au début de l'engagement, le commandement a fait attaquer à la baïonnette les Allemands assez bien retranchés et disposant de plusieurs mitrailleuses alors que les Français n'avaient que leurs fusils et baïonnettes. Le 43e territorial se trouvait à l'une des extrémités de ce combat. Les soldats ont fait le coup de feu jusqu'à épuisement de leurs munitions et comme l'ordre était de franchir la route Brandeville-Murvaux, ils ont gagné les bois en la traversant (une cinquantaine environ).
Coupés de tout, n'ayant plus de munitions et à peine de vivres, ils sont partis à travers bois au-dessus de Murvaux et fontaine St Clair pour essayer de passer la Meuse dans les environs de Consenvoye et retrouver les Français. Le groupe était dirigé par un officier et plusieurs sous-officiers. À un moment, l'officier a trouvé que le groupe était trop important pour se dissimuler. Aussi, il a été coupé en deux. A chacun sa chance !  Le groupe de l'officier aurait réussi à gagner Verdun.
Celui de mon père a été pris par les Allemands après avoir quitté les bois pour atteindre la Meuse un peu au-dessus de Consenvoye. Ils étaient épuisés et surtout affamés, ne s'étant nourri que de fruits ou de betteraves. M. HEUMANN et mon père pensaient qu'ils avaient été pris le 2 ou 3 septembre 1914.
À leur retour en France, après quatre années de captivité, indifférence totale. Écœurement complet !
Henri LAMBERT, octobre 1999

Témoignage de Paul-Otto ELE, soldat allemand

EXTRAIT DE L'ILLUSTRIERTE GESCHICHTE DES WELTKRIEGS 1914, nº 19

Oh, ces forêts vierges françaises me disait N. lorsque, dans l'après-midi du 28 août, nous arrivions en haut de la longue et pénible montée qui conduit de Bréhéville à la cote 380. Mon cheval était fourbu. Me voilà à présent à cent mètres au-dessus de Bréhéville où est encore mon régiment, et la vue est toujours bouchée par des forêts sombres et impénétrables. Comment, dans ces conditions, assurer la sécurité du gros ?
    Il me fallait bien lui donner raison. Ma mission était grosse de responsabilités, car les reconnaissances d'aviateurs et de cavalerie étaient complètement impossibles dans ces forêts impénétrables et longues de 20 kilomètres. Les patrouilles d'infanterie, d'autre part, se font prendre avec la plus grande facilité par un ennemi qui a l'habitude de ce terrain.
    Toutes ces forêts, entre la Meuse et la Loison, étaient cependant sillonnées de chemins fraîchement battus, mais non indiqués sur la carte. Tous ces chemins conduisaient à des carrefours, à des éclaircies, à des lisières organisées et dont les tranchées étaient très bien dissimulées avec ces broussailles.
    Jusqu'ici, ces magnifiques positions avaient été abandonnées par l'adversaire qui craignait, au nord-ouest, l'enveloppement de son aile gauche par les corps d'armée allemands. Nos aviateurs avaient signalé d'ailleurs la retraite de l'ennemi au-delà de la Meuse, vers Dun.
    Bref, les compagnies d'avant-poste se dirigèrent vers leurs emplacements, placèrent les grand'gardes et les petits postes et envoyèrent leurs patrouilles vers le sud et vers l'ouest, jusqu'à la Meuse. On ne trouvait rien que des traces de Français encore fraîches, des boîtes de conserve vides et quelques fusils abandonnés.
    Ceci ne fut pas sans nous surprendre. Nous étions devenus méfiants. Où pouvaient être les propriétaires de ces armes ?
    Tout songeur, je quittai les compagnies solidement retranchées et je redescendis la côte vers Bréhéville. Les cuisines roulantes gravissaient lentement la montée, leurs chevaux étaient haletants. À part cela, tout était silencieux. La sombre forêt bordait la route des deux côtés. Arrivé au village qui peut compter 500 habitants, je vis quelques civils qui s'écartèrent à mon passage. C'étaient des hommes encore jeunes. Pourquoi n'avaient-ils pas été appelés ?
    Ayant mis pied à terre, j'essayai de me procurer auprès des habitants tout ce qui était nécessaire à ma troupe : pain, éclairage, allumettes, beurre, sel, sucre, etc. Peine inutile : il n'y avait plus rien dans tout le village. Les derniers Français qui avaient cantonné là avaient dévalisé, sans aucun égard, leurs propres compatriotes.
    Je sortais d'une maison dont le propriétaire m'avait certifié, malgré le paiement que je lui offrais, qu'il n'avait plus rien du tout, lorsque j'avisai un sous-officier qui, avec quelques mousquetiers, poussait devant lui un groupe de jeunes civils. C'étaient des fantassins français qui, pendant la retraite, s'étaient cachés dans les maisons et avaient quitté leur uniforme, comme s'ils avaient assez de la guerre. Pour nous, ils ne pouvaient naturellement pas constituer un danger sérieux.
    Et, tout à coup me revinrent l'esprit les fusils trouvés dans la forêt et les civils à l'entrée du village. Au galop, je revins en arrière. On les avait déjà appréhendés, leurs livrets les avaient trahis. Tous ces hommes furent enfermés dans l'église. Peut-être que, par ce moyen, un grand malheur a été évité !
    Il commençait à peine à faire jour lorsque, le lendemain, j'arrivai à nouveau à la cote 380. Les compagnies avaient employé la nuit entière à se retrancher. C'était un travail pénible dans ce sol rocailleux, avec les petits outils d'infanterie dont elles disposaient et pour le faciliter, elles s'étaient servies de quelques fusils de bois pour faire le parapet des tranchées. Sans cela, rien de particulier. Mes patrouilles m'ont signalé que de l'autre côté de la Meuse il y a des kilomètres de tranchées.
    Cela pourrait nous donner du fil à retordre au passage, prophétise le major, mais les forêts qui sont devant nous paraissent ne nous faire courir aucun danger.

Brrr!... Une fusillade éloignée frappa tout à coup nos oreilles. Les échos s'en répercutaient dans la forêt. Cela venait du nord. Nous étions devenus très graves. « Que pensez-vous de cela, Monsieur le Major ? » lui demandai-je, rompant ainsi le silence. II haussa les épaules. « On ne peut rien dire ici, d'après la situation tactique, ce feu est absolument incompréhensible. Le régiment est-il engagé dans un combat ? Le bataillon doit malheureusement et avant tout rester ici jusqu'à ce que la 10e division arrive. » Il regarde l'heure : « Dans une heure et demie, elle peut être là. »
    Entre temps, les compagnies avaient occupé leurs tranchées et, prêtes aussi à toute éventualité, elles écoutaient la fusillade qui crépitait à quelques kilomètres de là. Tout à coup, le major me saisit le bras :
    « Ce doit être une surprise. Avez-vous entendu ? On dirait, par instant, une fusillade enragée, comme des salves, et puis ça ne cesse plus. »
Je fis un signe d'assentiment ; il avait raison : « Ne dois-je pas me transporter là-bas et m'informer ? »

Il regarda sa carte :
    - Vous êtes déjà le troisième officier que j'envoie aujourd'hui dans ces bois perfides et je ne peux vous donner, pour vous accompagner, qu'un bicycliste. Informez-vous en même temps de la marche d'approche du régiment et renseignez-moi en ce qui concerne mon bataillon et son train de combat. Au revoir et bonne chance.
Une rapide poignée de main et je trottais le long d'un chemin de terre passant par les postes avancés, seul avec mon cycliste qui me suivait aussi vite qu'il pouvait. Il nous fallait entrer bientôt dans le taillis et nous descendîmes, nous frayant un chemin avec l'épée, la baïonnette ou le couteau de poche, jusqu'à ce que nous fussions arrivés enfin, et par hasard, sur un chemin.
    Les arbres formaient, à droite et à gauche, deux véritables remparts. Leur feuillage était déjà desséché. Mon cheval, tout à coup, se cabra, soufflant bruyamment et reculant, pris d'une angoisse subite. Dans une fosse recouverte de branchages était couché un cheval mort avec un harnachement français. Le mien tira en arrière jusqu'à ce qu'il ne vit plus son camarade mort. Dix minutes plus tard, au moment où j'allais galoper à un coude de chemin, je n'eus que le temps de faire reculer mon cheval au milieu du taillis. A quelques centaines de mètres, devant nous, il y avait des gens sur le chemin. Leurs silhouettes se détachaient en sombre sur le fond clair. J'attachai mon cheval et rampai à travers le taillis jusqu'à ce que je puisse distinguer nettement les uniformes. C'étaient des Allemands. J'attirai leur attention par des appels, je détachai mon cheval et les accompagnai. C'étaient des cavaliers du 24° dragons, qui étaient descendus de cheval pour faire le combat à pied. Tout autour, la fusillade crépitait dans la forêt. Les balles traversaient maintenant le chemin, st... st... st... Elles sifflaient à mes oreilles, ce qui produit toujours un léger mouvement de contraction nerveuse. Un dragon poussa un cri et tomba, atteint par une balle. Je saisis sa carabine et pris ses cartouches. Nous nous hâtâmes vers une éclaircie.

Encore un talus très raide que nous grimpâmes pendant que le bicycliste tenait mon cheval. Ici s'offre à nous un spectacle intéressant. Devant nous, à la lumière du soleil, une plaine bordée de sombres collines boisées. À droite et devant nous, notre propre ligne de tirailleurs au combat avec les lisières opposées et avec les Français qui, isolés ou formés en compagnies, font des bonds sur la route de Brandeville à Murvaux. Ils sont cependant atteints par nos balles et tombent dans les tranchées de la route. Il faut croire qu'ils ont complètement perdu la tête, car leurs groupes sont partout disloqués.
    Tu ! sonnent les clairons, tantôt ici, tantôt là. Entre temps, on entend les cris : « Ne tirez pas, ce sont les nôtres ! » Ils proviennent de quelques compagnies qui venaient à la suite dans la forêt.
    Tout en utilisant les arbres comme abris, et pendant que les Français tirent, un dragon me raconte les débuts de ce combat : sans méfiance. Nos pionniers travaillaient à des tranchées près de la route lorsqu'ils furent surpris par des Français qui, des lisières de la forêt, se mirent à tirer sur eux. Au début, le combat était si inattendu et si meurtrier qu'on dut donner l'ordre aux 23e et 24e dragons qui bivouaquaient un peu plus loin en arrière, de nettoyer la forêt avec leurs carabines. Un régiment d'infanterie fut également alerté.
On entendait clairement, à présent, le crépitement rapide des mitrailleuses allemandes et, comme bientôt après, on pouvait entendre directement le cri d'abord isolé et repris ensuite par tous ensemble de : « A bas les armes ! », j'en sus assez pour mon information. Je regrimpai en arrière et remontai en selle pour rejoindre mon bataillon. Mon cycliste avait de la peine à me suivre.
Arrivé à un coin du bois, je tombai, tout en galopant, sur trois cavaliers français qui, à ma vue, reculèrent d'effroi. Je saisis mon revolver. Cependant, ils ne me suivirent pas. Je rencontrai ensuite un escadron du 8e dragon qui, à pied et en chantant, se dirigeait vers le combat. Au moment où j'arrivais à mon bataillon, la tête de la 10e division attendue arrivait et je pus donner les renseignements suivants : « Une surprise d'infanterie ennemie, sortant de la forêt sur la route de Brandeville à Murvaux, a été rejetée victorieusement. Le chemin prévu pour le régiment à travers la forêt ne peut être utilisé par le bataillon à cause des Français dispersés et des obstacles du terrain. »
Lorsque, une heure après, le bataillon suivant le régiment fut sur la route de Brêhéville-Brandeville-Murvaux, le champ de bataille avait un aspect sinistre. Les pionniers s'étaient terriblement vengés de leur surprise. Avec des haches, des bêches, des masses, ils avaient abattu l'assaillant. On avait fait prisonnier, dans la forêt, un vieux général à cheveux blancs et plus de mille soldats français. C'était la garnison de Montmédy qui avait quitté la forteresse et s'était retirée dans la forêt de la Woëvre.
Paul-Otto ELE.

Lettre ou propagande ?

Lettre d'un soldat allemand à ses parents3

Mes chers Parents,
« Vendredi soir nous avions atteint, comme pointe de notre brigade, le petit village de Brandeville, à l'est de Dun-sur-Meuse. Comme toujours, notre fière 11e compagnie était aux avants-postes. Nous avions été informés par des patrouilles de cavalerie que la contrée était libre jusqu'à la Meuse. La 11e compagnie poussa donc encore sans inquiétude environ cinq kilomètres plus en avant, jusqu'à une belle forêt. Après avoir placé deux petits postes et un poste de sous-officier, organisé le service des patrouilles pour la nuit et après avoir mangé, on alla se reposer. Mais je ne crois pas qu'aucun de nous, malgré l'extrême fatigue, n'eût fermé les yeux s'il avait idée de la vérité. En effet, le lendemain matin, nous pûmes nous rendre compte que 3.000 Français, isolés avec quelques mitrailleuses, avaient passé la nuit dans la même forêt, tout près de nous. Et notre petite troupe, une centaine d'hommes, avait dormi sans souci dans ce terrible guêpier.
    Quand l'épais brouillard fut dissipé et que tout à coup les halles sifflèrent de tous côtés, nous ne pouvions plus douter du danger que nous avions couru. Mais, entre temps, nous avions reçu des renforts et particulièrement des mitrailleuses. Nous pûmes donc respirer à l'aise et lorsque le brouillard se fut levé, nous étions déjà bien établis à la lisière du bois. À ce moment, les Français sortaient de la forêt par petits paquets, les uns avec, les autres sans fusils, avec ou sans sacs, comme toujours ! Et lorsqu'ils débouchèrent, nous ouvrîmes le feu, nous et nos mitrailleuses. En peu de temps, 500 Français jonchèrent le sol. Les autres ont jugé préférable de se rendre. Nous n'avions presque pas de pertes.
    Devenus prudents par cette leçon, nous nous sommes dirigés ensuite vers la Meuse avec les plus grandes précautions. Le soleil était brûlant. Nous prîmes la formation en tirailleurs à dix pas et à cent mètres de distance entre les lignes et nous nous dirigeâmes ainsi vers Sassey-sur-Meuse. Nous nous attendions à tout moment à recevoir des coups de feu d'une hauteur qui se trouvait de l'autre côté de la Meuse et que nous savions solidement occupée. Cependant, comme on ne tirait pas sur nous, nous pensâmes que l'on voulait nous attirer dans un piège. »

Véritable témoignage ou propagande (la lettre a été publiée en Allemagne en 1914)?



Garnison de Montmédy qui part en captivité Prisonniers français qui traversent le village.
Ci-dessus illustrations provenant de la plaque apposée à la Nécropole nationale de Brandeville (Collection privée P. LENHARD).


Les victimes


Soldats allemands passant devant les morts et les blessés de la bataille de Brandeville, extrait de "Die Württemberger in Weltkriege" de Otto von Moser (9)
Les morts de la bataille de Brandeville

Français

ETAT-MAJOR DE LA PLACE :
Lieutenant-Colonel FAURÈS (fait prisonnier).
4e BATAILLON DU 165e D'INFANTERIE
Chef de bataillon HUGUES
Capitaine adjudant-major NOJEAN.
(12 prisonniers)
5e RÉGIMENT D'ARTILLERIE
3e Batterie: Capitaine LE.JAY,
commandant l'artillerie de la place
Lieutenant DESRUOL
Sous-lieutenant MARCEAU
Sous-lieutenant MOLLE.
(3 prisonniers)
9e GENIE
Compagnie 6/3:
 Capitaine GIRARD
Lieutenant LAVIGNE
Lieutenant DEMOUZON
(3 prisonniers)
13e Compagnie
Capitaine FANTON
Lieutenant MEAN
Lieutenant de réserve PIERRE.
14e Compagnie
Capitaine de réserve MENGIN
Lieutenant FOULON
Lieutenant de réserve DE SAINTIGNON
Sous-lieutenant SOURDOIS
45e REGIMENT TERRITORIAL
3e Bataillon (2 compagnies)
 Chef de bataillon KELLER
Adjoint: Lieutenant TRONÇON.
SERVICE DU GENIE
Etat-Major
Capitaine de réserve CASANOVA
Officier d'administration de 1e classe MEUNIER
Officier d'administration de 1e classe GRANDPIERRE
Officier d'administration de 2° classe BREMONT
Officier d'administration de 3° classe LABOULBÈNE.
15e Compagnie
Capitaine BASSEREAU
Lieutenant SERVANTIE
Lieutenant de réserve VAN BERVESSELES
Sous-lieutenant FOUACHE
16e Compagnie
Capitaine LELEU
Lieutenant de réserve DARCHICOURT
Sous-lieutenant TRELLU.
9e Conpagnie
Capitaine JULLIAC
Lieutenant DOUCET
Sous-lieutenant NICOLAS
SERVICE DE L'ARTILLERIE :
Officier d'administration principal DEVOT.
Compagnie de dépôt
Lieutenant de réserve ARNAULT
Lieutenant de réserve MEYER
Service de Santé
Médecin-major L0RENTZ
Médecin aide-major PELTIER
Médecin auxiliaire de réserve PHILIPP0N
10° Compagnie
Lieutenant GRÉGOIRE (commandant la compagnie)
Lieutenant VINCENT
SUBSISTANCES MILITAIRES :
Officier d'administration SCHILTE.
DOUANES :
Capitaine FERROT
Lieutenant KLEIN
Lieutenant LAURENT
Arrivés après la bataille de Belgique
2e régiment d'infanterie coloniale
Capitaine JOUANNETEAU
Le lieutenant BOUGUEN
Sous-lieutenant DANO
102
e régiment d'infanterie
Lieutenant HEMEURY
(et leurs hommes)
Service de Santé
Médecin aide-major MARESCHAL
Médecin auxiliaire DEHERIN.
SERVICE DE SANTÉ DE L'HOPITAL
Médecin chef : Docteur PREVOT
médecin-major de 1e classe
Médecin-major THIRION
Médecin-major BRAILLON
 Pharmacien aide-major VASSEUR
Pharmacien aide-major RODANGE
Officier d'administration de 2e classe LASSAUX.
La garnison comprenait  environ 2.500 hommes.
(y compri les chasseurs forestiers, les gendarmes, et environ deux cents auxiliaires de place forte, rattachés à l'artillerie.

En rouge les tués, en  violet les morts des suites des blessures, en orange les blessés en vert les survivants

 «Le bilan des pertes françaises était malheureusement très sensible, concernant les officiers au total:
12 tués, 4 morts des suites de leurs blessures ou de captivité, 30 prisonniers, dont 11 blessés.
    Quant aux sous-officiers, caporaux et soldats tombés au combat de Brandeville, il est difficile d'en donner un chiffre exact. On ne peut, pour fixer un chiffre approximatif, que s'en rapporter à l'évaluation donnée par les habitants de Brandeville qui, réquisitionnés par les Allemands après le combat, procédèrent à l'inhumation sur le terrain même.
    Ces pertes sont évaluées en morts à 500 ou 600 hommes pour les Français, autant pour les Allemands.
    Sur une seule tombe, on put lire, jusqu'au regroupement général des corps, l'inscription suivante rédigée par l'ennemi:
    13 PIONNIERS,1ere COMPAGNIE
10 Officiers 4 sous-officiers, 38 Hommes
    D'autre part, les officiers français faits prisonniers et qui se sont trouvés à une certaine époque internés au camp de Plassenburg, en Bavière, furent gardés par des sentinelles allemandes qui avaient pris part à l'action.
    Elles confirmèrent le chiffre de pertes que nous indiquons plus haut.» D'après le Capitaine Julliac1




Allemands


24° chevaux-légers 2e dragons 8e dragons
1er escadron
30e dragons
40e dragons 10e Infanterie
13e bataillon de pionniers 53e wurtembergeoise
Von Moser
23e dragon?
24e dragon?
Grand'garde?
11e compagnie ?
(100 hommes?)


Les survivants

Le brigadier Dogny à pu franchir la route de Brandeville à Murvaux, il a rapporté la montre du sous officier Brulle.
Le Douanier Vernel
Deville échappe à la tuerie et se fait tuer juste avant d'atteindre Verdun.
Vernel, Mézières, Limbourg atteignent Verdun.
Antoine Arthur instituteur et Herbillon Camille habitants d'Écurey ainsi qu'un avoué de Stenay sont restés quatre mois cachés dans les bois de cette commune avant d'être pris par les Allemands.



Liste des Officiers, Sous-Officiers, Caporaux et Soldats tués au combat de Brandeville
165° D'INFANTERIE 5° REGIMENT D'ARTILLERIE A PIED
 ( Batterie)
HUGUES (Dominique-Alfred), Chef de bataillon.
BASSEREAU (Louis-Rodolphe), Capitaine.
NOJEAN (Henry-Gabriel), Capitaine.
LELEU (Arsène-Désiré), Capitaine.
SERVANTIE (Jean-Marie-Leon), Lieutenant.
TRELLU (Jean-Pierre), Sous-Lieutenant.
DOHIGNY (Paul), Adjudant.
PENET (Hubert), Adjudant.
DUPUY (Adolphe), Sergent-major.
PRIGN0N (Hubert), Sergent-major.
DELAHAYE (Xavier), Sergent-fourrier.
MICHON (Emile), Sergent-fourrier.
TERFF (Albert), Sergent-fourrier.
BECQUET (Marcel), SerGent
BILLARD (Gabrie), Sergent.
CAUVEZ (Leon-Philippe    Sergent
HALLET (René), Sergent
MELIN (Victor), Sergent.
BERTINET (François), Caporal
CATOIS (Georges),   Caporal
DARGENT (Julien), Caporal
DEBEAUQUENNE (J.-B.),  Caporal
DELADRIÈRE (Jules), Caporal
ELOY (Arsène),  Caporal
FLAMENT (Victor), Caporal
JOLAS (Marcel), Caporal
ORSATTI (Jean),  Caporal
OUDIN (Marcel),    Caporal
PICTON (Georges),    Caporal.
SERGEANT (Théophile),  Caporal
SIMÉON (Nicolas-Henri), Caporal
AMBROISE (Justin)
ASTGEN (Eugene)
BACHELET (Arséne)
BAUTES (Gustave)
BASTIN (Emile)
BEDEL (Paul)
BELACHE (Ernest)
BELLANGER (Marcel)
BENARD (Maurice)
BENARD (Henri
BENY (Arthur)
BERGÈRE (Louis)
BERTHELOOT (Albert)
BERTIN (Victor)
BERTINET (Auguste)
BERTHE (Florimont)
BERTRAND (Henri)
BERTRANS (René)
BESNET (Raymond)
BEUX (Frédéric)
BIENVENU (Jules)
BINGRAND (Léon)
BLANC (Louis)
BLARD (Frédéric)
BLONDEL (Joseph)
BLONDEL (Florimont),
BODART (Louis)
BOIVIN (Joseph)
BONS (Louis)eorges)
BOUCHER (Joseph)
BOUCLOU (Achille)
BOUDIN (Eugene)
BOUGEARD (Georges)
BOULIER (Albert)
BRENNEMANN (Emile)
BRIÈRE (Louis)
BRIEU (Georges)
BRUMENT (Georges)
BUISSON (Victor)
CACHELEUX (Ernest)
CAILLET (Prosper)
CAUTEL (Lucien)
CARREY (Auguste)
CATHERINE (Désiré)
CHAMPENOIS (Léon)
CHEDEVILLLE (Anatole)
CHENET (Jules)
CORDONNIER (Vital)
CREVEL (Henri)
DAUVILLIER (Félix)
DECQUE (Maurice)
DECROIX (Paul)
DEGRUGILLIER (Félix)
DEHAUDT (Gaston)
DELACUISINE (Ernest)
DIEUDONNÉ (Charles)
DOUBLE (François)
DUPONT (Charles)
DUPONT (Lucien)
ETARD (René)
ETIENNE (Henri)
FONTAINE (Marcel)
FOUIIMENTIN (Yves-M.)
GEOFFROY (Lucien)
GILLE (Henri)
GŒURIOT (Joseph),
GRANDJEAN (Alexandre)
GRUMIER (Ferdinand)
GUIRARD (Stanislas)
HAGEN (Jules)
HANTZ (Georges)
HOCHARD (Henri)
JOBERT (René)
JOLAS (Alphonse)
JONVAL (Pierre)
KINTZIEGER (Pierre)
LABUSQUIERE (Rod.)
LAFFOND (Paul)
LAUGE (Henri)
LEDOURG (Léon)
LEBRETON (Armand)
LECOURT (Lucien)  
LEGUYER (Henri)
LEFÈVRE (Augustin)
LEFÈVRE (Achille)
LEFÈVRE (Emile)
LEFÈVRE (Jules)
LEFÈvRE (Pierre)
LEGOUESCLON (Fuig.)
LEJEUNE (Alfred)
LEMARChAND (René)
LEMERCIER (Louis)
LEMIRE (Léonce)
LE NOAN (François)
LENOBLE (Marcel)
LENOUVEL (Charles)
LEROUX (Ernest)
LESOIN (Fernand)
LESINSKY (Léon)
LIÉBAUT (Fernand)
LIÉGEOIS (Eugene)
LOCQUET (Augustin)
MACHINAUD (Paul)
MAIRESSE (Victorien)
MARTIN (Ernest)
MARTIN (J.-Baptiste)
MEDER (André)
MICHEL (Désiré)
OCHLER (Jules)
ŒSCH (Albert)
OUBRY (Félicien)
OUVRAY (Fernand)
PALLIARGUE (Marcel)
PAMART (Georges)
PARIZOT (Gaston)
PASSEVENT (Albert)
PAULIN (Louis)
PAYEN (Louis),
PACHENOT (Elle)
PETHE (Alexis)
PICARD (François)
PIERSON (André)
PIERSON (Emilien)
POUSIN (Charles),
PINTEAUX (Emile)
RAISON (Auguste)
RECLIN (Georges)
RICHARD (Albert)
SALMON (Albert)
SAUFRIGNON (Marcel)
SIMÉON (Marcel)
SPIRAL (Georges)
STEVENOT (Gaston)
TOUSSAINT (Edmond)
VAUDOIS (Camille)
VIGNERON (Paul)
WOISILY (Gaston)
LEJAY (Léon), Capitaine.
MOLLE (Fernand), Sous-Lieutenant.
MARCHAND (Fernand), Maréchal des logis chef. CHEVAILLOT (Charles), Maréchal des logis.
FERANGE (Louis), Maréchal des logis.
HANNOT (Adolphe), Maréchal des logis.
LAMBINET (Arsène), Maréchal des logis.
LEROY, Maréchal des logis.
FONTAINE (Maurice), Brigadier
GOURDET (Ernest), Brigadier
LEVÊQUE (Raoul), M.-pointeur
BAYETTE (Paul), Canonnier
BELLIER (Louis), Canonnier.
BRICAU (Emile), Canonnier.
COLLIGNON (Gustave),
CRANCE (Marcel), Canonnier
CREMER (Charles), Canonnier
CRETON (Abel), Canonnier
DAEDENNE (Jules), Canonnier
DELPORTE (Eugene), Canonnier
DIDIER (Pierre), Canonnier
DUFOREST (Léopold),  Canonnier
DUPONT (Léopold),  Canonnier
FRADCOURT (Gustave), Canonnier
GILET (François),  Canonnier -
GUILLAUMOT (Albert), Canonnier
HIBLOT (Alexandre), Canonnier
HOLLET (Alphonse),   Canonnier
HUNEL (Marcel), Canonnier
JACOB (Ernest), Canonnier
JACQUES (Paul),   Canonnier
JAMAIN (Edouard), Canonnier
JEROME (Albert),   Canonnier
JOLLY (Jules Canonnier
LABASSE (Pierre),  Canonnier
LAVIALLE (Jean),  Canonnier
LECRUX (Maximilien), Canonnier
LEFORT (Emile), Canonnier.
LEGROS (Henri),  Canonnier
LEMARQUIS (Charles),
LEROY (Camille),  Canonnier-
BRICAU (Jules),  Canonnier
LONCLE (Victor),  Canonnier
LONGATTE (Jules),  Canonnier
LORIN (Georges), Canonnier
MACHET (Marcel), Canonnier
MAILLY (Jean),  Canonnier
MALHERBES (Charles), Canonnier
MAUJEAN (Louis),  Canonnier
MAUPIN (Georges),   Canonnier
MAZY (Gustave),  Canonnier
MENY (Robert), Canonnier
MERDA (Albert),  Canonnier
NICKERS (Paul), Canonnier
NICOLAS (Henri),  Canonnier
PIERRARD (Paul),  Canonnier
POTTIN (Louis),  Canonnier
RAULLET (Louis),  Canonnier
ROSSIGNOL (Eugene),  Canonnier
ROY (Victor), Canonnier
SAGOT (Paul), Canonnier
SIMON (Jules), Canonnier
THÉVENIN (Paul),  Canonnier
TOBIE (Jean-Pierre),  Canonnier
TROYON (Léon), Canonnier


102e D'INFANTERIE (Détachement) INFANTERIE COLONIALE (détachement)
HEMEURY (Raoul), Lieutenant.
(Soldats: nombre inconnu).

(Nombre inconnu)


9e REGIMENT DU GENIE
(Compagnie 6/3)
45e TERRITORIAL
(9e et 10e Compagnies)
GIRARD, Capitaine
MEUNIER (Eugène), Officier d'administration de 1ere cl
SIEGE (Christian), Sergent
WAGNER (Joseph), Sergent
FRANÇOIS (Jules), Maitre-ouvrier
TANET (Louis), Maitre-ouvrier
LOISELET (Lucien), Caporal
NORMAND (Ambroise),  Caporal
PETITPAS (Ernest),  Caporal-
RICHET (Alphonse), Caporal
BARATEIG,    Sapeur.
BERNOUVILLE (Paul), Caporal
BOITEUX (Adolphe),  Caporal
BONIN (Auguste),  Caporal
BRANDI (Paul),  Caporal
CAMIAUX (Jules), Caporal
CHICHILLIANE (Léon), Caporal
CANIAUX (Jules), Caporal
CRETINAT (Félix), Caporal
C0ISTIA (Leon), Caporal
COIGNOUX (Jean), Caporal
DEHU (Auguste), Caporal
DELMONT (Henri), Sapeur.
GÉRARD (Paul),   Sapeur
GODFRIN (Jules),  Sapeur ***
GONIN (Paul),   Sapeur
GOURY (Léon),  Sapeur
GRANSART (Richard),  Sapeur  -
HARLOT (Aimé), Sapeur
HALIN (Léon),  Sapeur
HORION (Achille), Sapeur
LALLEMANT (Léon),  Sapeur
LANOIS (Albert), Sapeur
MONTE (Ferdinand), Sapeur
POUGIN (Eugene), Sapeur
RAMBEAUX (Fernand),  Sapeur
TARE (Pierre),  Sapeur
V0LAN (Emmanuel), Sapeur


DEGRUGILLIER  Joseph-Jules ****
NICOLAS (Cyrille-Onésime), Lieutenant.
TRONÇON, Lieutenant.
HENNEQUIN (Edmond), Sergent-fourrier.
HENIN (Narcisse-Ernest), Sergent-fourrier.
PIERRE (Louis-Marie), Sergent-fourrier.
MION (Hyacinthe-Alfred), Sergent-fourrier.
NORMAND (Ernest), Caporal.
RENAULT (Fernand), Caporal.-
BOTTE (Désiré)
RICHARD (Ch.-Luc.)
BARBIER (Edouard)
BECQUART (C.-Florian),
BARBIER (Jules)
BERTEAUX (Alp.-Alb.)
BIO (Lucien)
CHARLES (Lucien-A.)
CHARLOT (Joseph)
COLLET (Ch.-Augustin)
COLLIGNOIN (Jules-E.)
DIELS (Jules-E.)
DOUFFET (Charles)
GODART (Hip.-Louis)
GODART (Jules-Emile)
G0DERIN (Auguste)
GOUT (Louis-Arthur)
GUIOT (Jean-Baptiste)
FONTAINE (Maurice)
HEITZMAN (Georges)
HENRY (Ch.-Odile)
JACQUES (Gaston-Vict.)
JONVAL (Pol-Constant)
JOURON (Jean-Lucien)
KIMM (Pierre)
LAMBIN (Th.-Léon)
LEBRUN (Ern.-Joseph)
LECLERS (Emile)
LEROUGE (Henri)
LIÉGEOIS (Oct.-Arthur)
MOUTARDE (Louis)
MADELAINE (Jules)
MORETTE (Léon-Félix)
MOUILLARD (Georges)
PARIS (Léonidas)
PRON (Charles-Emile)
STIVALET (Ch.-Aimé)
THIERROT (Jules-Ed.)
THIRION (Léon-Ch.)
VAUDOIN (Gustave)
VARY (Ernile-J.-B.)
WARY (Abel-J.-B.)
WOIRLIER (Arm.-Aug.)-
*** S'est caché pendant le cours de la guerre dans sa famille à Mont-devant-Sassey
DEGRUGILLIER Joseph-Jules (Né le 11 avril 1891 à Amettes. Soldat au 165e régiment d’infanterie. Mort pour la France le 29 août 1914 à Murvaux (Meuse), tué à l’ennemi) [fils de Achille Dégrugillier, 48 ans, cultivateur, et de Célina Duval, 42 ans, ménagère] Il ne figure pas sur le monument de Brandeville, renseignement trouvés sur http://perso.orange.fr/memoiresdepierre/alphabetnew/a/amettes.html site qui présente le monument aux morts d'Amettes
DOUANES.:
BRULLE (Prosper), Sergent-major..
DEVILLE (Henri), Segent 44ans
CAZES (Lucien,),,, Soldat,
CARRY (Joseph-Çlestin), Soldat.
MARCHAL (Emile-François), Soldat.


Tombe Allemande
Photographies de tombes allemandes se trouvant sur la plaque
commémorative de la Nécropole nationale de Brandeville
original dans l'ouvrage de Otto von Moser
Tombes allemandes




Soldats allemands morts à Brandeville
152 ont été enterrés à Brandeville avant d'être transférés à Brieulles en 1920.
Nom et prénom
régiment
origine
mort le
Fritz von EWALD Vicewachtmeister d. R im 1. groszherzogliche Hessische Garde Dragonder Regiment Nr 23 1887/05/10
Maintz
29/08/1914
au combat
KLESSIG Bruno Fahrer Brandenbourg 31/10/1918
Soldats allemands morts à proximité de Brandeville juste après la bataille
(ont-t-ils participé à la bataille?)
HANSER Anton
Réservist  (inhumé au cimetière militaire de Dannevoux)

1/9/1914
HEINE Paul
Musketier (inhumé au cimetière militaire de Dannevoux)
1/9/1914
KLOSE Gottlieb
Musketier (inhumé au cimetière militaire de Dannevoux)
1/9/1914
KOCH Walter
Leutnant (inhumé au cimetière militaire de Dannevoux)
1/9/1914
NETKE Fritz
Leutnant (inhumé au cimetière militaire de Dannevoux)
1/9/1914
POHLHAUS Gustav
Musketier (inhumé au cimetière militaire de Dannevoux)
1/9/1914
SCHALK Friedrich
Leutnant (inhumé au cimetière militaire de Dannevoux)
1/9/1914

Les cérémonies commémoratives


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Fête commémorative
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Commémoration de 2005
Commémoration de 2006
La Nécropole nationale de Brandeville




Soldat de 1916
Dès l'armistice, et après la rentrée en France des prisonniers de guerre, un comité composé de trois officiers de réserve et de quelques survivants de Montmédy, sous la présidence du lieutenant de réserve Van Bervesseles, de Sedan, se constitua pour commémorer le souvenir du fait d'armes du 29 août 1914. Chaque le dimanche le plus rapproché du 29 août, une cérémonie réunit les familles des survivants du combat et des disparus, les anciens combattants et les habitants de la commune.
Dans les années vingt, 1.500 personnes cherchaient à s'entasser dans la petite église de Brandeville puis se portaient vers le cimetière militaire où sont inhumés, dans deux fosses communes, tous les Français, officiers et soldats, morts en ce combat. Le cimetière qui a été créé sur le lieu même de la bataille est placé sous la protection de la municipalité de Brandeville qui s'est engagée à l'entretenir à perpétuité.
Les survivants de Montmédy ont formé, de leur côté, un groupement pour obtenir que justice leur soit rendue. Pendant toute la durée de la guerre, le combat de Brandeville resta ignoré dans ses détails, non seulement par le grand public, mais aussi par l'autorité militaire. Les années qui suivirent la fin de la guerre ne changèrent que bien peu cette situation.
Aucune citation collective ou individuelle, aucune décoration ne furent accordées au titre de la bataille de Brandeville. (6)
Lorsque le gouverneur déposa son rapport sur les faits de la campagne, les services de l'armée le classèrent sans aucune enquête officielle.
    A plusieurs reprises, quelques parlementaires, notamment M. Désiré Ferry, député de Meurthe-et-Moselle, et M. Charpentier, sénateur des Ardennes, intervinrent, par des démarches répétées, pour faire rendre justice à la garnison et la faire citer à l'ordre de l'armée.
    A chaque reprise, il leur fut opposé une fin de non-recevoir pour cause de prescription. Notamment, le 14 juin 1924, le général Bocquet, chef de cabinet du ministre de la Guerre, avertissait M. Ferry qu'aucune citation collective ou individuelle ne pouvait être accordée depuis le 18 octobre 1921, même à titre exceptionnel.
M. Van Bervesseles,  Président des anciens combattants, a adressé au Ministère de la Guerre, une lettre restée sans réponse. Par contre, le Ministère a fait remarquer au Capitaine Julliac qui s'en plaignait dans son livre que : « L'auteur se plaint du “silence complet” fait autour des événements de Montmédy. Il en a été de même jusqu'ici pour toutes les places fortes (Manonvillers, les Ayvelles, etc.). Un chapitre sera consacré à chacune de ces forteresses dans le deuxième volume du tome I de l'Histoire de la Guerre, publié par l'État-Major de l'Armée, et qui est actuellement à l'impression.
    Non seulement la défense de Montmédy y sera relatée, mais aussi l'odyssée du détachement qui évacua la forteresse et tenta de rejoindre les lignes françaises. L'oubli ne sera donc pas fait sur cet événement. (7) »
  M. Charpentier, sénateur des Ardennes, qui, le 28 août 1924, présidait à l'inauguration des plaques commémoratives, avait fait le serment d'employer toutes ses forces dans l'oeuvre de réparation. Il demanda à M. le Ministre de la Guerre l'ouverture officielle d'une enquête. (8)
 Lors de la bataille de Brandeville, les soldats n'avaient pas encore la tenue "bleu horizon" visible sur cette photographie.


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Défilé de commémoration de la bataille
1919?
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Inauguration du Monument aux Morts
1924?
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Inauguration du Monument
Plaque commémorative
Plaque commémorative


Notes

(1) Extraits de « Montmédy 1er Aout - 29 Août 1914» Par le Capitaine de Réserve Julliac chez Victor BERGER, Nancy 1925
(2) Les documents allemands indiquent que prirent part à ce combat: le 24° chevaux-légers, les 2°, 30 et 40 dragons, le 1er escadron du 8° dragons, le 10° d'infanterie, le 13° bataillon de pionniers.
 (3) Le Pays Lorrain, (juin 1924) fascicule n° 6.
(4) Extrait de L'Illustrierte Geschichte des Weltkriegs, 1914, n° 15.
(5)Extrait de Die Grosse Zeit, nº 4 tiré du livre du capitaine Julliac.
(6) Le capitaine Julliac cite le cas du lieutenant Tronçon, du 45e Territorial, qui fut grièvement blessé d'une balle au ventre en faisant le coup de feu sur la ligne de combat. Pendant de longs mois, il fut soigné dans les lazarets allemands, et péniblement se remit de son horrible blessure. Rapatrié en France en 1916, comme grand blessé, il fut affecté au commandement d'un camp de prisonniers allemands dans le Midi. Ancien sous-officier de l'armée active, son temps de service militaire, augmenté de ses campagnes et de sa blessure, lui permit d'être inscrit au tableau pour la croix de la Légion d'honneur, au titre «Service intérieur». Il reçut cette croix vers 1917, sans aucune citation, même à l'ordre du régiment ou de la place, c'est-à-dire sans avoir droit au port de la croix de Guerre. Il est mort quelques années après l'armistice, des suites de sa blessure.
(7) retour du livre par la voie hiérarchique en date du 8 juin 1925
(8) Le Pans Lorrain, n° 7 (juillet 1924) et n° 8 (août 1924) .M. Charles Bruneau
(9) "Die Württemberger in Weltkriege, Ein Geshichte, Erinnerunge und Bolfebuch" de Otto von Moser édité chez Belser à Stuttgart en 1927