TEXTES D'HISTOIRE
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et aussi… un peu d'histoire
locale
Niveau de vie d'un manouvrier au XVIII° siècle
Je suppose que des 365 jours il puisse travailler 190 et gagner 9 sous par jour ; mettons 90 livres pour une année, desquelles il faut ôter ce qu'il doit payer (au roi) qui fera 6 livres et pour le sel de 4 personnes dont je suppose sa famille composée, 8 livres 16 sols. Il ne faut pas moins de 10 setiers de blé, pour leur nourriture, à 6 livres le setier. Sur ce qui lui restera, il faut que le manouvrier paye le louage de sa maison et qu'il fournisse à tous les besoins de sa famille pendant une année. Ce reste ne le mènera pas loin, à moins que sa femme contribue à la dépense par le travail de filage, la couture ; par la culture aussi d'un petit jardin, la nourriture de quelques volailles et peut-être d'une vache, d'un cochon ou d'une chèvre qui donneront un peu de lait.
Vauban, Projet d'une dîme royale, 1707
La lutte était farouche. Un carnage
effréné
Donnait aux combattants des prunelles de braise ;
Le fusil Chassepot bravait le fusil Dreyse ;
A l'horizon hurlaient des méduses, grinçant
Dans un obscur nuage éclaboussé de sang,
Coulevrines d'acier, bombardes, mitrailleuses
Les corbeaux se montraient de loin ces travailleuses ;
Tout festin est charnier, tout massacre est banquet
La rage emplissait l'ombre, et se communiquait,
Comme si la nature entrait dans la bataille,
De l'homme qui frémit à l'arbre qui
tressaille ;
Le champ fatal semblait lui-même forcené.
L'un était repoussé, l'autre était
ramené,
Là c'était l'Allemagne et là c'était la
France.
Tous avaient de mourir la tragique espérance
Ou le hideux bonheur de tuer, et pas un
Que le sang n'enivrât de son âcre parfum,
Pas un qui lâchât pied, car l'heure était
suprême.
Cette graine qu'un bras épouvantable sème,
La mitraille, pleuvait sur le champ
ténébreux ;
Victor Hugo
Le 29 janvier 1635, le cardinal de Richelieu signe les lettres patentes qui fondent l'Académie française. Son nom vient du jardin Akademos, à Athènes, où Platon enseignait la philosophie. Sous la Renaissance, on a pris l'habitude d'appeler ainsi les sociétés savantes où l'on discutait de belles lettres et de sciences. L'Académie française est issue d'un petit groupe d'érudits qui se réunissaient chaque semaine chez l'un d'eux, Valentin Conrart, secrétaire du roi Louis XIII. L'habile cardinal de Richelieu a l'idée de s'attacher ces gens de lettres et de les mettre au service de l'Etat et de la monarchie. Il invite les érudits à se constituer en corps officiel et leur accorde sa protection. La nouvelle Académie se voue à la langue française. L'article 24 de ses statuts énonce: "La principale fonction de l'Académie sera de travailler avec tout le soin et toute la diligence possibles à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et la science..." Valentin Conrart, premier secrétaire perpétuel de l'Académie, avalise la pratique des réunions hebdomadaires destinées à la rédaction d'un Dictionnaire de la langue française. En 1638, Richelieu, soucieux de faire taire les railleries autour de la jeune Académie, l'engage à donner son sentiment sur la tragédie du "Cid", qu'a donnée Corneille un an plus tôt. C'est l'unique fois où l'Académie s'érige en arbitre littéraire. L'Académie française et les autres académies royales sont supprimées par la Convention révolutionnaire en 1795 et remplacées par un Institut national des sciences et des arts. Le Premier consul Napoléon Bonaparte puis Louis XVIII et Louis-Philippe rétabliront l'Académie française dans sa plénitude. Cinq académies figurent aujourd'hui dans l'Institut de France. L'Institut siège depuis 1805 sous la fameuse Coupole du collège des Quatre-Nations, érigé par Louis Le Vau sur les bords de la Seine. Les académiciens sont cooptés par leurs pairs et demeurent en fonction jusqu'à leur mort (d'où le surnom quelque peu ironique d'"Immortels"). L'Académie a une activité de pure forme et son travail sur le fameux Dictionnaire suscite le sourire. Certains s'interrogent sur l'opportunité de lui donner plus d'initiative dans la promotion de la langue française. La moindre des choses serait que les nouveaux élus aient un statut actif pendant quelques années durant lesquelles ils pourraient travailler et faire des propositions. Au terme de ce mandat, ils seraient invités à se cantonner dans un rôle honorifique et laisseraient le travail à de plus jeunes.
Histoire d'un jour (liste de diffusion sur Internet)
Origine
de l'Empire Romain Germanique
Histoire d'un jour:
Le 2 février 962, le Saxon Otton est couronné empereur d'Occident par le pape. C'est le commencement du 1er Reich allemand. Otton 1er a d'abord été sacré roi de Germanie à Aix-la-Chapelle, vingt-cinq ans plus tôt. Sa victoire sur les Hongrois, au Lechfeld, près de Vienne, en 955, met un terme à la dernière invasion barbare en Europe. Elle lui vaut un immense prestige auprès de ses guerriers et des clercs d'Occident, qui songent à ressusciter pour lui le titre d'empereur. L'infatigable Otton descend en Italie et sauve le pape d'une attaque par un seigneur italien. Il peut enfin se faire couronner "Empereur et Auguste" à Rome. Il a 49 ans. Otton le Grand marche ainsi sur les traces de Charlemagne, qui s'était aussi fait couronner empereur d'Occident... près de deux siècles plus tôt. Sans infrastructures ni administration autre que l'Eglise, le nouvel empire est une très pâle copie de l'empire romain, disparu depuis près de 500 ans. Il couvre l'Allemagne et l'Italie du nord. Quelques décennies plus tard, il s'adjoint le royaume de Bourgogne, c'est-à-dire le bassin du Rhône et de la Saône. L'empire d'Occident se fait bientôt appeler "Saint Empire romain" pour se distinguer de l'empire byzantin de religion orthodoxe. Sous la Renaissance, le titre impérial tombe dans la famille des Habsbourg et l'on en vient à parler du Saint Empire romain germanique. L'empire se cantonne désormais à l'Allemagne et son titulaire n'a d'autorité que sur les possessions héréditaires des Habsbourg, sur le Danube. Devenu purement honorifique, le titre impérial sera aboli le 12 juillet 1806 par... Napoléon 1er. Otton le Grand et ses successeurs ne sont jamais arrivés à affermir leur autorité car ils n'ont pas eu la chance d'avoir une longue lignée de fils comme les rois capétiens de France. A chaque vacance du trône, les principaux barons d'Allemagne se réunissaient pour désigner un titulaire. Ils en profitaient pour marchander leur voix et arracher des privilèges au futur empereur. L'Allemagne a ainsi attendu 9 siècles avant de devenir un Etat national.
Histoire d'un jour (liste de diffusion sur Internet)
Histoire d'un jour:
Histoire d'un jour:
Le 2 mai 1808, les habitants de Madrid se soulèvent contre l'occupant français. Deux semaines plus tôt, un coup d'Etat avait chassé le Premier ministre Godoy, amant de la reine d'Espagne. Cet intrigant avait entraîné son pays dans une alliance avec la France révolutionnaire, contre l'Angleterre. Il s'en était suivi la ruine du pays, la perte de la flotte et des colonies d'Amérique, enfin l'occupation par l'armée de Napoléon 1er. Sitôt Godoy évincé, le roi Charles IV de Bourbon abdique en faveur de son fils Ferdinand. C'est compter sans Napoléon 1er, qui a l'idée d'offrir le trône d'Espagne à son frère Joseph. Le maréchal Murat, qui représente à Madrid l'empereur des Français, convoque l'ancien et le nouveau roi à Bayonne pour leur signifier leur déchéance. La foule madrilène, alertée, s'en prend aux troupes de Murat. Ce dernier réagit avec une extrême brutalité. La répression est impitoyable ainsi qu'en témoigne le peintre Goya dans un tableau d'un stupéfiant réalisme («Dos de Mayo»). Mais les exécutions sommaires, les pillages et les viols par l'armée française n'empêchent pas la révolte de s'étendre à tout le pays à l'appel du clergé, de la noblesse et des libéraux. Plusieurs armées françaises sont anéanties du fait de cette «guerre de l'indépendance» d'un genre inconnu jusqu'alors. On invente l'expression «guerilla» (en espagnol, petite guerre) pour qualifier les attaques surprises des combattants de l'ombre qui ne laissent aucune chance aux groupes de soldats isolés. Les Anglais en profitent pour débarquer en Espagne un corps expéditionnaire sous la conduite du général Arthur Wellesley, futur duc de Wellington (celui-là même qui vaincra Napoléon à Waterloo). Par leur détermination, les Espagnols sont à l'origine du premier revers grave infligé à Napoléon 1er et aux héritiers de la Révolution française.
Histoire d'un jour (liste de diffusion sur Internet)
Histoire d'un jour:
La commune de Paris le 28 mai 1871 -
Histoire d'un jour
Le 28 mai 1871, au terme d'une Semaine sanglante, la Commune de Paris n'existe plus. Dix semaines plus tôt, des Parisiens humiliés par la défaite de leur pays face aux Prussiens s'en étaient pris aux troupes du gouvernement. Le chef du pouvoir exécutif, Adolphe Thiers, avait déserté sur le champ Paris pour Versailles. Un mouvement insurrectionnel improvisé avait alors assumé le pouvoir dans la capitale sous le nom de «Commune de Paris». Adolphe Thiers obtient de l'occupant prussien la libération anticipée de 60.000 prisonniers. Le 21 mai, il lance ses troupes contre la capitale. Les Versaillais ont en face d'eux une dizaine de milliers de communards (ou «fédérés»). Ils enlèvent les barricades l'une après l'autre, au prix de 4.000 morts. A l'arrière, une vingtaine de «cours prévôtales» jugent les hommes et les femmes pris les armes à la main et les fusillent sur place.
Le «mur des fédérés», au cimetière du Père-Lachaise, conserve le souvenir des 147 malheureux fusillés à cet endroit et du millier de cadavres ensevelis dans une fosse voisine. Dans les files de prisonniers qui se dirigent vers Versailles, le général de Gallifet repère les hommes aux cheveux gris et les fait fusiller dans le fossé, les suspectant d'avoir déjà participé aux émeutes de juin 1848.
Les Communards se vengent en fusillant 480 otages et en incendiant de nombreux monuments: Tuileries, Palais de Justice, Hôtel de Ville,... La Semaine sanglante fera 20.000 victimes (davantage que la guillotine sous la Révolution). A cela s'ajouteront les sanctions judiciaires.
Les tribunaux prononceront 50.000 jugements. Il y aura quelques condamnations à mort et 10.000 déportations. L'amnistie viendra en 1881.
Histoire d'un jour (liste de diffusion sur Internet)
Le 26 novembre 1812, les pontonniers du général Eblé construisent deux ponts sur la Bérézina.
Leur héroïsme va sauver les restes de la Grande Armée de Napoléon 1er. Cette armée de 600.000 hommes (dont 150.000 Français) a envahi la Russie cinq mois plus tôt. Saignée à blanc par le harcèlement des Cosaques, elle doit bientôt battre en retraite. En arrivant au bord de la Bérézina, Napoléon 1er ne dispose plus que 49.000 combattants, non compris 40.000 retardataires. La glace qui recouvre habituellement la rivière en cette saison, a fondu par l'effet d'un dégel inattendu et les eaux charrient d‚énormes blocs de glace. Le général du génie Jean-Baptiste Eblé a heureusement conservé ses outils malgré les ordres de l'empereur. En quelques heures, ses 400 pontonniers édifient deux ponts de 90 mètres de long et 5 mètres de large. En trois jours, les troupes franchissent la rivière pendant que le général Oudinot livre bataille aux Russes afin de faire diversion. Un pont se brise le 27 novembre, entraînant dans les flots un grand nombre de grognards. Il est réparé dans la soirée par les pontonniers qui se jettent dans les eaux glacées. Au matin du 29 novembre, Eblé, qui voit les Russes approcher, met le feu à ses ouvrages. Des milliers de traînards se noient en tentant d‚échapper à l‚ennemi. Parmi eux des femmes et des enfants. Napoléon a encore 25.000 combattants et 30.000 non-combattants. 20.000 retrouveront leurs foyers... On évalue à 50.000 le nombre de prisonniers et de déserteurs qui feront souche en Russie. Une grande partie des pontonniers ont péri de froid dans l'eau glaciale de la Bérézina. Aucun ne survivra à la retraite et Eblé lui-même mourra d'épuisement à Königsberg.
Histoire d'un jour (liste de diffusion sur
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La guillotine
Le 28 novembre 1789, le docteur Joseph Guillotin et le chirurgien Antoine Louis présentent une machine destinée à la décapitation des condamnés.
Inspirée d'un dispositif déjà connu en Italie, elle assure selon ses promoteurs une mort sans souffrance à la différence de la pendaison, de la décapitation à la hache ou à l'épée, de la roue ou, pire, de l'écartèlement.
Selon le docteur Guillotin, député du Tiers Etat de Paris à l'Assemblée constituante, elle doit aussi introduire l'égalité de tous les citoyens face à la peine capitale. «Les délits du même genre seront punis par le même genre de peine, quels que soient le rang et l'état du coupable», écrit-il dans un projet de loi.
Le 6 octobre 1791, une loi édicte que «tout condamné à mort aura la tête tranchée». Dans la foulée, l'Assemblée législative demande au docteur Guillotin et au chirurgien Louis d'améliorer la machine à couper les têtes.
Antoine Louis remplace le couperet en forme de croissant par un couperet en forme de trapèze. L'idée lui serait venue du roi Louis XVI, habile serrurier de son état. Un voleur de grand chemin en fera les frais pour la première fois le 25 avril 1792.
Pendant la Grande Terreur, en 1793 et 1794, près de 20.000 innocents auront aussi à la connaître.
Baptisée «guillotine» (de préférence à «louisette» ou «louison»!), la machine sera surnommée «La Veuve» dans l'argot des rues. Elle recueillera en France un vif succès jusqu'au 10 septembre 1977, date de la dernière exécution.
Histoire d'un jour (liste de diffusion sur Internet)