TEXTES D'HISTOIRE  
classe de quatrième

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Révolution
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Académie (1635)
Histoire de la Lorraine
Manouvrier au XVIIIème siècle
Les précieuses ridicules
Voltaire et la tolérance La guillotine La bataille de Sedan (Victor Hugo)
Dos de mayo
La Bérézina
Age industriel
Mouvements libéraux et nationaux
Colonies
Troisième République
Allemagne


esclavage
La commune de Paris Empire Romain Germanique
La nation_allemande (Fichte)
Le génie_allemand (Fichte)
Se déplacer en Allemagne

et aussi… un peu d'histoire locale


Niveau de vie d'un manouvrier au XVIII° siècle

Je suppose que des 365 jours il puisse travailler 190 et gagner 9 sous par jour ; mettons 90 livres pour une année, desquelles il faut ôter ce qu'il doit payer (au roi) qui fera 6 livres et pour le sel de 4 personnes dont je suppose sa famille composée, 8 livres 16 sols. Il ne faut pas moins de 10 setiers de blé, pour leur nourriture, à 6 livres le setier. Sur ce qui lui restera, il faut que le manouvrier paye le louage de sa maison et qu'il fournisse à tous les besoins de sa famille pendant une année. Ce reste ne le mènera pas loin, à moins que sa femme contribue à la dépense par le travail de filage, la couture ; par la culture aussi d'un petit jardin, la nourriture de quelques volailles et peut-être d'une vache, d'un cochon ou d'une chèvre qui donneront un peu de lait.

Vauban, Projet d'une dîme royale, 1707


SEDAN

La lutte était farouche. Un carnage effréné
Donnait aux combattants des prunelles de braise ;
Le fusil Chassepot bravait le fusil Dreyse ;
A l'horizon hurlaient des méduses, grinçant
Dans un obscur nuage éclaboussé de sang,
Coulevrines d'acier, bombardes, mitrailleuses 
Les corbeaux se montraient de loin ces travailleuses ;
Tout festin est charnier, tout massacre est banquet
La rage emplissait l'ombre, et se communiquait,
Comme si la nature entrait dans la bataille,
De l'homme qui frémit à l'arbre qui tressaille ;
Le champ fatal semblait lui-même forcené.
L'un était repoussé, l'autre était ramené,
Là c'était l'Allemagne et là c'était la France.
Tous avaient de mourir la tragique espérance
Ou le hideux bonheur de tuer, et pas un
Que le sang n'enivrât de son âcre parfum,
Pas un qui lâchât pied, car l'heure était suprême.
Cette graine qu'un bras épouvantable sème,
La mitraille, pleuvait sur le champ ténébreux ;

Victor Hugo



L'Académie

Le 29 janvier 1635, le cardinal de Richelieu signe les lettres patentes qui fondent l'Académie française. Son nom vient du jardin Akademos, à Athènes, où Platon enseignait la philosophie. Sous la Renaissance, on a pris l'habitude d'appeler ainsi les sociétés savantes où l'on discutait de belles lettres et de sciences. L'Académie française est issue d'un petit groupe d'érudits qui se réunissaient chaque semaine chez l'un d'eux, Valentin Conrart, secrétaire du roi Louis XIII. L'habile cardinal de Richelieu a l'idée de s'attacher ces gens de lettres et de les mettre au service de l'Etat et de la monarchie. Il invite les érudits à se constituer en corps officiel et leur accorde sa protection. La nouvelle Académie se voue à la langue française. L'article 24 de ses statuts énonce: "La principale fonction de l'Académie sera de travailler avec tout le soin et toute la diligence possibles à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et la science..." Valentin Conrart, premier secrétaire perpétuel de l'Académie, avalise la pratique des réunions hebdomadaires destinées à la rédaction d'un Dictionnaire de la langue française. En 1638, Richelieu, soucieux de faire taire les railleries autour de la jeune Académie, l'engage à donner son sentiment sur la tragédie du "Cid", qu'a donnée Corneille un an plus tôt. C'est l'unique fois où l'Académie s'érige en arbitre littéraire. L'Académie française et les autres académies royales sont supprimées par la Convention révolutionnaire en 1795 et remplacées par un Institut national des sciences et des arts. Le Premier consul Napoléon Bonaparte puis Louis XVIII et Louis-Philippe rétabliront l'Académie française dans sa plénitude. Cinq académies figurent aujourd'hui dans l'Institut de France. L'Institut siège depuis 1805 sous la fameuse Coupole du collège des Quatre-Nations, érigé par Louis Le Vau sur les bords de la Seine. Les académiciens sont cooptés par leurs pairs et demeurent en fonction jusqu'à leur mort (d'où le surnom quelque peu ironique d'"Immortels"). L'Académie a une activité de pure forme et son travail sur le fameux Dictionnaire suscite le sourire. Certains s'interrogent sur l'opportunité de lui donner plus d'initiative dans la promotion de la langue française. La moindre des choses serait que les nouveaux élus aient un statut actif pendant quelques années durant lesquelles ils pourraient travailler et faire des propositions. Au terme de ce mandat, ils seraient invités à se cantonner dans un rôle honorifique et laisseraient le travail à de plus jeunes.

Histoire d'un jour (liste de diffusion sur Internet)


Origine de l'Empire Romain Germanique

Histoire d'un jour:

Le 2 février 962, le Saxon Otton est couronné empereur d'Occident par le pape. C'est le commencement du 1er Reich allemand. Otton 1er a d'abord été sacré roi de Germanie à Aix-la-Chapelle, vingt-cinq ans plus tôt. Sa victoire sur les Hongrois, au Lechfeld, près de Vienne, en 955, met un terme à la dernière invasion barbare en Europe. Elle lui vaut un immense prestige auprès de ses guerriers et des clercs d'Occident, qui songent à ressusciter pour lui le titre d'empereur. L'infatigable Otton descend en Italie et sauve le pape d'une attaque par un seigneur italien. Il peut enfin se faire couronner "Empereur et Auguste" à Rome. Il a 49 ans. Otton le Grand marche ainsi sur les traces de Charlemagne, qui s'était aussi fait couronner empereur d'Occident... près de deux siècles plus tôt. Sans infrastructures ni administration autre que l'Eglise, le nouvel empire est une très pâle copie de l'empire romain, disparu depuis près de 500 ans. Il couvre l'Allemagne et l'Italie du nord. Quelques décennies plus tard, il s'adjoint le royaume de Bourgogne, c'est-à-dire le bassin du Rhône et de la Saône. L'empire d'Occident se fait bientôt appeler "Saint Empire romain" pour se distinguer de l'empire byzantin de religion orthodoxe. Sous la Renaissance, le titre impérial tombe dans la famille des Habsbourg et l'on en vient à parler du Saint Empire romain germanique. L'empire se cantonne désormais à l'Allemagne et son titulaire n'a d'autorité que sur les possessions héréditaires des Habsbourg, sur le Danube. Devenu purement honorifique, le titre impérial sera aboli le 12 juillet 1806 par... Napoléon 1er. Otton le Grand et ses successeurs ne sont jamais arrivés à affermir leur autorité car ils n'ont pas eu la chance d'avoir une longue lignée de fils comme les rois capétiens de France. A chaque vacance du trône, les principaux barons d'Allemagne se réunissaient pour désigner un titulaire. Ils en profitaient pour marchander leur voix et arracher des privilèges au futur empereur. L'Allemagne a ainsi attendu 9 siècles avant de devenir un Etat national.

Histoire d'un jour (liste de diffusion sur Internet)


Histoire d'un jour:

Dos de mayo le 2 mai 1808 -

Histoire d'un jour:

Le 2 mai 1808, les habitants de Madrid se soulèvent contre l'occupant français. Deux semaines plus tôt, un coup d'Etat avait chassé le Premier ministre Godoy, amant de la reine d'Espagne. Cet intrigant avait entraîné son pays dans une alliance avec la France révolutionnaire, contre l'Angleterre. Il s'en était suivi la ruine du pays, la perte de la flotte et des colonies d'Amérique, enfin l'occupation par l'armée de Napoléon 1er. Sitôt Godoy évincé, le roi Charles IV de Bourbon  abdique en faveur de son fils Ferdinand. C'est compter sans Napoléon 1er, qui a l'idée d'offrir le trône d'Espagne à son frère Joseph. Le maréchal Murat, qui représente à Madrid l'empereur des Français, convoque l'ancien et le nouveau roi à Bayonne pour leur signifier leur déchéance. La foule madrilène, alertée, s'en prend aux troupes de Murat. Ce dernier réagit avec une extrême brutalité. La répression est impitoyable ainsi qu'en témoigne le peintre Goya dans un tableau d'un stupéfiant réalisme («Dos de Mayo»). Mais les exécutions sommaires, les pillages et les viols par l'armée française n'empêchent pas la révolte de s'étendre à tout le pays à l'appel du clergé, de la noblesse et des libéraux. Plusieurs armées françaises sont anéanties du fait de cette «guerre de l'indépendance» d'un genre inconnu jusqu'alors. On invente l'expression «guerilla» (en espagnol, petite guerre) pour qualifier les attaques surprises des combattants de l'ombre qui ne laissent aucune chance aux groupes de soldats isolés. Les Anglais en profitent pour débarquer en Espagne un corps expéditionnaire sous la conduite du général Arthur Wellesley, futur duc de Wellington (celui-là même qui vaincra Napoléon à Waterloo). Par leur détermination, les Espagnols sont à l'origine du premier revers grave infligé à Napoléon 1er et aux héritiers de la Révolution française.

Histoire d'un jour (liste de diffusion sur Internet)


Histoire d'un jour:

La commune de Paris le 28 mai 1871 -

Histoire d'un jour

Le 28 mai 1871, au terme d'une Semaine sanglante, la Commune de Paris n'existe plus. Dix semaines plus tôt, des Parisiens humiliés par la défaite de leur pays face aux Prussiens s'en étaient pris aux troupes du gouvernement. Le chef du pouvoir exécutif, Adolphe Thiers, avait déserté sur le champ Paris pour Versailles. Un mouvement insurrectionnel improvisé avait alors assumé le pouvoir dans la capitale sous le nom de «Commune de Paris». Adolphe Thiers obtient de l'occupant prussien la libération anticipée de 60.000 prisonniers. Le 21 mai, il lance ses troupes contre la capitale. Les Versaillais ont en face d'eux une dizaine de milliers de communards (ou «fédérés»). Ils enlèvent les barricades l'une après l'autre, au prix de 4.000 morts. A l'arrière, une vingtaine de «cours prévôtales» jugent les hommes et les femmes pris les armes à la main et les fusillent sur place.

Le «mur des fédérés», au cimetière du Père-Lachaise, conserve le souvenir des 147 malheureux fusillés à cet endroit et du millier de cadavres ensevelis dans une fosse voisine. Dans les files de prisonniers qui se dirigent vers Versailles, le général de Gallifet repère les hommes aux cheveux gris et les fait fusiller dans le fossé, les suspectant d'avoir déjà participé aux émeutes de juin 1848. 

Les Communards se vengent en fusillant 480 otages et en incendiant de nombreux monuments: Tuileries, Palais de Justice, Hôtel de Ville,... La Semaine sanglante fera 20.000 victimes (davantage que la guillotine sous la Révolution). A cela s'ajouteront les sanctions judiciaires.

Les tribunaux prononceront 50.000 jugements. Il y aura quelques condamnations à mort et 10.000 déportations. L'amnistie viendra en 1881.

Histoire d'un jour (liste de diffusion sur Internet)


La Bérézina

Le 26 novembre 1812, les pontonniers du général Eblé construisent deux ponts sur la Bérézina.

Leur héroïsme va sauver les restes de la Grande Armée de Napoléon 1er. Cette armée de 600.000 hommes (dont 150.000 Français) a envahi la Russie cinq mois plus tôt. Saignée à blanc par le harcèlement des Cosaques, elle doit bientôt battre en retraite. En arrivant au bord de la Bérézina, Napoléon 1er ne dispose plus que 49.000 combattants, non compris 40.000 retardataires. La glace qui recouvre habituellement la rivière en cette saison, a fondu par l'effet d'un dégel inattendu et les eaux charrient d‚énormes blocs de glace. Le général du génie Jean-Baptiste Eblé a heureusement conservé ses outils malgré les ordres de l'empereur. En quelques heures, ses 400 pontonniers édifient deux ponts de 90 mètres de long et 5 mètres de large. En trois jours, les troupes franchissent la rivière pendant que le général Oudinot livre bataille aux Russes afin de faire diversion. Un pont se brise le 27 novembre, entraînant dans les flots un grand nombre de grognards. Il est réparé dans la soirée par les pontonniers qui se jettent dans les eaux glacées. Au matin du 29 novembre, Eblé, qui voit les Russes approcher, met le feu à ses ouvrages. Des milliers de traînards se noient en tentant d‚échapper à l‚ennemi. Parmi eux des femmes et des enfants. Napoléon a encore 25.000 combattants et 30.000 non-combattants. 20.000 retrouveront leurs foyers... On évalue à 50.000 le nombre de prisonniers et de déserteurs qui feront souche en Russie. Une grande partie des pontonniers ont péri de froid dans l'eau glaciale de la Bérézina. Aucun ne survivra à la retraite et Eblé lui-même mourra d'épuisement à Königsberg.

Histoire d'un jour (liste de diffusion sur Internet)


La guillotine

Le 28 novembre 1789, le docteur Joseph Guillotin et le chirurgien Antoine Louis présentent une machine destinée à la décapitation des condamnés.

Inspirée d'un dispositif déjà connu en Italie, elle assure selon ses promoteurs une mort sans souffrance à la différence de la pendaison, de la décapitation à la hache ou à l'épée, de la roue ou, pire, de l'écartèlement.

Selon le docteur Guillotin, député du Tiers Etat de Paris à l'Assemblée constituante, elle doit aussi introduire l'égalité de tous les citoyens face à la peine capitale. «Les délits du même genre seront punis par le même genre de peine, quels que soient le rang et l'état du coupable», écrit-il dans un projet de loi.

Le 6 octobre 1791, une loi édicte que «tout condamné à mort aura la tête tranchée». Dans la foulée, l'Assemblée législative demande au docteur Guillotin et au chirurgien Louis d'améliorer la machine à couper les têtes.

Antoine Louis remplace le couperet en forme de croissant par un couperet en forme de trapèze. L'idée lui serait venue du roi Louis XVI, habile serrurier de son état. Un voleur de grand chemin en fera les frais pour la première fois le 25 avril 1792.

Pendant la Grande Terreur, en 1793 et 1794, près de 20.000 innocents auront aussi à la connaître.

Baptisée «guillotine» (de préférence à «louisette» ou «louison»!), la machine sera surnommée «La Veuve» dans l'argot des rues. Elle recueillera en France un vif succès jusqu'au 10 septembre 1977, date de la dernière exécution.

 

Histoire d'un jour (liste de diffusion sur Internet)


La conception allemande de la nation

 "Pour les ancêtres germains, la liberté consistait à rester Allemands, conduire leurs affaires en toute indépendance, conformément à leur esprit originel, progresser dans leur propre culture d'après ces mêmes principes et transmettre cette autonomie à leur postérité ; quant à l'esclavage, c'était pour eux l'acceptation de toutes les belles choses que les Romains leur offraient, acceptation signifiait esclavage parce qu'ils auraient cessé d'être toutr à fait Allemands, pour devenir à moitié Romains. Il allait donc de soi, pensaient-ils, qu'il valait mieux mourir que d'en être réduits là, et qu'un vrai Allemand ne peut vivre que pour rester allemand et transmettre à ses descendants le même désir.

(...) C'est à eux, à leur langue et à leur manière de penser que nous sommes redevables, nous, les plus directs héritiers de leur sol, d'être encore des Allemands (...) C'est à eux que nous sommes redevables de tout notre passé national et, s'il n'en est pas fini de nous, tant qu'il restera dans nos veines une dernière goutte de leur sang, c'est à eux que nous devrons tout ce que nous serons à l'avenir."

Fichte, Discours à la nation allemande, 1807-1808, 8e discours.
texte trouvé sur Cliotexte



Le génie allemand

 "Le génie étranger éparpillera des fleurs dans les sentiers battus et tissera un gentil manteau à la sagesse de la vie qu'il prendra volontiers pour de la philosophie ; l'esprit allemand au contraire ouvrira de nouvelles mines ; il fera pénétrer la lumière et le jour dans les abîmes et fera sauter d'énormes masses de pensées dont les âges futurs se serviront pour construire des demeures. Le génie étranger sera l'abeille qui, adroite et industrieuse, butine le miel... Mais l'esprit allemand sera l'aigle, qui d'une aile puissante, enlève son corps pesant, et, d'un vol vigoureux et longuement exercé, monte de plus en plus haut pour se rapprocher du soleil dont la contemplation l'enchante."

Fichte, Discours à la nation allemande, 1807-1808, 8e discours.
texte trouvé sur Cliotexte

Les difficultés de déplacement dans l'Allemagne au début du XIXe siècle


 "(...) De Magdebourg, je gagnai Preussisch-Münde et voulais passer jusqu'à Hannover-Münde, mais n'y parviens pas (...). Tout principicule (1), et Dieu sait s'ils sont nombreux, avait son propre poste-frontière et sa monnaie propre. Il m'est arrivé de devoir en un seul jour changer trois fois mon argent, et chaque fois à perte. À peine avait-on fait un mille, qu'on tombait sur la barrière d'octroi et qu'on entendait : Qui est-ce qui lui a permis de venir comme ça dans notre principauté (ou duché) ; montre ton passeport ! Alors on vous gribouillait quelque chose sur le passeport, et bien souvent on se voyait vidé des lieux (...).

Donc je voulais, puisque j'avais échoué du côté hanovrien pour gagner Hambourg, tenter ma chance du côté du Mecklembourg. Je me rendis à Reibnitz et passai la frontière ; j'avais parcouru déjà deux milles en territoire mecklembourgeois, lorsqu'il me fallut à la nuit consigner mon passeport au maire du village, sans quoi personne n'aurait pu m'héberger ; mais le maire m'a proprement tancé pour l'audace que j'avais de pénétrer dans cet État sans autorisation. Il me remit un billet de logement pour un paysan chez qui je pus passer la nuit et le lendemain matin je fus refoulé de l'autre côté de la frontière (...).

Entre Lindow et Liebenwald, il y avait une auberge sur la route ; il faisait très chaud et j'y entrai pour boire un verre de bière. Dans la salle, un voyageur de mise cossue faisait les cent pas. (...) Il s'approcha de moi, me tendit la main et me demanda en dialecte haut-rhénan : " L'ami, où vas-tu comme ça ? " - Je lui dis que je voulais aller à Hambourg, mais qu'au vu de mon passeport prussien, je me faisais repousser à toutes les frontières. Il sourit avec compassion et dit : " Notre gouvernement est sûrement meilleur, nous pouvons voyager où nous voulons. " - " Sous quel gouvernement êtes-vous ? " demandai-je alors. - " Sous le gouvernement français, répondit-il ; puis il ajouta : J'habite à Strasbourg sur le Rhin. ". (...) "


1) Petit prince, souverain d'un très petit État (sens très péjoratif).

Carl SCHOLL, "Souvenirs de la vie d'un vieil artisan de Memel", rapportés par Jacques DROZ, "Histoire de l'Allemagne. 1. La Formation de l'unité allemande 1789-1871". Paris, Hatier, 1970. texte trouvé sur Cliotexte


Le texte qui suit est proclamé par Richepance en 1802, le représentant de la République Française, après l'écrasement de la résistance noire. Le thème du désordre y est opposé à celui de l'ordre des colonies où la présence anglaise a maintenu l'esclavage (Martinique, Tobago et Sainte-Lucie). Le mot "esclavage" n'est pas mentionné mais on sait que les noirs continuent à être achetés et vendus à cette époque.

Considérant  que par l'effet de la révolution et d'une guerre  extraordinaire, il s'est introduit dans les noms et les  choses de ce pays des abus subversifs de la sûreté et  de la prospérité d'une colonie ;

Considérant  que les colonies ne sont autre chose que des  établissements formés par les Européens, qui y ont  amené des noirs comme les seuls individus propres à  l'exploitation de ces pays ; qu'entre ces deux classes  fondamentales des colons et de leurs noirs, se sont formés des races de sang-mêlé toujours distinctes des  blancs, qui ont formé les établissements ;

Considérant  que ceux-ci seuls sont les indigènes de la nation  française et doivent en exercer les prérogatives ;

Considérant  que les bienfaits accordés par la mère patrie, en  atténuant les principes essentiels de ces  établissements, n'ont servi qu'à dénaturer tous les  éléments de leur existence, et à amener  progressivement cette conspiration générale, qui a  éclaté dans cette colonie contre les blancs et les  troupes envoyées sous les ordres du général par le gouvernement consulaire, tandis que les autres colonies  soumises à un régime domestique et paternel, offrent le  tableau de l'aisance de toutes les classes d'hommes en  contraste avec le vagabondage, la paresse, la misère et  tous les maux qui ont accablé cette colonie, et  particulièrement les noirs livrés à eux-mêmes ;

De sorte que  la justice nationale et l'humanité commandent autant que  la politique le retour des vrais principes sur lesquels  reposent la sécurité et les succès des établissements formés par les Français en cette colonie, en même  temps que le gouvernement proscrira avec ardeur les abus  et les excès qui s'étaient manifestés anciennement et  qui pourraient se remontrer encore.

(...)  (les considérants sont suivis de 19 articles formant un  nouveau code)
Jusqu'à ce  qu'il en soit autrement ordonné, le titre de citoyen  français ne sera porté dans l'étendue de cette colonie  et dépendances que par les blancs. Aucun autre individu  ne pourra prendre ce titre ni exercer les fonctions qui y  sont attachées (...)
Richepance
 

 Richepance n'ayant pas survécu aux fièvres, Lacrosse  organise la répression contre les derniers  résistants, voici une de ses mesures

Au Moule, le 29 octobre 1802
R. Lacrosse, contre amiral, Capitaine général de la Guadeloupe et dépendances,  au citoyen Arnauld

L'objet principal, citoyen président, de la création du tribunal spécial, qui doit siéger à Sainte-Anne, est la punition des auteurs et complices des assassinats commis dans la nuit du 6 au 7 ;
En conséquence, vous y ferez traduire tout individu qui, d'après vos présomptions, serait prévenu d'y avoir participé directement ou indirectement.

Et comme les colonies doivent être régies par des lois spéciales, on ne peut, dans les circonstances extraordinaires où se trouve particulièrement la Guadeloupe, se dispenser de lui appliquer la rigueur de ce système et des principes qui la justifient.
Ainsi le genre de supplice à exercer contre les scélérats qui ont trempé dans le massacre de Sainte-Anne, doit offrir aux malintentionnés l'exemple le plus terrible.
Vous penserez donc comme moi, Citoyen, que le supplice de la potence n'expiant pas assez le crime de ceux des assassins que la loi condamne à la peine de mort, ils doivent être rompus vifs et expirer sur la roue.

Dans ce nouveau genre de supplice à exercer contre les grands coupables, il sera nécessaire que les jugements du tribunal soient précédés de considérants conformes à ceux qui ont motivé mon arrêté.
Les geôles de Pointe-à-Pitre et du Moule sont déjà encombrées : il faut les déblayer le plus tôt possible.
Lacrosse

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