ABBÉ LUCIEN JACQUES
NOCES D'OR 2 juillet 1989

Si aujourd'hui le village de Brandeville ne compte plus que 175 habitants, il fut un temps, vers 1850 il y avait jusque 1127 habitants, mais depuis cette date la population diminue d'année en année pour arriver en 1912 à 646 âmes, le 8 juin de cette année, un habitant de plus au village. En effet, le petit Lucien venait égayer le foyer de Bertin Jacques et Gabrièle Adeline.
Lucien est baptisé le 23 juin par le curé de la paroisse M. l'Abbé Vauthier. Vite Lucien grandit auprès de sa sœur Cécile de 4 ans son aînée ; et puis l'heure de la classe arrive, le petit écolier est studieux, intrépide, mais bon élève et très tôt Lucien devient l'enfant de chœur du très regretté Abbé Vauthier, les leçons de catéchisme sont toujours bien apprises et récitées d'une façon si profonde que bien vite le père Vauthier remarque le jeune gamin avait en lui une attention toute particulière.
Lucien vous faites votre première communion le 1er mai 1921, votre communion solennelle le 10 juin 1923 et le 19 juin à Damvillers vous recevez le sacrement de confirmation des mains de Monseigneur Ginesty. Vers les années 25 pensionnaire à l'école libre St Louis de Bar le Duc, vous avez un talent de poète et doué d'une intelligence remarquable. Vous entrez au petit séminaire de Glorieux pour une durée de 6 ans, ce qui fait la grande joie de vos parents, car vous avez une foi que vous avez héritée de vos chers parents et Grands-parents qu'ils ont courageusement conservés au début de ce siècle où il était si difficile de se montrer chrétien.Les études au petit séminaire sont très agréables, on y rencontre de bons moments tels que l'enterrement du Rabas au Noël 34, comme l'atteste ces quelques photos. Le service militaire de 18 mois vient interrompre vos études et à votre retour de l'armée vous entrez au grand séminaire d'Amiens. vous recevez le sous-diaconat le 25 mars 1939 et ensuite le diaconat. Mais, hélas subitement votre Papa est atteint d'une pleurésie et rapidement la mort l'emporte le 3 avril 39 à l'âge de 62 ans. Quelle peine pour votre famille et pour vous même . Un père qui se faisait une joie de la réussite de son fils. Le 29 juin 1939, vous êtes ordonné prêtre des mains de son Excellence Monseigneur Martin et vous célébrez votre première messe à Brandeville le 4 juillet entouré de votre famille et amis. Nommé vicaire à Amiens, le 3 septembre 1939, c'est la déclaration de guerre, vous êtes mobilisé et hélas comme tant d'autres vous êtes fait prisonnier de l'ennemi et vous prenez la direction de l'Allemagne. En juin 1943, sans trop savoir pourquoi, vous faites partie du train de libérables pour prendre la direction de Compiègne. Après avoir rempli toutes les formalités de libération, le 19 juin vous redécouvrez votre village, ce charmant village lorrain, vous retrouvez votre Maman, une maman ridée des souffrances de la guerre, de la séparation de son fils et de son gendre.
Le premier septembre 1943, vous quittez Brandeville pour Abbeville où vous êtes nommé vicaire de la paroisse St Sépulcre pour une durée de trois ans. Ensuite on vous attribue successivement les paroisses de St Blimand, Bôves, Mons en Chaussée. Le 31 janvier 1959, vous assistez à l'agonie de votre Maman. On vous attribue les paroisses de Athies et aussi Péronne.
La maladie vous frappe et ensuite vous ête victime d' un accident avec diverses fractures. Il faut surmonter toutes ces épreuves et vous y parvenez. On vous nomme à Amien en qualité d'Aumonier de la Maison de retraite et aujourd'hui vous êtes en retraite à Abbeville. Partout où vous avez exercé, vous étiez aimé et estimé, partout vous n'avez laissé que des regrets. Vous étiez un prédicateur né, vos beaux et longs sermonts on toujours et sont encore très écoutés avec attention. Chaque année, vous revenez dans votre pays natal, mais hélas pour vous, la rue d'Argonne est triste. Des demeures où il faisait bon vivre, les portes sont fermées, les volets sont clos. Le cœur serré, vous prenez le chemin de la grand ruelle et vous vous recueillez au pied de ceux qui reposent dans un sommeil profond. Si le programme que l'homme se choisit a des variantes au cours des ans, l'horloge, elle, n'arrête pas son rythme et le cadran sur lequel se balancent sans arrêt deux aiguilles, ces aiguilles qui marquent des minutes puis des heures qui s'égrainent au fil des jours et qui nous conduisent bien vite à l'heure de la retraite.
Aujourd'hui cher Abbé Jacques, cette horloge vous amène à vos cinquante ans de vie sacerdotale, un demi-siècle passé au service de Dieu de son peuple. Quelle jolie carrière, et quelle joie pour vous de retrouver ce cher Brandeville, blotti dans un cadre de forêts aux essences multiples et aux diverses découpes de son feuillage . Vous retrouvez l'église de votre baptême, l'église où tour à tour vos aïeux ont passé. Vous retrouvez votre maison natale, la rue de vos premiers pas, mais vous retrouvez aussi votre famille et vos amis. Tous ici, confrère, parent et amis nous vous souhaitons encore de longs jours au service de Dieu et de tous, que votre retraite soit longue, paisible et agréable auprès d'un récepteur de télévision que nous tous ici présent avons eu le plaisir de vous offrir. Mais avant de repartir pour cette Somme qui vous est chère, boire un bon verre d'eau de la fontaine l'Âne, c'est emporter un peu de Brandeville avec soi.
Michel FALLET

NOCES D'OR
I
Je te salue, heureux, en ce jour vénéré,
Belle église de mon Baptème!
Chaque étape de ta vie fut, ici, consacrée
Devant le seigneur qui nous aime.
II
Je reçus le Seigneur pour la première fois
Au jour radieux de mon enfance :
La communion fut de ferveur et de joie,
De ferveur, de reconnaissance.
III
Prètre, je fus heureux de monter à l'autel,
Au jour de ma première messe.
En cet instant, je pus rencontrer l'Éternel,
Lui qui "réjouit ma jeunesse "
IV
Je pense aux jours de deuil, à la mort de nos bien-aimés
Je me souviens des chants, de nos simples prières
Montant vers le seigneur de nos cœurs abîmés,
Espérant en l'amour du Père
V
Tu as daigné, Seigneur, en ta grande Bonté,
Me conduire au cinquantenaire
De mon ordination, joyeusement chantée
Par l'assistance populaire.
VI
Daigne bénie, mon Dieu, tous ceux qui ont voulu
Préparer cette grande fête
Pour ton Honneur et pour que tu sois mieux connu:
Qu'à toi tout homme se soumette!
VII
Que le reste de ma vie, même mes derniers jours
Servent à ta sainte Louange;
À te remercier de ton immense Amour;
Puis te chanter avec les Anges.
Abbeville, le 10 juillet 1989.
Lucien Jacques
Portrait de Lucien Jacques


Textes de l'abbé Lucien Jacques sur la bataille de Brandeville et sur la garnison de Montmédy

Poésie composée à l'occasion de la restauration du calvaire qui domine Brandeville

Poésie Sur le calvaire de la rue d'Argonne

Poésie sur sa maison natale

Poésie sur la village de Brandeville


Livret sur le village de Brandeville - Texte complet